Ciment : record des ventes en 2021!
Les cimentiers bouclent 2021 avec des ventes record de 13,974 millions de tonnes. Beaucoup mieux que le cumul des ventes de 2019, 2018 et 2017. Comment cela a été possible ?
Cela a tout l’air d’un effet de rattrapage ! Les ventes de ciment cumulées de 2021 dépassent celles de 2020, année particulièrement difficile et rudement impactée par le Covid-19 et ses variantes. Mais de là à dépasser également le cumul des ventes de 2019, 2018 et 2017, peu de cimentiers auraient parié là-dessus. Selon les statistiques publiées par le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, à fin décembre 2021, les ventes de ciment se sont hissées à 13,974 millions de tonnes contre à peine 12,174 Mt à fin 2020.
Les livraisons de l’an dernier ont dépassé environ 347.000 t et celles de fin 2019 étaient de 13,627 Mt. Ce qui est impressionnant, dans la mesure où 2019 est l’année de référence pour les économistes dans le contexte de crise sanitaire ; d’une part, parce qu’elle l’a précédé, mais aussi parce que la plupart des indicateurs de 2019 n’ont pas subi les répercussions de cette crise et le coup d’arrêt à la dynamique de l’économie : emploi, chômage, construction, tourisme… Pour le seul mois de décembre 2021, les livraisons de ciment des membres de l’Association professionnelle des cimentiers (APC) ont atteint 1.255.552 tonnes, contre 1.174.183 tonnes pour la même période en 2020, soit +6,93%. Les ventes terminent l’année au-dessus des 1,2 Mt, après avoir frôlé, en juin et septembre, les 1,4 Mt de livraison.
Multiplication des chantiers, notamment industriels
Vu les récents investissements développés dans les segments du marbre et des produits en béton, ou encore celui du groupe LafargeHolcim qui annonçait en septembre dernier l’opérationnalisation de la nouvelle cimenterie d’Agadir-Souss avant la fin de l’année 2021, il y a de quoi affirmer que l’optimisme est de mise dans le secteur du BTP. Rappelons que l’usine de LafargeHolcim peut produire 1,6 Mt de ciment par an. Sa construction a mobilisé un investissement de 3 MMDH.
«Cela veut dire que les gens reprennent confiance», souligne David Toledano, président de la Fédération des matériaux de construction (FMC). Mais aussi que la relance est en cours. En prenant en compte le nombre important des acceptations de projets d’investissement et le démarrage de plusieurs mises en chantier, parmi lesquels récemment l’unité industrielle spécialisée dans les produits cosmétiques de Glen Invest basée à l’agropole de Béni-Mellal, pour un investissement de 160 MDH, la bonne performance des ventes de ciment trouve des explications. Ceci étant, il y a des chantiers importants et structurants qui vont se mettre rapidement en place. Ce qui annonce, en perspective, un relèvement de la demande de matériaux de construction, dont le ciment.
L’effet couveuse de la hausse de prix des matières importées
Soulignons que l’effet couveuse ou incubateur de la hausse des prix a permis à certains acteurs de l’écosystème BTP de se refaire une santé en 2021. Selon le président de la Fédération des matériaux de construction David Toledano, les hausses importantes de prix des matières importées sur le marché marocain ont permis à des segments d’activité gros consommateurs de ciment de se refaire une santé, notamment le secteur du béton. «Le bon côté des choses c’est que le ralentissement des importations, dû à la hausse des prix en Europe et en Chine, a favorisé la substitution des importations et permis à certains secteurs, notamment la céramique, les carreaux en particulier, de se reprendre. Cela a permis aux producteurs nationaux d’avoir une bonne année 2021. Et même la possibilité d’augmenter un petit peu leur tarif, alors que cela faisait pratiquement une douzaine d’années que les prix n’avaient pas bougé. Ce qui avait poussé certains opérateurs à la diversification pour tenir le coup», explique-t-il.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO