Forum des jeunes leaders. “Transmettre, c’est aller plus loin”

La 4e édition du Forum euro-méditerranéen des jeunes leaders a permis de rassembler des jeunes de la Méditerranée autour de thèmes sur la transmission et sur son pouvoir. À Essaouira, ces futurs leaders de demain se sont inspirés de parcours d’intervenants de qualité.

Se rassembler autour de la transmission à Essaouira prend tout son sens. À Dar Souiri, du 5 au 7 octobre, des personnalités du monde entier sont venues à la rencontre d’une jeunesse avide de savoir lors de la 4e édition du Forum euro-méditerranéen des jeunes leaders autour du thème : «Réinventer la transmission, un défi du monde contemporain». Organisé en collaboration avec la Fondation Anna Lindh, les associations Marocains pluriels et Essaouira-Mogador et plus récemment la Fondation Sekkat et la Société Générale, le forum est parrainé par André Azoulay, conseiller de Mohammed VI et d’Elisabeth Guigou, présidente de la Fondation Anna Lindh. «Le thème fait miroir à ces défis auxquels nous sommes confrontés. Nous n’avons plus le droit d’être amnésiques. Essaouira a fait le choix il y a longtemps de ne plus être amnésique», indique le conseiller du roi et le président de l’Association Mogador. «Cela fait 27 ans que nous tapons sur le même socle, il faut que le monde sache notre ADN, que nous en soyons fiers. Les Souiris se sont appropriés cette volonté et ils ont cette volonté de l’afficher ! La diversité qui fait la vraie unité, espace de résistance. C’est un engagement militant. Dire non à la fracture, à l’islamophobie, à l’antisémitisme. Aujourd’hui la nécessité c’est de le dire aux autres. Nous n’avons pas le droit aujourd’hui, avec ce retour à l’âge de pierre, nous sommes responsables de cette transmission, de cet héritage. Nous sommes responsables de cet enracinement dans la diversité», poursuit André Azoulay dans un discours d’ouverture inspiré. D’ailleurs, la première table ronde a donné le ton à une 4e édition qui su tenir toutes ses promesses.

Essaouira, ville de mémoire et de transmission
Le thème de ce forum a été l’occasion de mettre en lumière l’inauguration d’un édifice historique entièrement restauré : Bayt Al Dakyra (la Maison de la mémoire). «Ce lieu emblématique, avoisinant la synagogue Slat Attia, se définit comme un espace de partage d’une mémoire commune et témoigne du passé judéo-musulman de la ville d’Essaouira», précise le conseiller du roi. Il abrite ainsi un centre de recherche international «Haïm Zafrani», dédié au dialogue inter-religieux. «C’est une ville où on entend les cloches sonner le dimanche dans un pays musulman», confie Driss Jaydane, philosophe et journaliste. «Transmettre, c’est aller plus loin et pour aller plus loin il faut venir quelque part», continue le philosophe qui raconte un dîner avec son maître pour expliquer le pouvoir de la transmission. «Longtemps, la transmission a été verticale, valeurs , principes, connaissances, venaient du haut vers le bas : parents-enfants, ceux qui détiennent la connaissance et ceux qui la demandent. Aujourd’hui, la transmission est devenue horizontale. On assiste à une démocratisation de l’information», précise Hind Taarji avant de continuer sur l’importance de la transmission : «C’est une question majeure et qui soulève des enjeux majeurs, c’est à travers la transmission que l’on se forge que l’on devient citoyen. Cette transmission est essentielle». Face à cela, le constat est clair pour Lionel Naccache, neurologue, spécialiste des neurosciences cognitives, Mohamed Zakariae El Khdime de VUL 9 Security solutions et Rémi Banet, journaliste à la cellule réseaux sociaux et vérification de l’AFP : «Actuellement, on a ce besoin de plus en plus pressant de vérifier la véracité d’une information et de s’assurer qu’elle est bonne. Nous sommes face à un paradoxe parce que, d’une part, on se trouve très vite perdus devant ce flux d’informations, entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Et d’autre part, il y a cette facilité d’accès à l’information». Plus de 200 jeunes venus d’Algérie, Tunisie, Palestine, Jordanie ont échangé sur des thèmes importants, ont discuté ouvertement sur les questions qui fâchent, sur l’actualité, la religion, les conflits tout en dépassant les préjugés, les a priori, les histoires et le vécu de chacun.