Éco-Business

Financement : le maillon faible de la transition énergétique

Si le financement des projets d’efficacité énergétique ne pose pas trop problème, ceux des grands projets dans le solaire, l’éolien, ou l’hydraulique requièrent que le Maroc demeure une destination de production attractive, et durablement.

Difficile de trouver du financement pour les projets de transition énergétique au Maroc ! En effet, si ce problème ne se pose pas trop dans l’efficacité énergétique, il n’en est pas de même pour les projets de construction de centrales de production d’électricité à partir de sources solaire, éolienne ou hydraulique. Dans l’efficacité énergétique, les projets sont moins capitalistiques et le retour sur investissement est très rapide, puisqu’il tourne en moyenne autour de 5 à 6 ans. C’est-à-dire exactement la même durée qu’un investissement classique de démarrage d’un business, comme par exemple la construction d’une usine. Ainsi, il a suffi que la voie soit montrée aux banques locales pour que la machine soit lancée. On se rappelle en effet, que c’est le programme MorSEFF (Morocco Sustainable Energy Financing Facility) qui leur a mis le pied à l’étrier. Ce programme de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) a notamment permis d’engager une enveloppe de 110 millions d’euros (environ 1,2 MMDH) pour accompagner 260 projets, en l’espace de 5 ans, soit une moyenne de 46 projets annuellement, qui permettent de réduire les factures énergétiques des intéressés d’une moyenne de 40% chacun. D’ailleurs, c’est en surfant sur le succès retentissant du MorSEFF (Morocco Sustainable Energy Financing Facility) que l’AMEE (Agence marocaine de l’efficacité énergétique), l’AMISOLE(Association marocaine de l’industrie solaire et éolienne) et le Cluster solaire sont parvenus à fédérer, à la fois, les établissements bancaires marocains, plusieurs fonds d’investissement locaux et, pour le moment, un fonds international, autour d’une même cause. Notamment celle de la poursuite de la dynamique de financement des projets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique au Maroc, à travers le lancement du programme «Green Business Booster» qui vise à faciliter aux startups porteuses de projets green (énergies renouvelables : solaire, éolien, hydraulique, biomasse, économie circulaire ; efficacité énergétique) l’accès au financement. Le montant qui lui a été alloué n’a pas été communiqué. Mais son atout repose sur le fait qu’il met des experts à la disposition des startups pour résoudre leurs besoins en matière de montage de dossiers bancables. Ce qui facilite énormément leur accès aux lignes de financement disponibles auprès d’Attijariwafa Bank, de la Banque Populaire, de BMCE Bank of Africa, de la BMCI, du Crédit Agricole, de la Société Générale, de la CCG et de Maroc PME, des institutions financières toutes disposées à s’engager pour accompagner durablement l’émergence de la nouvelle économie au Maroc. Du côté extérieur, le Green Business Booster a également deux partenaires internationaux : l’Union européenne et le fonds international fiduciaire de la Société financière internationale (SFI) financé par l’Allemagne, la Norvège et les Pays-Bas.

Jusqu’à quand le Maroc restera-t-il attractif ?
Dans les projets de construction de centrales de production d’électricité à partir de sources solaire, éolienne ou hydraulique, le financement est moins disponible. Les projets sont très capitalistiques. Ils se chiffrent en milliards de dirhams et leur retour sur investissement dure en moyenne une génération, c’est-à-dire minimum 25 ans. C’est la règle dans ce domaine où pratiquement tous les pays émergents sont engagés. Jusqu’à présent le Maroc s’en sort bien. Les modèles économiques qu’il propose aux investisseurs sont apparemment attractifs. Mais on peut se poser la question de savoir jusqu’à quand cela va durer ?

Beaucoup de retard dans la réalisation de la CDN
D’ailleurs, cette question des difficultés du financement amène à reconsidérer la position du Maroc dans le développement durable en général. Selon la CDG (Caisse de dépôt et de gestion) et l’AFD (Agence française de développement), qui ont récemment présenté le premier panorama des financements climat au Maroc, le rythme des investissements pour le climat est très en deçà des objectifs escomptés. Entre 2011et 2018, le Maroc n’a injecté que 111,5 MMDH dans la lutte contre le changement climatique. Ce qui a amené Abdellatif Zaghnoun, le patron de la CDG à déclarer que «le royaume affiche un gap de 60 MMDH par an dans la mise en œuvre de sa CDN (Contribution nationale déterminée). Selon lui, le Maroc n’a investi que 14 MMDH par an pour la mise en œuvre de sa CDN sur la période 2016-2020, alors que l’objectif fixé est de 74 MMDH par an».

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco



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