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Stress hydrique : Les industriels face à leurs responsabilités

Le patronat se mobilise en préparation de la COP22 de Marrakech. La raréfaction des ressources hydriques a été au coeur de la première de quatre conférences programmées par la CGEM en préparation de ce rendez-vous crucial. La ministre chargée de l’Eau appelle les entreprises à plus d’implication, autant pour investir dans le secteur, que pour l’utilisation efficiente de la ressource. Les rejets industriels de la seule région de Casablanca-Settat sont équivalents aux rejets domestiques d’une ville de 5,5 millions d’habitants!

Dans le cadre des préparatifs pour la COP22, l’heure est à la mobilisation pour les entreprises aussi. La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a, dans ce cadre, entamé les concertations avec ses affiliés et ses partenaires pour fixer le cadre de la contribution du secteur privé marocain à la Conférence onusienne sur le changement climatique prévue à Marrakech en novembre prochain. Mardi dernier, se tenait la première de quatre conférences programmées par la CGEM en préparation de ce rendez-vous crucial. Lors de cette première rencontre axée sur les problématiques liées à l’eau, les entreprises marocaines se sont retrouvées à la fois face aux opportunités d’affaires significatives liées à cette thématique, et face aux contraintes qui s’érigent de plus en plus.

Opportunités et contraintes
En ouverture des travaux de la conférence, Charafat Afilal (photo), ministre déléguée auprès du ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargée de l’Eau, a appelé «les entreprises nationales à investir dans le secteur hydrique pour garantir la diversification des ressources en eau et l’allégement de la pression sur les eaux douces», mettant d’emblée en avant les contraintes auxquels les entreprises marocaines devront faire face. «L’eau est l’un des secteurs les plus menacés par les changements climatiques d’où la nécessité de conjuguer les efforts de tous les intervenants dans la perspective de placer ce secteur au centre des préoccupations de l’ensemble des acteurs concernés, et au cœur de la COP22, à l’instar de la question de l’efficacité énergétique», a estimé la ministre. «La recherche de ressources hydriques supplémentaires n’est pas uniquement l’apanage de l’Etat, il est nécessaire que les entreprises de s’inscrivent dans le processus de mise en place d’une politique environnementale à même de garantir une production saine qui permettra la réduction des déchets industriels», poursuit la ministre.

L’industrie en première ligne
La ministre en charge de l’Eau semble déterminée à faire de la problématique de l’eau une question centrale lors de la prochaine COP. Mais la partie semble loin d’être gagnée. «J’ai une mauvaise nouvelle pour vous quant à la place que tiendra la question de l’eau.

En effet, lors de la COP21 de Paris, cette question est restée en second plan dans les orientations officielles de la Conférence, ce qui pose un problème de procédure pour les négociations de la COP22, puisqu’elles auront comme base la déclaration de l’édition précédente», alerte Nicolas Imbert, DG de Green Cross, expert en changement climatique. Ceci dit, les entreprises marocaines n’en sont pas moins directement concernées.

En effet, outre la raréfaction de la ressource hydrique notamment pour les besoins de l’industrie, la réglementation nationale est en passe d’être durcie, notamment sur les rejets des eaux usées, dans le cadre du Plan National de l’Eau. «De nouvelles normes environnementales des industriels existent depuis 2013, et elles seront appliquées dès 2018.

A ce moment là, toute infraction de la part des industriels sera sanctionnée», rappelle Abdelaziz Zerouali, Directeur de l’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg-Chaouia. Il faut dire que l’industrie est l’un des premiers responsables de la dégradation de la qualité des ressources hydriques nationales. «Les rejets industriels de la seule région de Casablanca-Settat sont équivalents aux rejets domestiques d’une ville de 5,5 millions d’habitants», poursuit Zerouali.

Efficacité hydrique
Pour sa part, la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah Chakroun, reconnait que «le changement climatique, avec sa composante liée à l’eau, nécessite un bouleversement des manières de produire et de consommer, ajoutant qu’à la lumière de la question de l’efficacité énergétique, le raisonnement en terme d’efficacité hydrique est devenu indispensable avec tout ce que cela suppose au niveau du changement de processus pour l’agriculture et l’industrie, mais également en terme de culture citoyenne». Là, une proposition de l’assistance est venue jeter un froid parmi les patrons.

Cette position consiste à proposer d’augmenter le prix nominal du mètre cube consommé pour pousser les industriels à plus de parcimonie dans leur utilisation de la ressource pour des raisons d’économie en charges. «Cette proposition ne me convient pas du tout, je pense qu’il y a d’autres solutions bien meilleures pour atteindre ce même objectif», a rétorqué Houria Tazi Sadeq, Présidente de l’Alliance Marocaine pour l’Eau et membre du Conseil national de l’entreprise à la CGEM. Du coup, les discussions autour des pistes de mise à niveau environnementale des industries sont loin d’être conclues. Le patronat semble cependant avoir pleinement pris conscience de l’enjeu autour de cette ressource chère à la vie, mais dont le prix reste loin d’en refléter la valeur. 


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