Éco-Business

Covid-19: le tourisme dans une mauvaise passe

La crise sanitaire du coronavirus coûtera cher au secteur touristique national. Il est considéré parmi les secteurs qui souffrent le plus, suite à la suspension jusqu’à nouvel ordre de tous les vols internationaux de passagers en provenance et à destination du Maroc mais également suite aux mesures d’urgence mises en place par le pays. Ainsi, selon les dernières estimations de la Confédération nationale du tourisme (CNT) et rien que pour les trois prochains mois d’avril, mai et juin, les professionnels s’attendent à des baisses respectives de 98% et 80%. En effet et en termes de chiffres d’affaires, les estimations de la CNT parlent de plus de 34 MMDH de pertes pour l’ensemble du secteur dont 14 MMDH rien que pour l’hôtellerie.

Pour estimer ces pertes, la CNT s’est basée sur les réalisations de 2019 comme base référentielle, qui était une année avec une très bonne moisson avec presque 13 millions d’arrivées. La CNT rappelle que sans le Coronavirus, 2020 aurait explosé les compteurs.

Les voyagistes en détresse
Il est à noter par ailleurs que les opérateurs touristiques ne sont pas les seuls à souffrir de cette situation. Dans une lettre datée du 3 avril, les agents de voyages ont appelé Nadia Fettah Alaoui, la ministre du Tourisme à prendre des mesures d’urgence spécifiques à leur secteur d’activité. En effet, la Fédération nationale des associations régionales des agences de voyages du Maroc (FNAAVM) a formulé trois propositions visant la sauvegarde des emplois mais aussi la préparation de la phase post-coronavirus. Il s’agit de remplacer le remboursement des voyageurs par la mise à disposition de bons d’avoirs d’une durée de validité de 12 mois et dont le montant correspond aux frais engagés par le client selon un mécanisme utile, valable et juste.

La FNAAVM demande aussi aux banques d’augmenter les lignes de facilités de caisse et d’octroyer des crédits bancaires au taux de base de Bank Al-Maghrib, d’autant plus que le secteur du tourisme est largement représenté par des TPE et des PME. La Confédération demande également une prise en charge par les compagnies d’assurances de tout ou partie des pertes et frais engendrés par cet état de fait en prescrivant que le Covid-19 est un sinistre couvert par l’assurance professionnelle que les agents de voyages sont tenus de souscrire pour l’exercice de leur activité.

Par ailleurs, la FNAAVM estime que 2020 sera une année déficitaire pour l’ensemble des opérateurs du secteur du tourisme, toutes activités confondues, y compris les métiers connexes. «Qu’il s’agisse d’agences spécialisées dans le tourisme à l’export ou réceptif, de tourisme de niche, MICE ou Hajj & Omra, l’ensemble de la profession se trouve en sursis et s’apprête bon an mal an à vivre une situation kafkaïenne jamais ressentie auparavant», ajoute la même source.


Souleymane Khol
directeur des opérations du Groupe Onomo Hôtels.

«Nous avons redimensionné notre activité»

Quelles sont les mesures que vous avez mises en place face au coronavirus ?
Dès le déclenchement de la crise sanitaire liée à la propagation de la pandémie du Covid-19, nous avons mis en place un Plan de continuité d’activité (PCA) permettant d’adapter l’activité de manière rapide et efficace à l’évolution de la situation. D’ailleurs, nous avons très tôt activé notre PCA afin de pouvoir accompagner l’évolution de la crise liée à la propagation du Covid-19 au Maroc mais également dans les autres pays d’Afrique. En effet, une cellule de gestion de crise basée au siège du groupe Onomo Hôtels à Casablanca et composée de responsables opérationnels, marketing et communication a pris en main la situation en faisant des réunions régulières à distance avec les directeurs des hôtels dans les différents pays du continent.

Quels sont les points essentiels de votre PCA ?
Il se focalise sur 3 points : la protection de nos collaboratrices et nos collaborateurs : nous avons multiplié les messages de prévention et réduit les effectifs présents sur place au maximum ainsi que la communication avec les clients car nos équipes ont maintenu le contact avec tous les clients résidents dans nos hôtels ou ayant effectué des réservations pendant la période en cours pour les rassurer et répondre à leurs questions. Ensuite, nous avons redimensionné notre activité. Nous avons mis en place un dispositif de pilotage de l’activité de manière continue pour redimensionner l’ensemble des fonctions du groupe et des hôtels dépendamment des situations dans les pays.

Quel impact sur le déroulement du travail et de la productivité ?
Cette situation inédite que la majorité des opérateurs économiques vivent pour la première fois est un vrai cas d’école. En effet, elle nous a permis de tester notre capacité d’agir et réagir pour nous adapter aux situations nouvelles. Dans l’immédiat, nous avons doté nos équipes mises en télétravail de tous les équipements nécessaires afin de garantir la continuité du travail dans les meilleures conditions et afin de leur assurer un bon niveau de productivité, nous avons mis en place une fréquence de communication et d’échange pour faciliter la remontée d’informations et d’aider à la prise de décision. Sur le plan stratégique, nous sommes en train de revoir les priorités de l’année 2020 afin d’ajuster notre stratégie de développement.

Qu’en est-il des équipes présentes au niveau des hôtels ?
Pour les équipes sur sites, leurs plannings ont également été adaptés en fonction des besoins opérationnels. Ainsi, pour les hôtels en activité, les équipes en été réduites et les directeurs font une rotation pour assurer leurs permanences. Pour les hôtels qui ont été contraints de restreindre leur activité, les collaboratrices et collaborateurs en CDI ont, pour le moment, été mis en congés payés ou sans solde dépendamment de leurs situations.



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