Bourse : le chiffre d’affaires de la cote franchit la barre des 300 MMDH

La Bourse de Casablanca a franchi un cap en 2024. Portée par des fondamentaux solides et un environnement plus favorable, elle enregistre une progression notable, avec un chiffre d’affaires global dépassant les 316 milliards de dirhams, soit une croissance de 5,9% par rapport à l’année précédente. Cette performance est particulièrement marquée au dernier trimestre, où la croissance s’est accélérée à +10,2%, témoignant d’un regain de confiance des investisseurs.
L’année 2024 marque un point d’inflexion pour la Bourse de Casablanca. Après plusieurs années marquées par des turbulences économiques, le marché des sociétés cotées affiche une croissance robuste, portée par des fondamentaux solides et un environnement plus favorable.
Selon Attijari Global Research (AGR), le chiffre d’affaires global des entreprises cotées a dépassé les 316 milliards de dirhams, soit une augmentation de 5,9% par rapport à 2023.
Cette performance s’explique par plusieurs facteurs clés, à savoir une stabilisation de l’inflation à 0,9% en 2024 contre 6,4% sur la période 2022-2023, une croissance économique de 3%, et un climat d’investissement porteur. Toutefois, la vraie surprise est venue du dernier trimestre, où la croissance s’est nettement accélérée.
Au T4-24, les sociétés cotées ont enregistré une progression de +10,2%, soit plus du double de la moyenne des trois premiers trimestres (+4,7%). Cette dynamique illustre la solidité du marché marocain et la confiance renouvelée des investisseurs.
Le secteur bancaire, moteur de la croissance
Selon les analyses d’AGR, le secteur bancaire a été le principal moteur de la croissance boursière en 2024, représentant 40% de la progression du chiffre d’affaires avec une hausse annuelle de +12,7%, soit 10,3 milliards de dirhams supplémentaires.
Les grandes banques cotées ont enregistré des performances remarquables : Attijariwafa bank affiche 34,5 milliards de dirhams (+15,2%), suivie de BCP avec 25,6 milliards de dirhams (+12,3%), tandis que BMCI progresse à 3,8 milliards de dirhams (+10,2%) et que CFG Bank réalise une croissance spectaculaire de +43,2%, atteignant 941 millions de dirhams.
Cette dynamique repose sur une hausse des crédits, une amélioration des marges bénéficiaires et une demande soutenue sur les marchés financiers. Selon AGR, cette tendance devrait se prolonger en 2025, renforçant ainsi le rôle central du secteur bancaire dans la performance de la Bourse de Casablanca.
Des secteurs en pleine expansion
Outre le secteur bancaire, plusieurs autres segments ont contribué à la croissance des sociétés cotées. Selon AGR, 11 secteurs, représentant 66% de la capitalisation du marché, ont affiché une progression notable de leurs revenus en 2024. Le BTP et les infrastructures ont enregistré une hausse de 11,3%, stimulée par une augmentation de la consommation de ciment de +16,5% au T4-24.
Le secteur portuaire a progressé de +15,9%, consolidant la place du Maroc comme hub logistique stratégique en Afrique. L’industrie minière a bénéficié d’un effet prix-volume favorable, avec une croissance de +14,6%, notamment grâce aux performances du groupe Managem. Les industries et services ont enregistré une hausse de +20,9%, soutenue par des acteurs comme Akdital (+354 MDH), Stokvis (+197 MDH) et CTM (+164 MDH).
Le secteur de la santé, porté par l’expansion du groupe Akdital, a connu une croissance exceptionnelle de +54,9%. D’autres secteurs, tels que l’agriculture (+12,2%) et l’automobile (+10%), ont également soutenu la dynamique du marché boursier marocain.
Des secteurs en difficulté face aux défis économiques
Malgré une dynamique globalement positive, certains secteurs ont connu une année plus contrastée. Selon AGR, 21% de la capitalisation boursière est portée par des industries en quasi-stagnation, tandis que d’autres ont vu leurs revenus reculer.
L’énergie affiche une baisse notable de -5,2%, pénalisée par la chute des prix des matières premières et un ralentissement de la demande intérieure.
De son côté, l’agroalimentaire recule de -1,0%, affecté par des conditions climatiques défavorables et une contraction de la consommation locale. Quant aux télécoms (-0,2%) et au ciment (+0,7%), ils stagnent sous l’effet d’un marché mature et d’une concurrence accrue, limitant leur potentiel de croissance.
Des perspectives optimistes pour 2025
Portée par une croissance soutenue en 2024, la Bourse de Casablanca aborde 2025 sous de bons auspices. Selon les prévisions d’AGR, l’indice AGR-30, qui regroupe les principales sociétés cotées, devrait enregistrer une croissance bénéficiaire record de +16,0%, après +8,6% en 2023.
Cette dynamique repose sur plusieurs facteurs clés : la solidité du secteur bancaire, qui demeure le principal moteur de croissance, l’essor des infrastructures et de la logistique, soutenu par de nouveaux projets d’investissement, ainsi qu’un environnement macroéconomique plus stable, marqué par une inflation contenue et une politique monétaire favorable.
Toutefois, certains risques persistent, notamment la volatilité des prix des matières premières et l’évolution des taux d’intérêt, qui pourraient impacter la rentabilité des entreprises et la dynamique du crédit.
Une trajectoire à consolider
L’année 2024 aura confirmé la résilience et l’attractivité de la Bourse de Casablanca. Avec un chiffre d’affaires record et une accélération marquée en fin d’année, les sociétés cotées démontrent leur capacité d’adaptation face aux défis économiques.
Si le secteur bancaire reste le pilier de cette croissance, d’autres industries, comme le BTP, les infrastructures et les services, s’imposent également comme des acteurs clés du marché.
Toutefois, pour maintenir cet élan, il sera essentiel de consolider les acquis et d’adresser les défis structurels de certains secteurs en difficulté.
L’année 2025 s’annonce déterminante pour pérenniser cette dynamique boursière et renforcer le positionnement du Maroc sur la scène économique régionale.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO