Éco-Business

Femme cheffe d’entreprise au Maroc : le point sur les difficultés encourues (VIDEO)

Pour inaugurer son nouveau cycle d’after-works, baptisé «Le Cercle des ECO», Horizon Press a choisi la célébration du 8 mars. Une occasion de faire le point sur la situation de la représentativité féminine dans le tissu économique, et notamment, aux postes de responsabilité, mais aussi de décrypter les freins persistants à l’essor économique des femmes. Quatre dirigeantes d’exception se sont prêtées au jeu. ll s’agit de Abla Benslimane, Directrice des affaires externes chez Philip Morris Maroc (PMI), Meryem Bouazzaoui, Directrice générale de BMCE Capital Gestion, Myriam Lahlou Filali, Directrice générale de Pharma 5 et Lamiae Benmakhlouf, Directrice générale de Technopark (MITC).

À la question: « Quels sont les réels obstacles à l’Entrepreneuriat féminin ? » Abla Benslimane indique que « la culture d’entreprise joue un rôle important, mais la multitude des préjugés anti-féminins réfrènent aussi la montée en puissance des femmes dans le marché du travail», souligne-t-elle. « Souvent, une femme pense qu’elle doit se faire plus discrète au travail, qu’elle ne doit pas se plaindre, ni imposer son point de vue ». Par ailleurs, la question de la parité n’est pas un luxe, ni une priorité propre aux grandes structures, défend la DG de Pharma5.

Elle appuie son constat sur sa propre expérience professionnelle, puisqu’ayant travaillé au sein du groupe LVMH en France, elle souligne que «même sous d’autres cieux, l’on ressent cette infériorité. Chez nous, ce qui me frappe le plus, c’est qu’au moment d’évoluer, les femmes se sentent coupables car risquant de prendre la place de l’homme, chef de famille, et donc acculé à une charge de responsabilité plus lourde», confie Lahlou Filali.

Elle considère aussi comme une aberration le fait que l’on considère souvent la femme comme «un complément de salaire», ce qui la rend plus facilement «sacrifiable» quand s’impose la décision de se défaire d’un collaborateur. Pour la dirigeante dans le secteur de l’industrie pharmaceutique, tout se joue dans les valeurs transmises aux enfants dans leur processus d’éducation.

«Les femmes qui ont réussi admettent très souvent avoir eu un père qui leur a donné confiance en elles», lance la dirigeante. C’est cela qui permet de dépasser ce «biais, très ancré et très ancien, selon lequel un homme est fait pour être un dirigeant et que les seconds rôles correspondent davantage aux profils féminins», estime Meryem Bouazzaoui.

Sur le terrain, néanmoins, ce n’est pas le potentiel qui manque. «Nous effectuons de multiples visites de terrain dans les universités et d’immersion dans nos locaux, et sur cette base, nous nous retrouvons face à une majorité d’audience féminine-majors de promotions, que le challenge de l’entrepreneuriat intéresse, mais que je ne retrouve hélas pas sur le terrain», regrette Lamiae Benmakhlouf. C’est dire l’ampleur des freins sociaux et culturels qui plombent encore l’essor économique de la femme mais qu’il faut s’atteler à lever pour développer chez elle l’audace d’entreprendre.

«Le Nouveau modèle de développement a besoin de toutes les forces vives du pays, et pas seulement de ses hommes. Ceci, d’autant que nous sommes à un bon momentum, où la présence féminine dans les branches technologiques et scientifiques est très forte», lance la DG du Technopark (MITC). Un vrai travail doit être mené sur les soft skills des femmes et des filles, dès l’école, pour qu’elles puissent développer leur esprit d’initiative et leur audace professionnelle, insiste Myriam Lahlou Filali.

À la liste des freins listés, s’ajoute celui de la marge étroite posée devant la majorité des femmes lorsqu’il s’agit de faire du networking ou de prospecter pour développer un portefeuille client. Souvent, les contraintes familiales ou le qu’en-dira-t-on ne permettent pas à la femme de prendre des rendez-vous professionnels en dehors des heures de travail, ou en dehors du bureau. Souvent aussi, le fait que la femme fasse le pas pour proposer ce genre d’entretiens étonne encore, soulignent d’une même voix les quatre invitées du «Cercle des ECO».



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