Éco-Business

Conjoncture: zoom sur trois secteurs qui suffoquent déjà

Royal Air Maroc vient d’activer son plan austérité drastique. Le secteur du textile et habillement ne reçoit plus de commandes. Les transporteurs et les logisticiens travaillent mais sans aucune visibilité. Le rallongement des délais et les cessations de paiement ne vont pas améliorer la situation de l’économie nationale. Zoom…

RAM active «son plan d’austérité drastique»
Les fortes turbulences inhérentes au coronavirus ont sérieusement bousculé les finances de Royal Air Maroc (RAM). Le transporteur aérien national a dû mettre en place «un plan d’austérité drastique» pour faire face aux pertes engendrées par la fermeture des frontières aux transports de voyageurs. Ce plan, déjà lancé, consiste à suspendre une partie de la rémunération des salariés de l’entreprise durant la période de crise. Cette partie leur sera reversée une fois la crise dépassée. Ainsi, pour la tranche de salaire allant de 10.001 DH à 30.000 DH, la ponction sera de 10%. Cette dernière passera à 20% pour la tranche allant de 30.001 DH à 50.000 DH. Au-delà, le salaire sera ponctionné à hauteur de 30%. Bien entendu, la crise sanitaire qui a cloué au sol les avions de RAM devrait avoir un impact conséquent sur la santé financière de cette dernière. L’Association internationale des transporteurs aériens (IATA) a estimé les pertes du transporteur aérien national à plus de 4,9 millions de passagers. La compagnie aura besoin d’un grand plan de sauvetage. D’ailleurs, l’IATA a recommandé aux États de soutenir leurs compagnies nationales. Elle avait aussi estimé que la crise du coronavirus devrait priver le secteur mondial du transport aérien de 252 milliards de dollars de revenus cette année.

Transport/logistique. Aucune visibilité, mais les entreprises assurent
Véritable baromètre de l’économie marocaine, le secteur du transport et de la logistique commence à ressentir l’impact de la crise du Covid-19 qui a coïncidé avec la période où, normalement, l’activité bat son plein. «Nous ne pouvons pas encore parler de baisse dans le secteur car nous sommes le dernier maillon de la chaîne. Nous consommons aujourd’hui ce qui était déjà dans le pipe», souligne Rachid Tahri, président de l’Observatoire national de la logistique (ONL). Aujourd’hui, le secteur continue de tourner car les marchandises sont toujours acheminées via les ports marocains. Les importations se poursuivent à un rythme presque normal. En revanche, les exportations commencent à baisser. «Cette baisse est due soit à la fermeture des usines et des entreprises par mesure de précaution, soit à cause de la rupture des intrants», explique Tahri. S’agissant de l’activité des importations, celle-ci devra se poursuivre, surtout pour les produits agroalimentaires. «La reprise de la Chine conditionnera la reprise du secteur du transport, et bien entendu d’autres secteurs. Mais cette reprise n’est pas encore là», précise le président de l’ONL. L’autre grande difficulté du secteur est liée aux délais de paiement qui, avec la crise, sont de plus en plus longs. «Il y a même cessation de paiement», révèle Tahri. Et d’ajouter : «Nous n’avons aucune visibilité sur ce qui va se passer par la suite. Nous espérons que cette crise ne dépassera pas un mois, un mois et demi car, au-delà, ce sera pénible». Toutefois, les entreprises du secteur continuent de travailler. C’est le cas de l’administration, notamment de la Douane et des ports.

Textile/habillement. Les cessations de paiement font peur
Le monde du retail est gravement touché. C’est en ces mots que le président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), Mohamed Boubouh, décrit l’impact de la crise sanitaire du coronavirus sur le secteur. «Nous travaillons principalement avec l’Espagne et la France. Ces deux pays sont aujourd’hui à terre puisque tout est fermé. Ils sont horriblement impactés», souligne Boubouh. Par conséquent, au Maroc, les confectionneurs des marques étrangères sont directement impactés. Par exemple, le groupe Inditex, avec ses marques Zara, Massimo Dutti ou encore Bershka, a annulé les commandes à partir de la deuxième semaine de mars. «Et même si nous voulons faire tourner nos usines, nous n’avons plus de commandes car ces dernières ont été annulées ou reportées», note le président de l’AMITH. Les marques françaises ont suivi la même démarche d’annulation de commandes. «Pire encore, certaines marques françaises ont même arrêté le paiement des échéances dues», souligne le président de l’AMITH. Aujourd’hui, les professionnels du secteur n’ont aucune idée des pertes qu’ils accusent car la crise est toujours là. «Cela dit, nous ne pouvons que saluer les mesures prises par l’État marocain. Ce dernier a rapidement pris conscience de la gravité de la situation de notre secteur et d’autres», note Boubouh.



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