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Industrie automobile : Le Maroc ne doit pas rater le train de la croissance mondiale

L’industrie automobile marocaine est bien placée pour améliorer son positionnement par rapport aux pays concurrents. Une étude du cabinet américain IHS recommande d’investir dans le segment des SUV qui semble promis à un bel avenir.

Avec l’arrivée du géant PSA, le Maroc fait désormais partie du cercle fermé des pays, au nombre de 31 seulement, qui fabriquent des moteurs automobiles. Ce n’est pas un hasard si le Maroc se trouve aujourd’hui dans les radars mondiaux de l’industrie automobile. 

Au-delà de la position géographique qui le place entre l’Europe et l’Afrique, ainsi que d’autres points forts intrinsèques (capacités de production importantes, croissance soutenue, inflation maîtrisée, système bancaire solide, stabilité en l’absence de gouvernement, etc.), le Maroc a suffisamment d’atouts pour améliorer son positionnement par rapport aux pays concurrents. Selon une étude menée par le cabinet de recherche et de conseil américain IHS, analysant les risques politiques et sociaux dans le monde, et dont les résultats ont été présentés en début de semaine lors de la rencontre Attijariwafa bank/Amica, le Maroc est classé au 112e rang mondial. Il devance ainsi l’ensemble des pays d’Afrique et du Moyen-Orient, notamment l’Algérie (183e), l’Égypte (194e), la Turquie (190e) et l’Iran (144e). Investir au Maroc, selon la même étude, est moins risqué qu’en Inde (166e) ou bien en Thaïlande (130e).

«Le Maroc est proche des standards des pays européens. Des progrès sensibles ont été réalisés. Il faudra continuer», souligne Michel Jacinto, consultant chez IHS. D’autant plus que l’automobile, ainsi que d’autres activités industrielles, s’exportent suffisamment bien (textile, plasturgie, chimie, alimentaire, électronique, etc.). Les prévisionnistes du cabinet IHS s’attendent à un net ralentissement de la croissance de la production automobile mondiale, passant de 94 millions de véhicules en 2016 à 109 millions en 2024, soit une croissance annuelle moyenne de 2,6% (contre 6,6% durant la période 2009-2016). La Chine et les pays du Sud de l’Asie produiront 70% des 15,7 millions d’unités additionnelles prévues à l’horizon 2024. Dans l’étude d’IHS, le Maroc fait partie de la région Moyen-Orient/Afrique à laquelle le cabinet américain affecte une part additionnelle d’un million de véhicules. «Il va falloir jouer des coudes avec la concurrence et miser sur la proximité avec les grands sites de production automobile en Europe.

En effet, 27 usines, avec un volume total de production de 6,5 millions de véhicules, sont implantées en Europe du Sud et restent accessibles en moins de trois jours», insiste Michel Jacinto. Ce dernier invite les Marocains à s’inspirer du modèle mexicain des clusters et à optimiser la théorie de Michael Porter en maîtrisant les forces qui structurent l’environnement concurrentiel. Il s’agit de créer de la valeur tout au long de la chaîne de valeur, depuis les études de marché et la recherche fondamentale jusqu’à l’après-vente.

L’étude d’IHS met en relief les changements majeurs impactant l’environnement de l’industrie automobile, s’agissant à la fois de la consommation (ventes auto sur Internet, cycles de vie courts), de l’économie (crises économiques, volatilité du prix du pétrole), de l’urbanisation (embouteillages, transports publics) ou encore de la législation (taxations basées sur les émissions de CO2). Tous les analystes sont unanimes: l’industrie automobile marocaine a un bel avenir devant elle. Au moment où le marché en Europe de l’Ouest commence à montrer des signes de saturation, le cabinet IHS s’attend à une forte croissance des Sport Utilities Vehicles (SUV), des segments B- et C-, et ce au détriment des silhouettes 5 portes. «Le Maroc peut accueillir des investissements dans les vans à usage professionnel ou destinés au transport de personnes qui auront une part de marché significative», prévoit le cabinet US.


Ce ne sont pas les RH qui manquent

L’effervescence de l’industrie automobile marocaine n’aurait pas été possible sans l’existence de ressources humaines suffisamment formées pour répondre aux exigences des grands constructeurs mondiaux. L’écosystème automobile du PAI devrait générer 90.000 nouveaux emplois à l’horizon 2020 et l’on sait d’ores et déjà que ce chiffre sera atteint dès 2018, comme l’ont maintes fois souligné les responsables de l’Amica. Il faut dire que l’État a tout mis en oeuvre pour accompagner cet élan; le montant de la subvention à la formation, qui atteint 60.000 DH par ingénieur, 45.000 DH par technicien et 20.000 DH par opérateur pour ne citer qu’elle. «Techniciens, ingénieurs, ouvriers, tous les profils dont le Maroc aura besoin ont été identifiés, avec des délais précis, ce qui a permis de définir les modules de formations nécessaires. Grâce à l’OFPPT, nous n’avons aucune crainte quant à la disponibilité des ressources humaines», souligne Tajeddine Bennis, président de la branche industrielle au sein de l’Amica. «Au niveau de l’Institut de formation aux métiers de l’industrie automobile (IFMIA), nous avons formé plus de 16.000 collaborateurs. Une soixantaine de cadres marocains assurent aujourd’hui de hautes fonctions à Renault Worldwide en France, en Turquie, en Inde, en Égypte, etc. C’est vous dire que le Maroc a commencé à exporter ses compétences dans l’industrie automobile», soutient Abdelaziz Mouhajir, DRH chez Renault Maroc. Si la qualité de la technicité des RH marocaines est indéniable, il reste encore beaucoup à faire sur le terrain «psychologique» car, comme l’a si bien rappelé le DG de Dolidol, Jalil Skali, des notions industrielles comme le coût/seconde ont du mal à être intégrées à la culture d’entreprise marocaine.


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