Commerce intra-africain : en attendant des avancées réelles pour la ZLECAF

Près de quatre ans après son lancement, la ZLECAF tarde toujours à se concrétiser dans de nombreux espaces géographiques africains, et, surtout, à considérablement apporter un coup de boost aux économies africaines. Analyse.
On a l’impression que c’est le même scénario qui se répète à chaque fois. On lance des initiatives en grande pompe, mais elles peinent à se concrétiser réellement sur le terrain. Et bientôt quatre ans après son lancement, la ZLECAF, la Zone de libre-échange continentale africaine n’avance que timidement.
Et pour cause, entre autres raisons, les communautés économiques sous-régionales africaines tardent réellement à se mettre en branle pour la concrétiser. Ces zones regroupent, dans chaque partie du continent, un ensemble de pays qui partagent une proximité géographique.
Certainement, la plus médiatisée d’entre elles ces dernières années n’est autre que celle de l’Afrique de l’Ouest, à savoir la CEDEAO. Cela en raison des nombreux événements politico-sécuritaires qui continuent de secouer certains de ses pays membres. D’ailleurs, cela a conduit à la scission de trois pays qui ont fini par créer l’Alliance des États du Sahel (AES).
Attentisme
Pour l’Union Africaine, la mise en œuvre concrète de la ZLECAF doit se baser sur les avancées réalisées par les différents espaces économiques sous-région. Toutefois, plus de deux ans après son entrée en vigueur, la ZLECAF peine à véritablement s’appuyer sur ces ensembles sous-régionaux.
En Afrique du Nord, l’Union du Maghreb (UMA) est déclarée morte depuis des années. L’on se rappelle, d’ailleurs, du constat amer fait par le Roi Mohammed VI, en janvier 2017, lors du retour du Maroc à l’Union Africaine à propos de cette «mort» de l’UMA. Depuis, aucune résurrection n’a été constatée. L’institution s’enfonce même dans un oubli inquiétant, et aucune politique sous-régionale ne semble se dessiner ou s’appliquer dans le sens de la réactivation effective de l’UMA.
Comme certaines études l’ont démontré, l’absence de coopération coûte au moins 2 points de PIB aux pays de cet espace septentrional du continent. Pire, avec la multiplication des incidents diplomatiques entre ses pays membres, on s’enfonce davantage dans une impasse de plus en plus obscure.
Actuellement, les frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie sont non seulement fermées, mais leur espace aérien s’est également verrouillé, sans parler des difficultés de la stabilisation de la Libye ou encore de l’incertitude qui s’abat sur la marche de la Tunisie. Un ensemble d’éléments qui sont venus compliquer une équation déjà difficile à résoudre.
15% seulement
Mais l’UMA n’est pas la seule zone où les choses traînent. Elle est certes la sous-région la moins intégrée du continent, mais, ailleurs, le problème qui se pose réside dans l’existence de produits échangeables entre économies.
Dans l’espace CEDEAO, considérée comme la sous-région la plus avancée en termes d’intégration, et ailleurs sur le continent, le commerce entre pays africains tourne toujours autour de 15%. Soit aucune évolution positive depuis l’entrée en vigueur de la ZLECAF en janvier 2021 et sa ratification par quelque 45 pays.
Jusqu’à présent, l’Afrique ne fournit pratiquement que de la matière première. Et la transformation de cette matière première se fait en dehors du continent. Donc, il serait judicieux de considérer que les organisations sous-régionales doivent d’abord endosser la stratégique question de la transformation locale des matières premières africaines.
Transformation
Pourquoi ne pas développer des projets industriels sous-régionaux permettant de transformer les produits pour chaque pays dans son espace géographique. Vu la manière avec laquelle les infrastructures routières sous-régionales sont encouragées, il serait également opportun de lancer des projets industriels de transformation locale des produits à large échelle.
Et pour cela, les patronats et acteurs privés de chaque sous-région doivent parvenir à identifier les points de convergence de leurs différents et force. Ainsi, les communautés économiques sous-régionales pourront gagner davantage de temps dans leur mission de faciliter la concrétisation de la ZLECAF.
Réglementation de l’électricité en Afrique : voici les meilleurs élèves
Le Kenya et le Sénégal occupent les premières places de l’édition 2024 de l’Indice de réglementation de l’électricité en Afrique (ERI) de la Banque africaine de développement (BAD). «Ce qui illustre des progrès exceptionnels en matière de gouvernance et de réglementation du secteur», fait-on savoir du côté de la BAD.
Cette évaluation complète évalue les cadres réglementaires de 43 pays africains. L’Ouganda, le Libéria et le Niger complètent le Top cinq des pays les plus performants. Le Niger enregistre l’une des plus fortes progressions, soulignant ainsi l’impact significatif des réformes soutenues et de l’engagement politique en faveur du développement du secteur de l’électricité.
L’ERI évalue trois dimensions : la gouvernance réglementaire (RGI), le contenu réglementaire (RSI) et les résultats réglementaires (ROI). Il convient de noter que les résultats réglementaires, qui comprennent la prestation de services et la performance des services publics, a enregistré l’amélioration la plus substantielle sur le continent.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO