Commerce extérieur : l’aéronautique décolle malgré des turbulences économiques

Le Maroc démarre 2025 avec un déficit commercial de -24.485 MDH, en hausse de 13,3% sur un an. La progression des importations contraste avec le repli des exportations, notamment dans l’automobile et les phosphates. Toutefois, la baisse de la facture énergétique et la bonne dynamique des services et des investissements étrangers atténuent l’impact.
Dès le premier mois de l’année, la balance commerciale du Maroc s’inscrit en déficit, une tendance qui s’accentue avec une dégradation de 13,3%. Le déficit atteint ainsi -24.485 MDH, contre -21.609 MDH un an plus tôt. Ce creusement s’explique par une hausse des importations de +3,4%, atteignant 59.844 MDH, alors que les exportations reculent de -2,4% pour s’établir à 35.359 MDH.
L’augmentation des importations est principalement portée par la forte demande en biens d’équipement (+10,8%), notamment dans les secteurs de l’aéronautique et de l’industrie. Les importations de produits finis de consommation progressent également (+6,4%), reflétant une consommation intérieure soutenue.
Toutefois, la facture énergétique du pays affiche une baisse notable de -11,6%, grâce à la diminution des importations de gas-oils et fuel-oils, un facteur qui atténue en partie la pression sur les comptes extérieurs.
Exportations en repli, sauf exceptions
Alors que les importations poursuivent leur ascension, les exportations enregistrent un repli préoccupant. Le secteur automobile, fleuron des ventes marocaines à l’international, accuse une baisse marquée de -10,9%, plombée par le recul des exportations du segment de la construction (-36,2%).
De même, le secteur des phosphates et dérivés, historiquement stratégique, voit ses ventes décliner de -10,7%, principalement en raison de la baisse des exportations d’engrais et d’acide phosphorique. En revanche, certains secteurs se démarquent positivement.
L’aéronautique affiche une performance notable avec une progression de +14,2%, portée par la hausse des exportations des segments d’assemblage et de systèmes électriques embarqués (EWIS). Le textile et le cuir enregistrent également une croissance de +5%, preuve d’une demande soutenue pour les vêtements confectionnés à l’international.
Une balance des services en nette amélioration
Si les échanges de biens pèsent sur la balance commerciale, le secteur des services affiche une dynamique plus favorable. La balance des services enregistre un excédent en hausse de +6,3%, atteignant 11.319 MDH à fin janvier 2025. Les exportations de services progressent de +7,9%, portées notamment par le secteur touristique, tandis que les importations de services augmentent de +9,7%.
Dans cette dynamique, les recettes touristiques poursuivent leur embellie. À fin janvier 2025, elles atteignent 8.787 MDH, en hausse de +10,1% par rapport à l’année précédente.
Cette croissance témoigne d’une reprise solide du secteur, malgré un contexte économique international incertain. En parallèle, les dépenses touristiques des Marocains à l’étranger progressent fortement (+23,8%), traduisant une reprise des voyages à l’international.
Les investissements étrangers en forte progression
Autre indicateur encourageant, la nette progression des investissements directs étrangers (IDE). À fin janvier 2025, les recettes des IDE bondissent de +24,1%, atteignant 4.948 MDH. Dans le même temps, les dépenses liées aux IDE progressent de +40,4%, ce qui témoigne d’une intensification des investissements marocains à l’étranger.
Malgré cette hausse des sorties, le flux net des IDE demeure en croissance (+16,9%), traduisant l’attractivité du Maroc pour les investisseurs internationaux.
Dans le même sillage, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) se maintiennent à un niveau élevé, atteignant 9.452 MDH, en légère hausse de +0,5%. Ces flux restent un soutien essentiel à l’économie nationale, contribuant à la stabilité des réserves en devises et au financement de la consommation intérieure.
«Quelles tendances pour 2025 ?»
Les tendances observées en ce début d’année laissent entrevoir plusieurs enjeux pour les mois à venir. L’augmentation des importations et le recul des exportations nécessitent une réflexion stratégique pour redynamiser la compétitivité des produits marocains à l’international.
La montée en puissance des exportations aéronautiques et textiles montre qu’il existe des opportunités à exploiter pour diversifier la base exportatrice du pays.
Par ailleurs, la bonne tenue du secteur des services et la progression des investissements étrangers constituent des signaux positifs, témoignant d’une certaine résilience de l’économie marocaine. Cependant, la conjoncture mondiale incertaine, marquée par des tensions géopolitiques et des fluctuations des prix des matières premières, pourrait influencer les performances commerciales dans les mois à venir.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO