Éco-Business

Akram Lashgari : “L’encours du crédit reste dans la moyenne du marché”

Akram Lashgari
Directrice de la Business unit Crédit conso à la BMCI

En temps de crise, le consommateur privilégie généralement les crédits plus courts, jugés peu engageants, et préfère conserver son épargne par précaution. La responsable du crédit à la consommation de BMCI explique la tendance actuelle du marché, et présente les atouts de la banque.  

Comment jugez-vous la croissance du crédit à la consommation depuis le déclenchement de la crise ?
Après une baisse de 3% durant l’année covid, le crédit à la consommation a connu un redémarrage dynamique post-crise. Il a bénéficié à la fois d’un effet de report d’achat de biens de consommation durant le confinement, de conditions financières attractives suite à la baisse du taux directeur pendant la crise, ainsi que de son maintien jusqu’à septembre 2022. Ainsi, l’encours de crédit à la consommation du marché a connu une hausse de 5,1% et 5,3%, respectivement en 2021 et 2022 – banques et sociétés de financement confondues – ce qui correspond à la moyenne sur les cinq dernières années avant-crise (2014-2019).

La reprise économique a-t-elle boosté la croissance du crédit aux ménages ?
Les données macroéconomiques 2022 ne montrent pas un retour au rythme de croissance pré-crise. En 2022, le PIB agricole a de nouveau souffert de la sécheresse tandis que le PIB non agricole a été fortement pénalisé par le ralentissement du secteur secondaire (selon le HCP). La consommation des ménages a également marqué une décélération en passant de 8,2% en 2021 (effet de base covid) à 2,3% en 2022, soit un rythme inférieur à celui d’avant-crise (selon BAM).

Le premier trimestre 2023 s’inscrit dans la continuité de la tendance 2022, conjuguée aux conséquences du resserrement de la politique monétaire menant à des hausses de taux. Les tensions inflationnistes vécues en 2022 semblent perdurer également en 2023 (8,1% à fin mars), ce qui devrait continuer à peser sur la consommation des ménages.

Au premier trimestre de l’année en cours, le marché du crédit à la consommation a connu un ralentissement du rythme de croissance à +0,7% sur un an tandis que la BMCI affiche une croissance de 1,9%. Ces réalisations de marché pourraient refléter la tendance générale en 2023 sous l’effet d’une hausse des taux clients impactant la capacité d’endettement des ménages.

Qu’en est-il de l’effet des hausses du taux directeur sur ceux de la banque ? La répercussion a-t-elle été faite totalement ?
Face à une pression inflationniste internationale, la Banque centrale a procédé à trois hausses successives du taux directeur de 50 points de base qui n’ont pas été répercutées sur les taux clients. Au premier trimestre, ces taux débiteurs semblent montrer un fléchissement à la hausse, ce qui devrait indiquer la tendance pour 2023.

L’engouement pour le crédit consommateur est-il toujours présent ?
Historiquement, en temps de crise, de nouveaux usages et motifs de souscription du crédit à la consommation se développent en lien avec la dégradation du pouvoir d’achat des consommateurs et l’incertitude quant à l’avenir. Le consommateur privilégie généralement les crédits plus courts, jugés peu engageants, et préfère conserver son épargne par précaution. Le crédit à la consommation devrait donc rester dans les habitudes du consommateur qui, avec la crise qui perdure, ne souhaite plus renoncer à son projet.

Quelles sont les innovations mises en place par la banque pour attirer la clientèle ?
La ligne de métier Crédit à la consommation de BMCI est en constante évolution afin de répondre au mieux aux besoins du consommateur. Sur le digital, notre stratégie consiste à rendre nos clients toujours plus autonomes, ainsi qu’à améliorer et simplifier leurs parcours digitaux.

Dans cette optique, la BMCI a lancé son nouvel espace client Crédit conso qui permet au client de consulter et de suivre en ligne – à tout moment et gratuitement – les détails de son crédit à la consommation en cours et à venir.

Concernant le crédit auto, dont le secteur a été fortement impacté par la crise des semi-conducteurs et qui a conduit à un déficit de l’offre de véhicules neufs, la ligne de métier Crédit à la consommation a su rebondir et se tourner vers le financement des véhicules d’occasion, en signant notamment un partenariat avec des plateformes de vente en ligne de véhicules d’occasion.

À l’instar de ce qui a été fait lors de la crise sanitaire, la BMCI a également renforcé son service après-vente à distance (2828) pour être à l’écoute des besoins et de la situation spécifique de chaque client, en ayant une attention particulière sur leur niveau d’endettement et en particulier des clients fragilisés par la crise.

La banque est en mesure de proposer une solution adaptée à la situation de chaque client. Enfin, la BMCI souhaite être précurseur du crédit responsable auprès des particuliers en proposant des offres RSE pour encourager le client à consommer de manière responsable et réduire sa facture énergétique dans un environnement de hausse des prix de l’énergie.

En effet, la ligne de métier Crédit à la consommation a lancé en début d’année deux offres :  la première porte sur le thème de la transition énergétique avec une offre spécifique pour le financement des appareils électroménagers à basse consommation énergétique A+++ avec notre partenaire de la grande distribution.

La deuxième offre porte sur le thème de l’économie circulaire chez notre distributeur de produits Apple reconditionnés. Nous avons également signé plusieurs partenariats avec des distributeurs de panneaux solaires et de véhicules électriques (motos, trottinettes et vélos électriques).

Qu’en est-il de l’état des créances en souffrance ?
La BMCI n’a pas constaté de dégradation au niveau des créances en souffrances sur le périmètre crédit à la consommation. Elle reste à l’écoute des besoins et de la situation spécifique de chaque client et garde une attention particulière sur le niveau d’endettement des clients et plus spécifiquement de ceux qui ont été fragilisés par la crise. Ce qui nous permet de conserver la qualité de notre portefeuille crédit.

Comment contribuez-vous à l’élargissement de l’accès au crédit ?
Dans ce contexte économique incertain, la BMCI continue d’accompagner ses clients dans leurs projets quotidiens tout en étant vigilante sur leur niveau d’endettement. Compte tenu des niveaux élevés d’inflation, la banque continue de promouvoir les financements qui permettent aux particuliers de réduire leur facture énergétique, notamment avec les offres RSE susmentionnées. Toujours dans un contexte de partenaire financier du client, la BMCI adapte ses offres à son cycle de vie comme par exemple pour l’offre « La Rentrée scolaire » dont le montant maximum a été revu à la hausse en 2022.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


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