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Agriculture : les produits marocains dans la ligne de mire de Vox

Vox, formation ultranationaliste et xénophobe, accuse les autorités andalouses de dissimuler l’existence d’un réseau organisé spécialisé dans le reconditionnement des exportations agricoles marocaines sous le label espagnol. Les enquêtes ont montré qu’il s’agit d’un incident de petite portée.

La saison des campagnes diffamatoires à l’encontre de la production agricole marocaine destinée aux étals européens redémarre de plus belle. Le parti d’extrême droite Vox a repris son offensive contre les envois agricoles marocains. Cette fois-ci en faisant allusion à l’existence d’un réseau frauduleux organisé entre le Maroc et l’Espagne, qui s’active dans l’acheminement des produits du terroir pour ensuite les réétiqueter afin de les commercialiser sous le label espagnol.

Dans cette nouvelle sortie, cette formation de l’opposition a estimé que les pertes s’élèvent à des « millions », à cause de cette pratique frauduleuse. L’affaire a éclaté l’année dernière, suite à une forte campagne de mobilisation orchestrée par le lobby espagnol, lequel a dépeint un tableau sombre de la situation, faisant croire à un réseau spécialisé et organisé dédié au reconditionnement des envois agricoles marocains dans des entrepôts espagnols, dédiés à cette fin. Ce qui a fait intervenir le département en charge du dossier agricole dans le gouvernement régional andalou. Celui-ci a mené une minutieuse enquête sur plusieurs mois. Résultat,  la fraude est minime et est loin d’être aussi importante comme l’a décrit le lobby agricole espagnol et ses porte-voix.

Concrètement, le ministère régional andalou a sanctionné six entreprises importatrices, au terme de cette investigation. Mais Vox ne partage pas cette position, et, en fidèle partisan de la théorie du complot, le parti xénophobe  voit la main du Maroc dans cette affaire. Pis encore ! la formation veut faire la chasse aux sorcières à l’encontre des firmes contrevenantes.

À cet effet, il a appelé le gouvernement andalou à publier la liste des entreprises ayant commis cette infraction, « pour être la cause de la ruine des champs d’Almeria », a exigé la troisième force politique espagnole. Vox a même accusé le département régional de manque de transparence en refusant de désigner, à la vindicte des agriculteurs, le nom des fauteurs. De fait, le lobby agricole, soutenu corps et âme par cette formation, a dans sa ligne de mire les entreprises d’origine espagnole ayant choisi d’élire «exploitation agricole » sous nos latitudes.

Pour les orthodoxes de la filière, il s’agit d’une trahison et d’une concurrence déloyale de la part des investisseurs ibériques qui se sont implantés au Maroc. Pour Mounir Ahmed, agriculteur marocain établi dans la région d’Almeria, cette pratique de « re-labelisation » des produits marocains a toujours existé et, certes, porte atteinte aux petits agriculteurs mais des fraudes existe même au sein des producteurs agricoles issus de la région, soutient-il, sans vouloir trop donner de détails, de crainte de représailles de la part de sa corporation. Fort de ses solides assises électorales dans les régions agricoles, où il a d’ailleurs réalisé sa première percée, Vox se présente comme le défenseur de l’agriculteur espagnol contre son concurrent marocain.

En tout cas, le parti, mené par le leader réactionnaire et nationaliste Santiago Abscal, se fait tout petit quand des détentions ou des sanctions touchent les patrons des exploitations agricoles, mis en examen pour abus et exploitation d’ouvriers agricoles, qui représentent la majorité des Marocains. La dernière arrestation en date remonte à quelques mois à peine. L’enquête a démontré que, outre le travail pénible auxquels ils sont acculés, ces journaliers étaient contraints de s’acquitter d’une somme de 5.000 euros, pour pouvoir décrocher des contrats de travail  et de la sorte régulariser leur situation sur le sol espagnol.

Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations ÉCO


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