Alarmant : le Maroc fait un retour en arrière de 7 ans dans les inégalités sociales
Dans une note publiée, mercredi dernier, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) révèle qu’environ 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté ou dans la vulnérabilité sous les effets combinés de la crise sanitaire liée au Covid-19 et de l’inflation.
Face aux effets combinés de la crise sanitaire liée au Covid-19 et du choc inflationniste, le Maroc vient de perdre sept années de progrès vers l’élimination de la pauvreté et de la vulnérabilité. C’est ce qui ressort de la dernière note du HCP qui trace les évolutions des inégalités sociales dans un contexte marqué par les effets de la pandémie et de la hausse des prix.
Les traits saillants de l’étude, intitulée «Évolution des inégalités sociales dans un contexte marqué par les effets de la covid-19 et de la hausse des prix», révèle qu’environ 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté (1,15 million) ou dans la vulnérabilité (2,05 millions).
«Près de 45% de cette détérioration de la pauvreté et de la vulnérabilité est due à l’effet de la pandémie et 55% à l’effet de la hausse des prix à la consommation», précise le HCP dans cette note.
Avec ces résultats, le Maroc se retrouve avec un niveau de pauvreté et de vulnérabilité similaire à celui de 2014. Dans le détail, le HCP indique que les effets combinés de la pandémie et de l’inflation auraient entraîné une baisse du niveau de vie par personne, en termes réels, de 7,2% au niveau national, entre 2019 et 2022, passant de 20.400 DH à 18.940 DH, de 6,6% à 23.000 DH en milieu urbain et de 8,9% à 11.650 DH en milieu rural.
Les effets de la pandémie sur les ménages
S’agissant de l’impact de la crise sanitaire sur les ménages, on trouve que le niveau de vie de ces derniers a annuellement régressé de 2,2% entre 2019 et 2021. Durant cette période, le niveau de vie moyen des ménages, mesuré par la dépense de consommation par tête en valeur nominale, a baissé de 20.400 DH à 20.040 DH au niveau national, de 24.620 DH à 24.260 DH dans les villes et de 12.800 DH à 12.420 DH à la campagne.
En termes réels, le niveau de vie a annuellement baissé de 2,2% sur cette période, de 2% en milieu urbain et de 2,6% en milieu rural. L’enquête a également soulevé que sous les effets de la crise sanitaire, les ménages ont fortement réduit les dépenses allouées aux «Equipements et meubles de maison», marquées par une baisse, aux prix constants, à raison de 19,1% par an. Les dépenses attribuées aux activités de loisirs ont également enregistré une baisse annuelle à deux chiffres, soit 14,3%.
Cette tendance à la baisse s’établit à 5,9% pour les dépenses d’habillement, à 2,4% pour les dépenses alimentaires, à 2% pour les dépenses de transport. A contrario, les dépenses allouées aux «Soins médicaux» et aux «Biens et services de communication» ont enregistré une hausse annuelle respectivement de 10,9% et 4,6%. Ce rebond est lié au surcoût de dépense des mesures de précaution pour lutter contre la propagation de la Covid et à l’intensification des usages des technologies de communication depuis le début de la crise sanitaire.
«L’incidence de la pauvreté absolue a augmenté de 1,7% en 2019 à 3% en 2021 au niveau national, de 3,9% à 6,8% en milieu rural et de 0,5% à 1% en milieu urbain. Parallèlement, la vulnérabilité économique a connu une importante hausse avec un taux de vulnérabilité qui est passé de 7,3% en 2019 à 10% en 2021 au niveau national, de 11,9% à 17,4% en milieu rural et de 4,6% à 5,9% en milieu urbain», lit-on dans le rapport.
Les effets de l’inflation
S’agissant de l’impact de l’inflation sur les ménages, le rapport a soulevé qu’entre janvier et juillet 2022, les prix ont augmenté plus vite en milieu rural et pour les ménages les moins aisés. En effet, les prix à la consommation ont connu une hausse plus rapide et le taux d’inflation moyen (en glissement annuel) a atteint 5,5%, soit un niveau 5 fois supérieur à celui enregistré entre 2017 et 2021.
Cette inflation moyenne cache des évolutions différenciées selon le milieu de résidence. La hausse des prix (en glissement annuel) a été, en moyenne, plus élevée pour les ménages ruraux (6,2%) que pour les ménages urbains (5,2%). La contribution des principales composantes de l’inflation montre que plus de la moitié de la hausse des prix (58%) est due à la composante «Produits alimentaires», 22% à la composante «Transport» et 20% aux autres composantes.
C’est ainsi que 80% de l’inflation en œuvre s’explique par la hausse des prix à la consommation des produits alimentaires et du transport.
Indicateurs de mesure
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO