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Dépôts bancaires : 200 milliards DH de plus dans les coffres en trois ans !

Au terme du premier trimestre, les dépôts clientèle dans les banques s’élevaient à 1.276,7 milliards DH, marquant une croissance de 8,4% en variation annuelle, selon le décompte de Bank Al-Maghrib. Depuis 2021, les dépôts bancaires ont augmenté de plus de 200 milliards de dirhams.

Pour le secteur bancaire, 2025 a démarré sur les chapeaux de roues, comme il avait terminé l’année dernière avec l’afflux de 124 milliards de dirhams tombés dans ses coffres, des ressources générées par la «régularisation volontaire» visant les contribuables en délicatesse avec leurs obligations fiscales, et l’amnistie fiscale sur le cash non déclaré.

Avec 72,7% de l’encours des dépôts bancaires, soit 928,4 milliards DH, les ménages apparaissent comme le segment le plus dynamique avec une progression de 6,3%. Encore et toujours, la diaspora marocaine s’affirme comme un pourvoyeur stratégique de ressources pour les banques. À fin mars 2025, les comptes des MRE abritaient un trésor de guerre de 208,8 milliards DH, soit 16,4% du total des dépôts du système bancaire. La bataille fait rage sur cette clientèle qui assure aux établissements une grosse part de leurs ressources non rémunérées, cruciales dans la compétition.

Par ailleurs, les dépôts des entreprises privées enregistrent un bond spectaculaire de 14,9%, à 236 milliards DH. C’est peut-être la raison pour laquelle l’on entend de moins en moins le traditionnel discours sur la crise auprès des opérateurs économiques. Même si le millésime 2025 s’annonce d’ores et déjà d’une très bonne qualité, il ne devrait pas cependant être comparé à 2024 en raison de l’incidence exceptionnelle de l’amnistie fiscale que relèvent tous les rapports annuels des banques.

Selon les données du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), les dépôts de la clientèle du secteur en 2024 ont enregistré une hausse de 9,6% à 1.276,6 milliards de dirhams. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce boom : la hausse de 11,6% des dépôts non rémunérés à 949,7 milliards DH contre 850,7 milliards l’exercice précédent. C’est un nouveau record après celui enregistré en 2021 qui avait vu les banques franchir le seuil symbolique des 1.000 milliards de DH de dépôts collectés auprès de la clientèle.

Les dépôts des ménages ont enregistré, d’une année à l’autre, une hausse de 7,5% pour s’établir à 924,3 milliards DH dont 209,6 milliards détenus par les MRE, une clientèle sur laquelle BCP revendique 52% de part de marché. La bonne nouvelle pour les banquiers, c’est l’accroissement des dépôts à vue de 11,3%, avec un encours de 900,9 milliards DH à fin décembre 2024 contre 809,1 milliards en 2023; la progression de 9,8% des comptes chèques à 630,7 milliards de dirhams contre 574,5 milliards à fin décembre 2023; et l’amélioration de 15,2% des comptes courants créditeurs à 270,2 milliards de dirhams contre 234,5 milliards en 2023.

Les créances en souffrance ont augmenté de 4,1% à 97,3 milliards de dirhams en 2024, soit 0,4 point de plus que l’année précédente. Les provisions et agios réservés ont affiché, quant à eux, une hausse de 3,9%, à 66, 643 milliards de dirhams. Il en ressort un taux de contentialité de 8,31% contre 8,35% en 2023 et un taux de couverture de 68,5% contre 68,66% en 2023.

La bataille fait rage entre les trois majors
Au titre de l’année 2024, les dépôts de la clientèle d’Attijariwafa bank enregistrent une croissance de 13,8% à 334,2 milliards de dirhams. Le groupe tient le lead du marché sur les dépôts. Dans sa présentation des résultats financiers, le management impute cette dynamique à l’accroissement de 13,6% à 269 milliards des dépôts non rémunérés, en lien avec la hausse de 11,9% (179,7 milliards DH) des comptes chèques.

À ces deux accélérateurs, il faut ajouter la croissance de 17,% à 72,3 milliards de dirhams des comptes courants créditeurs, la hausse de 18,5% à 16,9 milliards de dirhams des autres dépôts non rémunérés ainsi que le bond de 14,8% des dépôts rémunérés. Pour l’exercice 2024, Attijariwafa bank revendique une part de marché de 26,1% sur la collecte des dépôts clientèle, en hausse de 97 poins de base par rapport à fin décembre 2023.

La BCP tient le leadership sur les MRE
Malgré un contexte international caractérisé par des tensions géopolitiques, le groupe BCP a pu développer ses ressources «Marocains du Monde» pour dépasser les 108 milliards DH en 2024, ce qui équivaut à une part de marché de plus de 52%. À fin 2024, l’encours de collecte des dépôts au Maroc progresse de 7,1%, à 313,4 milliards de dirhams. Cette performance tient à la dynamique du segment des particuliers (+12,5 milliards de DH) et des entreprises (+8,4 milliards).

Par ailleurs, cet effort de collecte a été marqué par la poursuite de l’optimisation de la structure des dépôts au Maroc, avec une part des ressources non rémunérées portée à 77,9%, souligne le groupe dans son rapport financier de 2024. Pour son activité sur le marché marocain, les ressources de BOA enregistrent une progression de 7,5%, atteignant 168 milliards DH à fin décembre 2024.

Cette croissance est essentiellement portée par la hausse des dépôts non rémunérés, en particulier les comptes chèques, stimulés en partie par les dépôts additionnels issus de l’amnistie fiscale. La part de marché de la banque sur les ressources s’établit ainsi à 12,46% en 2024, contre 12,64% à fin décembre 2023.

Concernant la structure des dépôts de la clientèle, la proportion des dépôts non rémunérés continue de progresser, atteignant 75% des dépôts à fin décembre 2024, contre 73% à la même période en 2023. Au niveau Groupe, les dépôts consolidés se sont élevés à 256 milliards DH en 2024, marquant une hausse de 8%.

Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO



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