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Financement de la recherche: la Trésorerie générale du royaume veut s’impliquer

Encouragée par les initiatives innovantes prises par le privé mais aussi par les laboratoires et centres de recherche universitaires, lors de la pandémie Covid-19, la Trésorerie générale du royaume veut augmenter le volume des investissements dans la recherche. C’est à cet effet qu’elle a organisé un webinaire, en partenariat avec l’Association pour la Fondation internationale de finances publiques, samedi dernier. Les pistes proposées par Noureddine Bensouda.

Le secteur de la recherche va bientôt se doter d’un nouveau partenaire de taille. Il s‘agit de la Trésorerie générale du royaume (TGR). L’équipe de Noureddine Bensouda, Directeur général de la TGR, s’est, en effet, saisie de la question du financement de la recherche dans notre pays en organisant, samedi dernier, un webinaire avec l’Association pour la fondation internationale des finances publiques (Fondafip) sur le thème : « Financement de la recherche au Maroc et en France: quelles perspectives ?». Tout en dressant un benchmark de ce qui se fait dans ce domaine en France, un pays ami et modèle, l’objectif de cette rencontre était surtout de répondre à cette importante question qui préoccupe les hautes autorités de l’Etat : comment faut-il faire pour augmenter le volume des investissements dans la recherche au Maroc ? De l’avis de Noureddine Bensouda, «l’État ne peut pas à lui seul apporter la réponse. Il est donc nécessaire de multiplier les efforts et de faire preuve de créativité pour améliorer le volume des investissements dans la recherche qui sont, à mon sens, la clé de notre avenir». Pour cause, le Maroc n’investit pas beaucoup dans la recherche. Il ne lui consacre que 0,8% de son PIB, ce qui est très faible par rapport à la moyenne mondiale. Alors pour redresser la barre, le patron de la TGR invite le privé à s’impliquer davantage, puisque plusieurs expériences à l’international ont démontré le rôle important que peut jouer le secteur privé pour soutenir la recherche.

Le monde de l’entreprise d’un côté et celui de la recherche de l’autre, peuvent être une relation de symbiose, mutuellement profitable et, par-dessus tout, bénéfique pour le développement de tout pays. Dans ce contexte, le secteur public est appelé à jouer un rôle de catalyseur. Car, même si les travaux de recherche sont réalisés en grande partie par le secteur privé, le secteur public en supporte, généralement, une bonne part de financement, sous différentes formes : subventions, aides directes, avances récupérables, crédit d’impôt, etc.

Mettre en place une aide publique à la recherche
En France par exemple, en 2017, les entreprises ont exécuté près de 65,3% des travaux de recherche et développement. Toutefois, elles ne les ont financés qu’à hauteur de 61%, le solde provenant surtout de l’aide publique à la recherche, issue de la réforme du Crédit d’impôt recherche (CIR). Bensouda recommande d’aller vers ce modèle, notamment pour redresser le Système national de recherche et d’innovation (SNRI) qui, malgré les efforts de coordination, est toujours dominé par le secteur universitaire, qui apporte près de la moitié de la Dépense intérieure brute de recherche et développement (DIRD), devant le secteur privé ou encore de la coopération internationale. Mais le patron de la TGR déclare que cette adoption devra se faire en mettant en place des mécanismes de régulation, notamment une gouvernance forte qui est, à ses yeux, doublement importante. Parce que, d’une part, elle permettra de mettre de la cohérence dans l’effort de recherche et de créer des pôles d’excellence à même de créer un effet de levier sur le développement du pays. Et, d’autre part, cette gouvernance permettra également de rationaliser l’effort de financement et d’avoir le meilleur retour sur investissement possible. Poursuivant ses propos sur les sources de financement de la recherche mobilisables au Maroc, Noureddine Bensouda a aussi pointé la coopération internationale, notamment interuniversitaire. Selon lui, cette source qui permet d’assurer des financements étrangers au profit de la recherche se situe à des niveaux bien en deçà de son vrai potentiel dans notre pays.

En effet, elle ne contribuerait qu’à hauteur de 2,1% environ dans l’effort global de financement de la recherche au Maroc. Et, manifestement, au regard du niveau d’intégration du Maroc dans son environnement mondial, la marge de progression demeure importante. Cela est d’autant plus vrai que les collaborations scientifiques au niveau international ne s’inscrivent pas toujours dans le cadre de programmes financés. En effet, bon nombre de travaux de recherche sont aujourd’hui réalisés en coproduction entre chercheurs de pays différents ; ce qui est un levier important à mettre à contribution pour une meilleure intégration dans les communautés scientifiques et, surtout, pour une meilleure attractivité du Maroc pour les investissements dans la recherche, est-il expliqué.

Tester la piste du crowdfunding
Bensouda pense également que les compétences marocaines à l’étranger pourraient être un potentiel en termes de financement de la recherche. Selon lui, «la crise du Covid nous a montré, s’il en était besoin, que les universités, les instituts de recherche et les laboratoires au niveau mondial comptent d’éminents scientifiques marocains qui occupent des postes de haut niveau de connaissance et de décision. C’est là un gisement à fort potentiel que le Maroc devrait exploiter, aussi bien en termes de sources de financement qu’en termes de transmission du savoir et des connaissances». Ce n’est pas tout! Le patron de la TGR recommande d’explorer de nouvelles pistes, de nouveaux modes de financement qu’il serait utile de mettre à contribution, comme par exemple le crowdfunding. Que ce soit aux États Unis, au Royaume Uni, en France ou partout ailleurs, d’innombrables projets de recherche, médicale en particulier, ont abouti en prenant appui exclusivement sur ce type de financement qui ne cesse de gagner en importance. Des plateformes de crowdfunding, pourraient, ainsi, être dédiées au financement de la recherche, à l’image de celles qui existent déjà dans le domaine de la recherche médicale. La loi 52-18 sur le financement collaboratif pourrait servir de cadre juridique à ce type de montage financier pour les projets de recherche, a-t-il expliqué.

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco



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