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Marché de l’emploi: le développement de l’intermédiation s’impose

Le gouvernement est appelé à mieux faire au niveau de l’intermédiation en matière d’emploi. Le besoin se fait sentir de revoir et renforcer les missions de l’ANAPEC pour favoriser l’insertion professionnelle et mettre fin à la précarité de l’emploi.

En ces temps marqués par les répercussions de la crise sanitaire sur le marché du travail, le développement de l’intermédiation devient un enjeu de taille. Les efforts déployés jusque-là sont jugés insuffisants par rapports à l’ampleur des besoins et des spécificités du marché du travail marocain. L’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC) est en effet souvent pointée du doigt et son bilan est jugé en deçà des défis de lutte contre le chômage et d’insertion des jeunes.

Le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Amkraz, a été interpellé sur cette question à plusieurs reprises au Parlement. De nombreux parlementaires estiment, en effet, que la mise en œuvre des différents programmes chapeautés par l’agence est en deçà des aspirations et ne permet pas d’agir sur le chômage dont le taux atteint des records en cette conjoncture de pandémie. Les critiques concernent notamment le manque de contrôle en ce qui concerne particulièrement les contrats d’insertion «Idmaj».

Ce programme, rappelons-le, a été longtemps critiqué en raison de la précarité de l’emploi qu’il génère. Pour résoudre partiellement cette problématique due aux pratiques de certaines entreprises, la loi sur le contrat d’insertion a été rectifiée via l’introduction de plusieurs mesures (couverture médicale pendant 24 mois, durée de stage ne dépassant pas 24 mois, engagement de l’entreprise à recruter au moins 60% des stagiaires). En dépit de ces réajustements, le programme continue de susciter des critiques acerbes quant à sa mise en œuvre.

Pas plus tard que la semaine dernière, le groupe parlementaire de l’Union marocaine du travail (UMT) à la Chambre des conseillers a épinglé le gouvernement sur ce dossier, soulignant que les contrats Idmaj «ne sont qu’un moyen permettant aux entreprises de violer les dispositions du Code du travail, en l’absence de contrôle et d’inspection par l’agence».

Une accusation que Mohamed Amkraz balaie d’un revers de main, estimant que l’ANAPEC a pu atteindre l’ensemble des objectifs tracés, notamment au niveau du programme Idmaj qui a permis, de 2018 à 2020, l’insertion de 287.486 bénéficiaires. Une affirmation visiblement loin d’être convaincante pour l’opposition qui n’hésite pas à dégainer et à tirer sur l’Exécutif sur le dossier de l’emploi. Le gouvernement est appelé à changer d’approche en vue de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et moins jeunes, est-il recommandé, et ce, à commencer par une évaluation objective du rôle de l’unique institution publique chargée de l’intermédiation.

À cet égard, le verdict de la mission parlementaire exploratoire chargée de l’évaluation de la situation de l’ANAPEC et ses différentes prestations fournies pour la création de l’emploi et de l’intégration professionnelle est très attendu. Les députés de la Commission des secteurs sociaux n’ont pas encore livré les conclusions de cette mission qui a été entamée en 2018, puis relancée en 2019. Ils ont visité plusieurs agences régionales en vue de faire le point sur les actions de l’agence et leur impact sur l’insertion professionnelle. D’après une source interne, nombre de lacunes sont à combler pour promouvoir le rôle de l’ANAPEC et lui permettre de contribuer activement à la lutte contre le chômage, comme espéré. Il parait clairement que le développement de nouveaux mécanismes d’intermédiation s’impose.

Le gouvernement est appelé à accélérer la révision du système pour mettre en place, comme escompté, un dispositif global et intégré mobilisant le service public et les secteurs privé et associatif, dans lequel l’ANAPEC pourrait avoir un rôle d’animateur technique. Par ailleurs, d’aucuns soulignent qu’il ne faut pas se faire d’illusions : le système d’intermédiation ne peut être efficace sans une approche globale et intégrée de la question de l’emploi alliant le développement économique, l’enseignement et la formation professionnelle ainsi que la législation du travail.
L’observation continue et pertinente de l’emploi et de la formation s’avèrent aussi on ne peut plus nécessaire.

ANAPEC : comment renforcer l’action de proximité ?

Pour le ministre de tutelle, de grands efforts ont été déployés pour accompagner l’ANAPEC dans l’implémentation de ses plans visant à renforcer la proximité et développer des services de qualité destinés aux demandeurs d’emploi et aux employeurs. Un grand intérêt est aussi accordé aux partenariats territoriaux et institutionnels pour trouver de nouvelles débouchées, à même de renforcer les chances des chercheurs d’emploi et d’accompagner ceux qui veulent se lancer dans l’auto-entrepreneuriat.

Dans ce contexte, les efforts se poursuivent pour développer et étendre des services et des mesures ciblant différents catégories, selon le ministre, allusion faite à la population rurale, les immigrés en situation légale, les femmes en situation de vulnérabilité et les personnes handicapées. Il s’agit aussi de la création d’une agence dans l’ensemble des universités et du parachèvement de la couverture de toutes les régions et provinces en ouvrant des agences régionales afin de permettre à l’ANAPEC de mieux suivre le rythme de la régionalisation de l’emploi et de renforcer la politique de proximité.

S’ajoute à cela l’ouverture d’espaces opérationnels dans le monde rural, en plus de l’acquisition d’agences mobiles pour améliorer l’employabilité et rapprocher les différents services de ceux qui recherchent du travail dans les zones rurales. Ces mesures, ainsi que les politiques sectorielles et autres initiatives locales et régionales visant à créer des opportunités d’emploi et à soutenir l’emploi des jeunes, ont contribué, d’après Amkraz, à obtenir des résultats encourageants en termes de renforcement des chances d’insertion professionnelle des jeunes dans les différentes provinces du pays par le biais soit d’emplois salariés, soit de créations d’entreprises.

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco



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