La sécheresse au Maroc profite aux agriculteurs espagnols
La filière agricole espagnole scrute le ciel…marocain! Les producteurs de la région d’Almeria, la grande concurrente du royaume en matière de production maraîchère et fruitière, gèrent leur campagne agricole en suivant les conditions météorologiques au Maroc. Selon les données fournies par l’Observatoire andalou des prix, les ventes de fruits et légumes marocains à l’adresse du marché européen ont connu un recul considérable en novembre, et ce en comparaison avec la campagne précédente. Ce recul des exportations nationales concerne principalement les courgettes, poivrons, aubergines et tomates. D’après les professionnels espagnols, la courgette serait la plus affectée par cette dégringolade. Les expéditions nationales de courgettes dépassent à peine la moitié du contingent, fixé à 56.000 tonnes.
La filière espagnole a vite surfé sur ce vide laissé par sa rivale marocaine, pour augmenter le prix de vente de la courgette sur le marché communautaire. Les exportateurs d’Almeria, surnommée «le potager de l’Europe», ont commercialisé leur production de courgettes en appliquant une hausse de 37% durant la période allant du 6 au 30 novembre dernier. Outre la courgette, la hausse des prix de vente a concerné presque tous les produits agricoles où la production marocaine concurrençait celle espagnole. En ce qui concerne la tomate par exemple, ce secteur a connu une baisse générale des exportations destinées à l’Europe. Ce recul concerne aussi bien le marché espagnol que marocain ainsi que le reste des marchés concurrents, selon les statiques de l’observatoire des prix et des marchés du ministère régional andalou de l’agriculture. Grâce à l’absence de la concurrence marocaine, la filière d’Almeria a pu écouler sa production à des prix assez élevés, en comparaison avec les valeurs pratiquées lors des précédentes campagnes.
En effet, la hausse a oscillé entre 48% et 25,2%, selon la variété commercialisée. La chance a aussi souri aux exportateurs d’aubergines qui ont vu leur recettes grimper de 27%, ainsi que ceux de concombre (+56% durant les 46 et 47e semaines). Toutefois, le jackpot a été remporté par les producteurs de haricots verts. Ce légume, dont le royaume est considéré comme le producteur leader sur le marché européen -au point que certains producteurs espagnols ont abandonné l’idée de le commercialiser- a été vendu à 3 euros le kilo! «À l’instar de ce qui se passe dans les marchés globalisés, le malheur des uns devient la chance du reste des concurrents directs. Et ce qui se passe actuellement avec la filière d’Almeria», souligne le journal digital www.lavozdealmeria.es. Certes, cette région andalouse souffre également de la sécheresse et de la rareté des ressources hydriques, mais pas autant que le royaume.