Financement. Le manque de liquidité des banques s’accentue
Selon la revue mensuelle de conjoncture de Bank Al Maghrib, les établissements bancaires étaient en manque de liquidité, en juillet dernier. Leurs besoins ont atteint 81 MMDH en moyenne hebdomadaire, contre 68,5 MMDH un mois auparavant. La banque centrale a dû injecter 102 MMDH pour leur permettre de faire face aux retraits et demandes de crédits des ménages, montés en flèche durant l’Aïd El Kébir. Les détails.
La banque centrale a publié récemment sa revue mensuelle de conjoncture au titre du mois de juillet 2021. Il en ressort que les banques et sociétés de financement ont connu un manque aigu de liquidité au cours de cette période. Leurs besoins ont atteint, en effet, 81 milliards de dirhams (MMDH) en moyenne hebdomadaire, contre 68,5 en juin 2021, soit une hausse de près de 20%.
Dans ce contexte, la banque centrale a dû injecter 102 MMDH pour leur permettre de faire face aux retraits et demandes de crédit des ménages qui ont grimpé en flèche en raison de l’Aïd El Kébir.«En effet, cette évolution a été principalement induite par la hausse de la circulation fiduciaire à l’occasion de l’Aïd. Le transfert d’argent liquide des villes vers les campagnes a atteint près de 15 MMDH», est-il précisé. En tous cas, cela a suffi pour faire «vaciller» quelque peu le système bancaire, déjà fragilisé par la crise sanitaire, qui a occasionné une récession économique, sans précédent, l’année dernière, et une reprise économique laborieuse.
BAM a dû activer plusieurs leviers
Pour aider les banques à faire face à la hausse de leurs besoins en liquidité, Bank Al Maghrib (BAM) a dû activer plusieurs leviers de financement destinés à accroitre le volume de ses opérations d’injection de liquidités. Elle est ainsi intervenue à travers les avances à 7 jours sur appels d’offre, dont le volume s’est élevé à 49,1 MMDH, et a procédé à des opérations de pension livrée pour un montant de 24,7 MMDH. BAM est, en outre, intervenue via les opérations de prêts garantis à 1 an, au titre du programme de soutien au financement des TPME, dont le montant moyen a atteint 28,1 MMDH.
Ce n’est pas tout, grâce au niveau du taux interbancaire pondéré au jour le jour (TIMPJJ), demeuré en moyenne à 1,5%, le volume des transactions interbancaires s’est situé à 3,7 MMDH, contre 5,5 un mois auparavant. Concernant les taux débiteurs, les résultats de l’enquête de BAM auprès des banques, relatifs au deuxième trimestre 2021, indiquent une baisse trimestrielle de 13 points de base du taux moyen global, à 4,32%. Par secteur institutionnel, les taux des prêts aux particuliers sont restés stables à 5,19%, avec un accroissement de 14 points des taux appliqués aux crédits à la consommation et une baisse de 7 points de ceux relatifs à l’habitat. Quant aux prêts aux entreprises, leurs taux ont reculé de 19 points, avec une baisse de 18 points pour ceux accordés aux grandes entreprises et 6 pour ceux octroyés aux TPME. Ces différents facteurs ont, sans nul doute, contribué à aider les banques à faire face à leur manque de liquidité en juillet dernier.
Les crédits bancaires en hausse de 3,7%
En attendant d’avoir les chiffres sur les décaissements opérés et les crédits accordés en juillet 2021, il faut noter que le crédit bancaire a, globalement, enregistré une hausse de 3,7% en juin dernier, contre 2,5% au mois de mai, reflétant une accélération de 2,9% à 4,1% de la progression des crédits destinés au secteur non financier, et de 0,3% à 1,2% pour ceux réservés aux secteur financier.
Par secteur institutionnel, le crédit aux entreprises non financières privées a augmenté de 4,2%, contre 1,8%, suite à l’accélération de 5,5% à 9,5% du rythme d’accroissement des facilités de trésorerie et l’atténuation de la baisse de 5,4% à 1,9% des prêts à l’équipement. Pour leur part, les concours aux entreprises publiques ont connu une diminution de 9,8%, après celle de 11%, recouvrant une augmentation de 13,2% des facilités de trésorerie, après une baisse de 11%, et une contraction de 14,3% des prêts à l’équipement.
Quant aux prêts aux ménages, leur taux de progression est resté quasi-stable à 5,8%, avec, notamment, une accélération de 6,8% à 7,1% pour les crédits à l’habitat et une augmentation de 1,7% pour ceux à la consommation, soit la première hausse enregistrée depuis avril 2020. Par branche d’activité, les données trimestrielles du mois de juillet 2021 indiquent une augmentation de 4,6% des crédits destinés au secteur «bâtiment et travaux publics», après un repli de 0,6%, et une accélération de 1,2% à 11% pour ceux accordés aux «industries chimiques et para-chimiques».
En revanche, les rythmes de progression des concours aux entreprises des branches «industries alimentaires et tabac», «industries textiles, de l’habillement et du cuir» ont décéléré de 12,5% à 9% et de 19,2% à 13,9%, respectivement. Pour ce qui est des prêts octroyés par les sociétés financières, autres que les banques, au secteur non financier, ils ont augmenté de 0,5%, après un recul de 1% un trimestre auparavant. Cette évolution recouvre, notamment, une accélération de 0,5% à 3,7% pour les crédits accordés par les sociétés de financement et une accentuation de la baisse de 10,1% à 26,7% pour ceux distribués par les banques offshore.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO