Éco-Business

Conjoncture: vous avez dit hausse du prix du pain ?

Le prix du pain de base focalise toujours l’attention. Il n’est pas anodin que le gouvernement maintienne les subventions des prix de la farine de blé tendre. Les rumeurs, qui fusent de toutes parts, laissent entendre qu’une hausse serait imminente. Éclairage.

La polémique sur une éventuelle hausse du prix du pain refait surface. Des sources non officielles répètent depuis quelques jours que certaines boulangeries auraient récemment procédé à l’augmentation du prix du pain de base.

Or, ce prix étant plafonné, cette information en devient grave, puisqu’à priori aucune annonce officielle n’a été faite dans ce sens par le gouvernement. Ceci, d’autant plus que l’évolution de l’inflation et le cours des principaux produits de base sont suivis de très près actuellement.

Des rumeurs infondées

Il faut dire que ce n’est pas la première fois que de telles rumeurs se répandent. Il y a à peine quelques semaines, un communiqué d’un groupement de professionnels déclarant représenter les boulangers, avait suscité l’effroi.

À présent, d’autres sources reviennent à la charge pour remettre sur la table, la perspective d’augmentation imminente du prix du pain subventionné.

Contacté par nos soins, le président de la Fédération nationale de la boulangerie et de la pâtisserie (FNBP), Kamal Rahal Essoulami, réfute fermement ces allégations qui, selon lui, sont dénuées de tout fondement.

«Rien n’a été convenu dans ce sens. Le prix du pain est de 1,2 dirham et il le restera. De plus, le moment n’est pas opportun pour parler d’augmentation eu égard au contexte actuel. Cette rumeur émane de professionnels hors la loi qui veulent semer la zizanie dans le secteur», assure-t-il.

Des propos corroborés par d’autres professionnels du secteur. L’un d’eux, sous couvert d’anonymat, affirme que les professionnels à l’origine de ces rumeurs n’ont d’autre objectif que d’attirer l’attention sur eux.

Des marges faramineuses

L’activité boulangerie-pâtisserie ne repose pas uniquement sur la vente de pain subventionné. En effet, les professionnels du secteur ont toute latitude pour appliquer la liberté des prix et rattraper la «supposée» perte constatée à cause du pain de base, sur d’autres produits.

«À ceux qui parlent de prix, il faudrait voir ce que représente le pain dans leur business. Et la vraie question qui se pose est pourquoi ils n’évoquent pas les marges qu’ils génèrent de l’activité totale, sachant qu’elles demeurent faramineuses.

Par ailleurs, certes, il y a des problèmes dont pâtit le secteur comme toutes les filières, mais l’objectif est de maintenir la stabilité économique. Et en augmentant les prix, celle-ci risque de prendre un sacré coup», estime cet acteur de la filière céréalière.

En effet, les marges dégagées par les boulangeries-pâtisseries peuvent atteindre jusqu’à 200% de bénéfice, selon certaines sources.

Étant donné que le prix de la farine de blé tendre n’est pas touché, et que seul le prix du pain est réglementé, les boulangers-pâtissiers vendent les autres produits au prix fort, compensant ainsi largement les pertes enregistrées sur le pain subventionné.

«À mon sens, il faudrait diligenter une enquête auprès de ces professionnels qui dissimulent leurs gains. S’ils se plaignent autant, il suffit d’éplucher leurs bilans pour savoir ce qu’ils gagnent et ce qu’ils perdent. Il ne faut pas se leurrer, on ne maintient pas ouvert un commerce à perte», précise-t-on parmi les professionnels sondés.

Toutefois, il faut signaler qu’un accord a été conclu entre l’État, la Fédération nationale de la minoterie (FNM) et la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie pour maintenir le niveau des prix du quintal qui ne dépasse pas actuellement 350 dirhams, grâce aux subventions étatiques allouées aux minotiers afin de couvrir les frais de production d’une farine de bonne qualité.

En revanche, concernant les farines qui ne sont pas subventionnées, telles que le blé dur ou encore la semoule, les prix peuvent être augmentés.

Et pour cause, le coût du transport qui a grimpé en raison des prix élevés de l’énergie.

Par ailleurs, l’activité boulangerie-pâtisserie semble être en phase de reconstitution, à en croire le président de la FNBP qui vient d’être nommé à la tête de la fédération le mois dernier.

Pour Kamal Rahal Essoulami, il est impératif de faire évoluer le métier qui dispose de potentiels prometteurs.

«Le Maroc figure parmi les leaders africains de la pâtisserie. Aujourd’hui, il est nécessaire de consolider cette position et de mettre en œuvre les dispositifs appropriés pour promouvoir cette activité», déclare-t-il.

Les principaux objectifs sont axés autour de la qualité, la gestion et la formation. Et pour ce faire, la fédération revoit sa stratégie de fond en comble afin d’opérer une structuration du secteur.

Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO



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