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Anapec & Ofppt : une nouvelle offre de services dans le pipe !

Le département du ministre Younes Sekkouri veut faire émerger des offres de services innovants en matière de formation des jeunes et d’emploi, destinées aux différents secteurs d’activité et aux territoires ! Pour y parvenir, le ministre s’essaye à une approche qui change de ce qu’on a pu voir jusqu’à présent. Espérons qu’elle va porter ses fruits !   

Inviter des présidents de fédérations-clés et entreprises de référence évoluant dans différents secteurs d’activité à un exercice d’intelligence collective : industrie automobile, aéronautique, industrie touristique, industrie agroalimentaire, secteurs de l’offshoring et des télécommunications, du commerce et services, ainsi que celui de l’externalisation des services.

Tel est le format innovant adopté par le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences pour dresser un état des lieux de ces différents secteurs. Objectif : dessiner avec eux les contours du contexte actuel en matière de formation des jeunes et d’emploi, relever leurs impressions concernant les réalités de leur partenariat avec l’État, les autorités et les établissements publics, mais aussi répondre au mieux à leurs attentes et développer de nouvelles relations. «Nous voulons inaugurer un cycle de réflexion-actions, qui soit un moment de franchise, d’écoute de vos attentes et des enjeux.

Surtout écouter vos propositions. Nous ne concevons pas la relation avec vous dans la logique de cadrage et d’orientation. Nous voulons faire un chemin inversé dans lequel nous partons du vécu et de l’existant. Nous écoutons votre analyse de la situation et notamment du contexte post-Covid, également du contexte géopolitique dans lequel nous vivons.

Nous voudrions, sur cette base, pouvoir répenser l’offre avec les acteurs de l’écosystème, qu’ils soient directement sous la tutelle du ministère, à savoir l’Office de la formation professionnelle et l’Agence nationale de la promotion de l’emploi et des compétences (Anapec), qui sont dotés de moyens importants et encore plus importants en 2023, en vertu de la loi de Finances 2023.

Sur cette base, nous voulons faire émerger de nouvelles offres de services destinées aux secteurs et aux territoires. C’est dans cette perspective que se tient cette rencontre», explique le ministre Younes Sekkouri, lors de la première édition des rencontres de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, dont l’objectif est la création de 8.000 emplois.

Avoir de la data fiable : priorité du secteur touristique sur le terrain de l’emploi
Pour Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), avant tout, le secteur a du mal à avoir les bons chiffres. Le manque de data sur l’emploi est un vrai sujet. Le ministère du tourisme parle de 4.000 établissements d’hébergement, lorsque Booking.com en référence 12.000.

Ce constat à lui seul illustre le sérieux problème de données fiables dont souffre le secteur du tourisme. «La pandémie nous a appris que les gens qui vivent du tourisme sont beaucoup plus nombreux. Il y a beaucoup d’activités en dehors de l’hôtellerie qui sont aujourd’hui orphelines. Le premier sujet est de savoir réellement combien d’emplois sont générés par le secteur pour pouvoir agir et améliorer le lendemain.

La première doléance est d’avoir de la data spécifique à notre secteur. Ensuite, simplifier les procédures pour les mettre à disposition des acteurs du secteur qui sont en majorité des TPE», explique le dirigeant. En effet, 80% des acteurs formels du secteur touristique sont des TPE, et il est connu que bon nombre d’entreprise de ce type n’ont pas toujours des organisations RH à même de comprendre la complexité des procédures administratives.

L’autre doléance est de donner un coup d’accélérateur à de nombreux projets en cours de développement en partenariat avec des organismes directement sous la tutelle du département de Younes Sekkouri, à savoir l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) et l’Agence nationale de la promotion de l’emploi et des compétences (Anapec).

Trois défis majeurs pour l’industrie automobile sur le terrain de l’emploi Pour Hakim Abdelmoumen, président de l’Association marocaine pour l’industrie et la construction automobile (AMICA), le secteur a aujourd’hui une certaine maturité sur les dispositifs actuels de la formation, tel qu’il est organisé en écosystèmes. Cela dit, il explique que l’industrie a aujourd’hui «trois défis majeurs.

Le premier consiste à préparer, dès aujourd’hui, les compétences nécessaires pour pouvoir se positionner sur le marché de la voiture de demain, vu la transition-transformation de la voiture, en cours vers une mobilité électrique, autonome et connectée».

S’y ajoutent un besoin de décarbonation et, enfin, un besoin de compétitivité lié, d’une part, à la hausse des prix des intrants et matières premières, et, d’autre part, au déploiement de l’industrie 4.0 ou industrie digitalisée. Autant de facteurs qu’il urge d’anticiper à travers les compétences. Par ailleurs, le secteur envisage de passer d’un statut d’industrie de fabrication à celui d’industrie de développement.

Industrie aéronautique : priorité à la formation des compétences sur la  décarbonation des  procédés industriels et monter en gamme au niveau de l’ingénierie

En matière d’aéronautique, il y a le projet de l’avion vert, qui en 2050 sera à zéro émission carbone. Pour Karim Cheikh, président du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), «Aujourd’hui, le cheval de bataille est d’être présent à la fois au niveau de la formation des compétences sur la décarbonation des procédés industriels pour les 6 écosystèmes dont regorge le secteur. Il faut aussi former les compétences en matière d’ingénierie, pour l’avion décarboné.

On parle de propulsion à l’hydrogène, propulsion électrique, etc. Autant de sujets phares sur lesquels nous devons nous positionner». Pour le besoin de compétences sur le volet du digital, le dirigeant explique que le secteur a besoin de collecter de la data et l’analyser, parce que l’avion de demain sera encore plus connecté qu’il l’est aujourd’hui.

Les autres défis sont de monter en gamme au niveau de l’ingénierie, au niveau de la maintenance et la réparation des avions, mais aussi l’inclusion des femmes qui représentent aujourd’hui 40,6% des 20.000 employés du secteur.

Younes Sekkouri
Ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences

«Cela fait pratiquement une année que le nouveau gouvernement a été nommé par Sa Majesté. Bien de dynamiques ont pu avoir lieu aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Tous les pays se posent des questions de fond sur la question de l’emploi, qui est lié, qu’on le veuille ou pas, à la question des compétences, dans son acception la plus large. Au Maroc, nous avons le privilège de disposer d’un tissu aussi riche d’acteurs du secteur privé qui sont regroupés dans des fédérations, qui réfléchissent, agissent et sont en première ligne par rapport aux questions de l’emploi, des compétences et surtout celle de la compétitivité.

En face, les autorités publiques sont en permanence appelées à renouveler les cadres législatifs, les incentives et surtout être à l’écoute des secteurs et territoires. Il y a aussi des acteurs territoriaux qui eux aussi sont appelés à pleinement jouer leur rôle, dans le cadre des prérogatives de la régionalisation. La question qui se pose, depuis toujours, est celle de la convergence qui se décline sous divers aspects, y compris entre les différentes administrations».


Intégrer suffisamment d’agilité organisationnelle pour que l’offre et la demande soient en adéquation

Pour Rédouane El Haloui, président de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI), la problématique de la compétence au niveau du secteur qu’il représente se résume à l’adéquation entre l’offre et la demande.

Sachant que 80% des emplois de 2030 ne sont pas encore connus, et prenant en compte le fait que la durée de compétences moyenne du profil technique est de 24 mois, «il faut impérativement ajuster l’offre à la demande» et intégrer suffisamment d’agilité organisationnelle pour que l’offre et la demande soient en adéquation.

À ce titre, il apprécie la mise en place d’un comité inter-sectoriel de compétences pour traiter en profondeur la problématique de l’adéquation des compétences qui pénalise beaucoup d’autres secteurs.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO

 


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