Le trait d’union entre décision et action
De grandes attentes sont nourries dans le sommet planétaire sur le climat qui s’ouvre aujourd’hui à Marrakech en présence des représentants de 196 pays. Tous les éléments sont visiblement mis en place pour réussir cette grand-messe qui accueillera des invités triés sur le volet.
La COP22 est une étape importante pour tracer la voie de la concrétisation des engagements pris l’année dernière à Paris. La présidence marocaine compte agir sur quatre fronts : la mobilisation des financements, l’adaptation, le transfert des technologies et le renforcement des compétences. Cet évènement planétaire devra être le trait d’union entre décision et action, comme le souligne le président de la COP22 Salaheddine Mezouar. En effet, l’heure est à la mise en œuvre concrète de l’accord de Paris qui vient d’entrer en vigueur en un temps record. Cette rapidité s’explique en grande partie par la ratification conjointe début septembre des deux premiers pollueurs de la planète : la Chine et les Etats-Unis.
Grâce à cette entrée en vigueur éclair, la première Conférence des parties à l’Accord de Paris (CMA1) sera tenue dans la cité ocre en vue de prendre des décisions concernant l’Accord de Paris. Elle devra réunir tous les pays ayant ratifié l’accord. Le travail pour élaborer les règles d’application devra, ainsi, s’accélérer pour que les principes adoptés à Paris soient mis en application.
En tant que président de la COP, le Maroc fera preuve de neutralité positive en essayant autant que faire se peut de rapprocher les points de vue divergents des pays et des coalitions. Cette mission ne sera pas facile en raison des priorités des uns et des autres. Il faut dire que les intérêts des pays du Sud ne sont pas les mêmes que ceux des pays du Nord et des pays pétroliers. L’Afrique compte peser de tout son poids lors des négociations. Une grande responsabilité incombe aux pays industrialisés pour entamer la mise en œuvre de leurs engagements à commencer par le financement. La concrétisation des objectifs escomptés passe par la mobilisation des 100 milliards de dollars annuels que les pays du Nord doivent verser à ceux du Sud à partir de 2020 pour faire face aux impacts du changement climatique. La publication de la feuille de route des financements envisagés par les pays développés en amont de la COP22 incite à l’optimisme. Elle témoigne de la mobilisation et de la volonté des pays développés de respecter leurs engagements ayant trait aux montants de financement qui devraient être mobilisés en 2020.
Le défi est de pouvoir dépasser la cible des 100 milliards de dollars en vue de relever l’enjeu de l’adaptation aux changements climatiques. A Marrakech, le Maroc sera le porte-voix des pays vulnérables et à leur tête l’Afrique, la grande oubliée des négociations ainsi que les petits Etats insulaires menacés de disparition. Le débat est certes dépassé sur la responsabilité des pays développés dans le réchauffement climatique de la planète. Mais, il a le mérite d’avoir permis au cours des dernières années de mettre l’accent sur la responsabilité commune mais différenciée dans la lutte contre les changements climatiques. A cet égard, l’accompagnement des pays en développement s’avère une nécessité pour mettre en œuvre des projets dans divers secteurs. Le Maroc porte, à titre d’exemple, l’initiative triple A (adaptation de l’agriculture africaine) en vue de trouver des solutions pragmatiques au développement du secteur dans le continent.