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Conjoncture : l’économie entre stabilité et défis

Les statistiques monétaires d’octobre révèlent une économie oscillant entre stabilité et prudence. Si la masse monétaire continue de progresser de manière stable à 6,7% sur un an, traduisant une gestion équilibrée de la liquidité, le crédit bancaire montre des signes de ralentissement préoccupants, notamment pour les entrepreneurs individuels et les investissements des entreprises.

Avec une masse monétaire en progression modérée et un ralentissement général du crédit bancaire, les données monétaires publiées, pour le mois d’octobre 2024, traduisent une dynamique de stabilisation, bien que marquée par certaines fragilités.

Une masse monétaire stable, gage d’équilibre
La masse monétaire globale (M3) s’élève à 1 846,1 milliards de dirhams (MMDH), affichant une croissance annuelle stable de 6,7%. Cette évolution résulte principalement de l’accélération de la circulation fiduciaire de 10,6% et de la quasi-stagnation des comptes d’épargne avec une hausse de 3,6%. Cette stabilité illustre une gestion maîtrisée de la liquidité par les autorités monétaires.

Comme l’indique le rapport de Bank Al Maghrib, «la stagnation de la progression annuelle de l’agrégat M3 à 6,7% reflète principalement une accélération de la monnaie fiduciaire et une atténuation de la baisse des détentions en titres d’OPCVM monétaires».

Cependant, les dépôts à vue, bien qu’en hausse de 8,7%, montrent une décélération par rapport au mois précédent (+10,2%), signe que les agents économiques adoptent une posture plus prudente face à l’incertitude.

Le crédit sous tension
Le crédit bancaire au secteur non financier, qui constitue une source majeure de financement de l’économie, connaît un ralentissement notable, avec une progression de 2,4% en octobre, contre 3,3% en septembre. Cette contraction reflèterait une frilosité accrue des emprunteurs, notamment dans des segments clés. Par exemple, les crédits alloués aux sociétés non financières privées affichent une progression de seulement 1,5% sur un an, contre 2% le mois précédent.

Du côté des ménages, les prêts stagnent à 1%, traduisant une prudence accrue. Cette dynamique est particulièrement préoccupante pour les entrepreneurs individuels, qui voient leurs financements reculer de manière drastique (-10,6% en glissement annuel).

En analysant cette situation, un observateur du marché assure que « l’accentuation de la baisse des concours aux entrepreneurs individuels à -10,6%, après -7,2% le mois précédent, reflète des difficultés persistantes. Ce recul des crédits pourrait freiner l’activité économique, notamment dans des secteurs dépendants de ces financements pour leur expansion ou leur fonctionnement courant».

Réserves officielles et dépôts : signaux mitigés
Les avoirs officiels de réserve progressent légèrement de 1,6%, marquant un ralentissement par rapport aux mois précédents. Cette faible croissance pourrait refléter des pressions sur la balance des paiements, notamment en raison de la hausse des importations ou du remboursement de dettes externes.

Par ailleurs, les comportements des ménages et des entreprises en matière de dépôts confirment une attitude prudente. Les comptes d’épargne affichent une croissance modérée (+3,6%), tandis que les dépôts à terme stagnent (+1,3%). « Ces tendances traduisent une certaine réticence des acteurs économiques à immobiliser leurs liquidités sur le long terme», note un analyste.

Une décélération généralisée des crédits
L’analyse par objet économique met en lumière une décélération généralisée des crédits, avec une progression des crédits à l’équipement réduite à 7,4% contre 8,3% en septembre, traduisant un ralentissement des investissements, tandis que les prêts immobiliers stagnent à 2% et que les crédits à la consommation affichent une faible hausse de 1,5%.

« Ces chiffres révèlent une perte de dynamisme, particulièrement dans les secteurs moteurs de l’économie, probablement liée à un environnement économique incertain et un attentisme de la part des acteurs économiques. Le début d’année pourrait cependant insuffler une nouvelle dynamique», observe un analyste financier.

Un environnement économique prudent
Selon les observations des analystes, ces statistiques révèlent une économie en quête de stabilisation, mais confrontée à des défis importants. La progression stable de la masse monétaire et la maîtrise relative des créances en souffrance sont des signaux encourageants, mais la contraction des crédits, particulièrement pour les entrepreneurs individuels, est préoccupante.

En résumé, l’économie semble évoluer dans un cadre marqué par la prudence, comme le souligne cette analyse : « La tendance montre une économie prudente, où les ménages, entreprises et banques adoptent une posture conservatrice face à des incertitudes ou des risques économiques».

Pour soutenir une reprise économique robuste, il sera opportun d’adopter des politiques visant à renforcer l’accès au crédit, notamment pour les segments les plus vulnérables, tout en maintenant une vigilance sur les créances en souffrance. Avec une gestion monétaire prudente et des défis à relever, les prochains mois seront déterminants pour définir les orientations futures de l’économie. La relance de l’investissement et du financement des PME devra être au cœur des priorités pour dynamiser la croissance et renforcer la résilience de l’économie.

Une stabilisation ambivalente des créances en souffrance

Si l’évolution des créances en souffrance se stabilise à 3,5%, leur ratio par rapport au crédit total reste élevé à 8,8%. Cela souligne des fragilités dans le tissu économique, particulièrement dans certains secteurs ou catégories d’emprunteurs. Ce niveau pourrait inciter les banques à resserrer davantage leurs conditions de crédit, alimentant un cercle vicieux de baisse de l’investissement et de ralentissement de l’activité économique.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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