Éco-Business

Agroalimentaire : un potentiel de substitution aux importations de 10 MMDH

Les professionnels de l’agroalimentaire ont bien retenu les leçons de la crise du Covid-19 qui a durement malmené les chaînes d’approvisionnement mondiales. Aujourd’hui, ils ont un projet phare, celui de développer le sourcing local, sachant que le secteur dispose d’un potentiel de substitution aux importations de l’ordre de 10 MMDH. 

Le conflit russo-ukrainien a aggravé la perturbation des chaînes d’approvisionnement, déjà durement malmenées par la crise du Covid-19. Tirant les leçons de cette expérience douloureuse, les entreprises marocaines bougent enfin, cherchant désormais par tous les moyens de la proximité et de la sécurité pour leur approvisionnement.

Dans le secteur de l’agroalimentaire, l’heure n’est pas uniquement à la prise de conscience mais à l’urgence. Le constat est sans appel ! Si le secteur des industries alimentaires revêt une importance stratégique dans le tissu industriel national, eu égard à son rôle dans la sécurité et la souveraineté alimentaires, les professionnels dépendent des importations, notamment de celles des intrants manufacturés.

La facture en est estimée, aujourd’hui, à 18 milliards de dirhams (MMDH) dont près de 60% sont importés. En gros, le secteur dispose d’un potentiel de substitution aux importations de l’ordre de 10 MMDH. C’est dans ce contexte, d’ailleurs, que la tutelle et les professionnels ont acté, en début de semaine, un deal autour de quatre conventions de partenariat pour le développement du sourcing local auprès des opérateurs locaux.

Outre le ministre de l’Industrie et du commerce, les signataires en sont, entre autres, la Fédération nationale de l’agroalimentaire (FENAGRI), la Fédération nationale des industries de transformation et de valorisation des produits de la pêche (FENIP), la Fédération marocaine de plasturgie (FMP), la Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de l’emballage (FIFAGE) et la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME).

Un gain de 8 MMDH, pour la balance commerciale à l’horizon 2026


Ce partenariat, qui s’inscrit dans le cadre de la vision Royale dont l’objectif est d’encourager une production locale compétitive dans la perspective du renforcement de la souveraineté industrielle et alimentaire du Royaume, cadre parfaitement avec la stratégie du ministère qui repose, notamment, sur une approche de substitution aux importations.

Il a pour objectif de renforcer l’intégration locale en créant des synergies et des partenariats gagnant-gagnant entre les industries alimentaires et les autres écosystèmes industriels, notamment l’industrie de la plasturgie et celle des emballages ainsi que l’industrie mécanique et métallurgique.

Concrètement, il est attendu la génération d’un gain de 8 MMDH, pour la balance commerciale, à l’horizon 2026 et la création de 7.500 emplois industriels directs à terme. Aujourd’hui, le secteur regroupe 2.000 entreprises. Avec un chiffre de 160 MMDH dont 36 MMDH à l’export, il emploie plus de 152.000 personnes, selon les chiffres de la CNSS pour 2020.

C’est ce que confirme Hamid Felloun, directeur général de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri). Il estime que la signature de ces conventions constitue un bon engrais pour atteindre la souveraineté industrielle, ce qui passe par l’augmentation du taux d’intégration du secteur agroalimentaire, de manière générale. «Ce taux est, aujourd’hui, en deçà de nos aspirations, à savoir entre 25 et 30%, alors que celui d’autres industries nationales comme l’automobile se situent à plus de 60%», explique Hamid Felloun pour qui intégration rime avec compétitivité et amélioration de l’ensemble de la chaîne de valeur.

«Nous avons identifié un potentiel important en matière de substitution des importations des intrants manufacturés qui offre des opportunités d’investissement incontestables», a souligné Ryad Mezzour, lundi à Rabat, devant les présidents des associations et fédérations professionnelles du secteur des industries agroalimentaires (IAA).

Il faut noter que beaucoup reste à faire au Maroc, notamment en matière de transformation qui constitue un levier important de valorisation de la production agricole et d’amélioration de sa valeur ajoutée, comme l’illustre, dans un rapport, le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Si la production des fruits et légumes destinée à l’export enregistre, par exemple, 2 millions de tonnes, l’industrie de transformation n’en représente que 0,5 million, soit 4% de la production nationale, le reste, soit 9 millions de tonnes, étant écoulé sur le marché local.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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