Plan d’accélération industrielle : L’automobile sur les chapeaux de roues
Tout porte à croire que les objectifs à l’horizon 2020 de la composante «automobile» du Plan d’accélération industrielle seront atteints dans les délais prévus. Pour accompagner la dynamique ambiante, le Groupe Attijariwafa bank lance un nouveau produit dédié aux industriels de l’écosystème automobile.
Cela peut paraître anodin, mais l’histoire mérite d’être racontée. Connue surtout pour sa célèbre marque de matelas et de sommier, l’entreprise familiale Dolidol fait partie des quelques dizaines d’équipementiers automobile que compte aujourd’hui le Maroc.
L’entreprise fabrique depuis sept ans des feutrines pour le compte de l’usine de Renault à Tanger. «Pour pérenniser notre position de leader, nous avons pensé qu’il était temps d’accompagner le développement de l’industrie nationale. Aujourd’hui, notre activité automobile ne se limite pas aux feutrines, puisque nous avons investi également dans la mousse», affirme Jalil Skali, directeur général de Dolidol, qui s’exprimait hier lors d’une rencontre organisée hier à Casablanca par le Groupe Attijariwafa bank, en partenariat avec l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile (Amica). Tout en remettant en cause l’idée selon laquelle le business de l’industrie automobile «fait gagner beaucoup d’argent», le patron de Dolidol ne renie pas les nombreux avantages dont a profité l’entreprise, en se conformant aux exigences des constructeurs mondiaux (qualité, productivité, prix, etc…). Il sait que le retour sur investissement n’est pas immédiat et que ce qui importe le plus, c’est surtout la capitalisation des projets à long terme. Skali fournit une preuve à ses propos en annonçant le lancement imminent à Casablanca d’une joint-venture (JV) associant Palmeraie Industries & Services (holding détenant la marque Dolidol) à un opérateur européen, sans révéler, ni son nom, ni le montant de l’investissement. Un projet qui, dit-il, va propulser l’entreprise aux côtés des équipementiers automobile de premier rang. Sa taille, a-t-il ajouté, sera inférieure à celle du JV créée par le marocain Induver et le géant japonais Asahi, portant sur un investissement de 1,1 milliard DH.
La nouvelle usine d’Induver, dont la cérémonie de pose de la première pierre vient d’être célébrée il y a deux semaines dans l’Atlantic Free zone à Kenitra, va produire, dans une première étape, 1,2 million carsets vitrage et générera pas moins de 650 nouveaux emplois hautement qualifiés. «Des dizaines de nouvelles recrues sont actuellement en formation en Belgique», souligne Hakim Abdelmoumen, DG d’Induver et, en même temps, président de l’Amica.
Optimisme
«Deux ans après le démarrage du Plan d’accélération industrielle, le bilan est salutaire pour le secteur de l’automobile», témoigne Mamoune Bouhdoud, ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, chargé des Petites entreprises et de l’intégration du secteur informel. Chiffres à l’appui, le Maroc a atteint une capacité de production de 600.000 véhicules par an en 2016, contre 400.000 en 2014, pour un objectif d’un million à l’horizon 2020. Il en est de même pour le chiffre d’affaires réalisé à l’export, culminant à 60 milliards DH en 2016 (dépassant l’apport des phosphates), contre 40 milliards en 2014. Face à cette hausse de 50%, le ministre Bouhdoud se montre optimiste quant à l’atteinte de la barre des 100 milliards DH fixée à l’horizon 2020.
Toujours à fin 2016, pas moins de 60 nouveaux sites industriels sont venus s’ajouter aux 127 déjà existants en 2014, portant le nombre total des emplois engagés par le secteur à 132.000, contre 73.000 deux ans auparavant. Un autre évènement de taille, et non des moindres, celui de l’accord signé avec le constructeur PSA pour son projet d’usine à Kenitra, est venu donner une nouvelle dimension à la composante «automobile» du Plan d’accélération industrielle. «Nous tenons notre planning.
Le recrutement a déjà commencé», a rassuré Rémi Cabon, directeur général de PSA Maroc. Ledit accord, faut-il le rappeler, requiert un taux d’intégration de 60% pour cette usine dont le démarrage est prévu en 2019 avec une production initiale de 90.000 moteurs et véhicules. Cabon va plus loin en insistant sur l’ancrage local des investissements du groupe français, au point de vouloir atteindre 100% à terme. «Il reste encore 40% à saisir, ce qui représente d’énormes opportunités pour les équipementiers locaux», lance le DG de PSA Maroc, en évoquant cette fois-ci la carte du «sourcing» dans laquelle le Maroc sera amené à jouer un rôle majeur à l’échelle régionale.
L’arrivée de PSA ne doit en aucun cas nous faire oublier l’implantation au Maroc de Renault, d’abord à Casablanca depuis 1966 (via Somaca), ensuite à Tanger depuis 2012, à travers sa géante usine de Mellousa. «Les deux usines drainent aujourd’hui 12% de la production mondiale du Groupe Renault. Aussi, à partir du Maroc, nous exportons des composantes automobile à destination des autre usines Renault et de l’alliance Renault/Nissan», souligne Abdelaziz Mouhajir, directeur des ressources humaines chez Renault, en rappelant l’objectif de 65% d’intégration, prévu à l’horizon 2023 contre 45% aujourd’hui.
Lors de la convention Attijariwafa bank/Amica, marquée par l’organisation de plusieurs rencontres B to B, les représentants de Renault et de PSA ont saisi l’occasion pour présenter leurs besoins spécifiques en équipements automobile, invitant les investisseurs à saisir ces opportunités (vitrage, batterie, plastique, tapis, pneumatique et systèmes embarqués, tôle nue, emboutissage fonderie, connectique, bobinage, etc.). Outre la participation de ces deux constructeurs, l’évènement d’hier a connu la participation du fonds Avenir automobile de Bpifrance (banque publique d’investissement) ainsi qu’une délégation d’industriels étrangers venus à la rencontre de leurs homologues marocains.
Mohamed El Kettani
Président du Groupe Attijariwafa bank
Le Maroc s’est hissé au rang des nations majeures de l’industrie automobile mondiale. Celle-ci est devenue une véritable locomotive de l’économie nationale. Le secteur a atteint son point d’orgue avec la mise en place du Plan d’accélération industrielle appuyé par la création d’écosystèmes performants. Il a pu réaliser des performances exceptionnelles grâce à une forte synergie des efforts entrepris par le ministère de l’Industrie, les opérateurs économiques ainsi que les régions et les localités qui ont accueilli les investissements. Générant pas moins de 60 milliards DH à l’export en 2016, le secteur est devenu la première source de devises au Maroc, avec une croissance annuelle moyenne de 20% sur les cinq dernières années».
La recette Attijariwafa bank pour séduire les industriels de l’automobile
La rencontre, organisée hier à Casablanca par le Groupe Attijariwafa bank et l’Amica, a eu pour thème : «L’écosystème automobile au Maroc : opportunités d’investissement dans une industrie en croissance». Le Groupe Attijariwafa bank a saisi l’occasion pour lever le voile sur les détails d’une nouvelle offre dédiée aux investisseurs locaux et étrangers. Baptisée «Plan automotive», cette offre regroupe des solutions de financement des investissements pour accompagner les projets onshore et offshore à travers des financements ainsi que des mécanismes d’accompagnement en partenariat avec la Caisse centrale de garantie, Maroc PME et le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique.