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Internationalisation des diplômes : un enjeu stratégique pour la compétitivité

À une époque où l’éducation évolue pour répondre aux exigences du marché de l’emploi, l’internationalisation des diplômes se positionne comme un levier stratégique pour le Maroc. Cette dynamique, qui favorise la reconnaissance internationale des qualifications, la mobilité des étudiants et les partenariats avec des institutions étrangères, ambitionne de renforcer la compétitivité du pays sur la scène mondiale. Cependant, cette transformation soulève des enjeux cruciaux liés à la qualité de l’enseignement, à l’équité d’accès et à l’adaptation aux normes internationales.

À l’ère des grands changements qui s’opèrent dans différents domaines d’activité, l’évolution de l’enseignement va de pair avec cette mue pour répondre aux exigences du marché de l’emploi. L’internationalisation des diplômes s’est ainsi imposée comme une nouvelle pratique pédagogique. Elle est devenue un axe majeur dans les politiques d’enseignement supérieur à travers le monde, et le Maroc ne déroge pas à la règle.

Cette internationalisation, qui englobe la reconnaissance internationale des diplômes, la mobilité des étudiants et la collaboration avec des établissements étrangers, vise à renforcer la compétitivité du pays sur la scène mondiale. Cependant, elle pose également des défis en matière de qualité, d’équité et d’adaptation aux standards internationaux.

Une démarche en marche
Pour une mise en contexte, l’internationalisation des diplômes au Maroc a connu une progression notable depuis les années 2000. Plusieurs établissements publics et privés ont mis en place des partenariats avec des universités étrangères, permettant ainsi aux étudiants marocains d’accéder à des diplômes à double reconnaissance. Les écoles d’ingénieurs, les facultés de médecine, ainsi que les écoles de commerce sont parmi les pionnières dans cette initiative, grâce à des accords avec des institutions européennes, américaines et même africaines.

Dans le cadre des objectifs de développement durable, le Maroc a lancé une réforme ambitieuse de son système d’enseignement supérieur pour stimuler la productivité et soutenir la croissance économique. Cette réforme vise à redéfinir les missions des universités, à améliorer la qualité de l’enseignement et à renforcer l’internationalisation.  Le programme d’accréditation des formations, impulsé par le ministère de l’Éducation nationale, a permis d’améliorer la qualité des diplômes délivrés et de les aligner sur les normes internationales. En parallèle, des programmes tels que Erasmus+ ont facilité la mobilité des étudiants marocains, en leur offrant des opportunités de formation à l’étranger.

Dans ce sens, le Maroc a intensifié ses partenariats avec des universités et écoles étrangères, permettant à de nombreux établissements d’offrir des diplômes internationaux ou des cursus en collaboration avec des institutions de renommée mondiale. Ces partenariats visent à attirer les étudiants étrangers tout en offrant aux Marocains des opportunités d’études à l’international sans quitter le pays. Des universités marocaines ont ouvert des campus à l’étranger qui sont devenues des vitrines de l’excellence académique avec des standards internationaux. C’est notamment le cas de l’Université Mohammed VI Polytechnique.

Parmi les réformes, figure également le PACTE ESRI 2030, une initiative axée sur la transformation numérique et les partenariats internationaux. Le Maroc a ainsi renforcé son rôle en tant qu’acteur majeur de l’enseignement supérieur dans la région.

L’objectif est de promouvoir une internationalisation inclusive grâce à des programmes adaptés, à la formation des enseignants et à la mise en place de partenariats solides. Une politique publique inclusive est également essentielle pour améliorer la qualité de l’enseignement supérieur dans le pays.

Quel accompagnement ?
Par ailleurs, des programmes de mobilité et de bourses sont mis en place pour encourager la mobilité des étudiants marocains vers des universités étrangères, principalement en Europe, aux États-Unis, et dans certains pays d’Afrique, et vice versa.

En termes d’avantages, la compétitivité arrive en premier lieu. En effet, l’internationalisation permet de doter les étudiants marocains de diplômes reconnus mondialement, augmentant ainsi leur employabilité à l’étranger et sur le marché national. Cela permet également de former une main-d’œuvre qualifiée répondant aux besoins d’un marché de plus en plus globalisé. Renforcer l’attractivité pour les étudiants étrangers n’est pas en reste.

En développant des programmes d’études à dimension internationale, le Maroc devient une destination privilégiée pour les étudiants africains, notamment de l’Afrique subsaharienne, renforçant ainsi son rôle de hub éducatif régional. Quant à la qualité de l’enseignement qui demeure un must, les échanges de pratiques pédagogiques, l’ouverture à des méthodes d’enseignement innovantes et la collaboration entre chercheurs, favorisent davantage l’émergence d’un environnement académique plus performant.

L’internationalisation des diplômes favorise également la coopération scientifique et culturelle entre le Maroc et les autres pays. Cela permet de développer des projets de recherche conjoints, de renforcer les échanges académiques et d’enrichir le capital culturel et intellectuel du pays. In fine, l’internationalisation des diplômes au Maroc est un processus qui reste en pleine expansion, visant à moderniser le système éducatif marocain tout en l’intégrant dans les dynamiques mondiales. Les stratégies mises en place montrent une réelle volonté de développer un enseignement supérieur de qualité, en phase avec les exigences internationales.

Cependant, des défis subsistent, notamment en matière d’adéquation entre l’offre académique et les besoins du marché, ainsi qu’en termes de financement et de gestion des partenariats. Certes, la dynamique est en marche, mais il y a lieu, par ailleurs, d’évoquer la distinction entre les différentes pratiques permettant la valorisation des diplômes marocains. Il s’agit notamment du système d’accréditation, de celui de la double diplomation et de l’équivalence.

Accréditation vs reconnaissance
Concernant la reconnaissance et l’accréditation des diplômes, elle est destinée aux universités et écoles supérieures privées, lesquelles doivent répondre aux normes pédagogiques de l’enseignement supérieur en respectant les critères d’éligibilité fixés par le ministère de tutelle. Toutefois, il existe bien une différence entre accréditation et reconnaissance.

Il faut savoir qu’au Maroc, le secteur compte trois types d’établissements d’enseignement supérieur privés : les établissements autorisés, les établissements accrédités et les établissements reconnus. L’ouverture de chaque école supérieure privée doit être autorisée par le ministère de l’enseignement supérieur. Suite à l’obtention de cette autorisation, l’établissement concerné peut démarrer ses cours.

En revanche, l’accréditation est une attestation de valorisation de la qualité d’une école privée ou de l’une de ses filières. Elle permet d’assurer et de garantir la fiabilité et la crédibilité d’un établissement. L’objectif principal de l’accréditation est de pousser les écoles supérieures privées à établir un service d’enseignement de haut niveau, qui répond aux besoins du marché d’emploi. La reconnaissance est un processus qui assure la qualité et le niveau d’enseignement délivré par un établissement d’enseignement supérieur privé. Elle permet de valoriser les diplômes des établissements privés et les rendent plus reconnus dans le secteur public.

La reconnaissance d’un établissement d’enseignement supérieur privé signifie également que les diplômes délivrés par cet établissement sont équivalents aux diplômes de l’État, ce qui permet aux lauréats de participer aux concours du secteur public, ou encore poursuivre leurs études au sein des établissements publics (par l’organisation des passerelles entre les établissements privés et publics). Cependant, l’accréditation d’une filière est valable pour un certain nombre d’années. Elle peut être retirée, si l’un des critères, sur la base duquel l’accréditation a été délivrée n’est plus respecté.

L’équivalence
L’équivalence n’est valable que pour les diplômes étrangers reconnus par l’État marocain. Pour cela, une procédure digitalisée a été mise en place, en 2023. Dès lors, le nombre de demandes d’équivalence a fortement grimpé, le processus ayant été simplifié.

À noter que l’équivalence offre aux diplômés de l’étranger la possibilité d’intégrer la fonction publique, ce qui rend le dispositif crucial. Ainsi, la plateforme E-equivalence, lancée dans l’objectif de faciliter la démarche, jadis longue, vise à accélérer les démarches des demandes des équivalences de diplômes.

Ainsi, pour mener à bien cette procédure, le ministère de l’Enseignement supérieur a mis à disposition cinq commissions spécialisées dans divers domaines, lesquelles sont hautement qualifiées pour octroyer l’équivalence en s’appuyant sur des critères très précis. Les demandeurs peuvent ainsi saisir directement leurs informations personnelles, les informations relatives aux cursus de formation, de joindre les pièces et documents requis constituants le dossier de demande d’équivalence et de prendre un rendez-vous pour le dépôt du dossier physique.

Cette plateforme donne aussi la possibilité d’accéder à un ensemble de services dont la consultation et le téléchargement de références juridiques en matière d’équivalence des diplômes, ainsi que de s’informer des procédures et formalités administratives et des documents requis pour la demande d’équivalence.

En outre, elle permet de visualiser et de suivre l’état d’avancement du traitement de la demande d’obtention de l’équivalence en temps réel, depuis le stade d’enregistrement et de dépôt de la demande jusqu’à la réception d’une lettre d’approbation ou de rejet.

Double diplomation
A la différence de l’internationalisation, la double diplomation permet certes de bénéficier de deux diplômes délivrés par deux établissements. Néanmoins, elle nécessite une procédure pour obtenir l’équivalence afin de faire valoir le diplôme étranger.

Toutefois, le double diplôme permet à l’étudiant d’acquérir une double compétence, ce qui représente un atout pour une meilleure insertion professionnelle. À noter que ces parcours demeurent prisés. Les profils hybrides témoignent d’une richesse académique et culturelle et d’une grande capacité d’adaptation et sont de plus en plus recherchés par les recruteurs.

Ce concept de délocalisation des diplômes a connu un succès, dans un premier temps auprès des établissements privés. Un avantage compétitif, notamment pour les établissements accrédités par l’État. Mais au fil du temps, la pratique s’est étendue aux universités marocaines qui proposent désormais des doubles diplômes, à telle enseigne que certaines d’entre elles ont lancé des programmes de bourses Master double diplomation avec des partenaires étrangers.

Et le plus souvent en collaboration avec le Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France au Maroc (SCAC). Réaliser un double diplôme est plus fréquent à partir d’un bac+4 dans le but d’obtenir un master ou un MBA.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO


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