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Phosphates, énergie et sécurité au menu de la reprise

Le roi Mohammed VI devait entamer le 1er décembre une visite officielle au Nigéria. Une première dans ce pays historiquement hostile à la cause nationale. Un forum d’affaires s’est ouvert la veille, afin de continuer à défricher le terrain de la coopération économique et commerciale entre les deux pays. Le Maroc vante notamment son savoir-faire en matière d’exploitation des phosphates.

Après plusieurs années de brouille, le Maroc renoue avec le Nigéria. La veille de la visite du souverain prévue à Abuja, le Forum d’affaires maroco-nigérian avait entamé ses travaux à Lagos.  Y étaient présents les représentants des patronats marocain et nigérian, ainsi que de grands groupes et de responsables des deux pays. L’objectif étant de promouvoir un partenariat novateur et d’explorer les opportunités d’affaires et d’investissements offertes par le Maroc et le Nigéria. Des signaux positifs ont pu être constatés durant ces derniers mois concernant un éventuel rapprochement avec Abuja en adéquation avec la nouvelle politique du royaume vers l’Afrique et la question du Sahara. Une visite du ministre délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita au Nigéria, en juillet dernier, a permis de rapprocher les points de vue sur les questions de sécurité alimentaire et de coopération agricole, notamment le projet d’installation d’une unité de produits de fertilisants de l’OCP.

Le Nigéria constitue, auprès de pays tels que l’Afrique du Sud, l’Éthiopie et le Kenya, l’un des pays qui présentent la plus forte demande en engrais. Pourtant, le début d’année 2016 a été marqué par une tension dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Le Maroc avait quasiment ignoré l’élection du président Muhammadu Buhari en n’envoyant aucun haut responsable à sa cérémonie d’investiture et quelques semaines plus tôt, une polémique avait enflé concernant un éventuel entretien téléphonique entre le roi Mohammed VI et le président sortant du Nigéria, Goodluck Jonathan. Aujourd’hui, la logique économique et commerciale semble avoir pris le dessus. Et pour cause, les pistes de coopération et les secteurs porteurs ne manquent pas, notamment dans l’agroalimentaire, l’équipement automobile, le tourisme, le phosphate, la construction, les banques et les produits artisanaux. Le Nigéria dispose du plus grand marché d’Afrique, avec plus de 180 millions d’habitants, ainsi que d’importantes ressources minières et de pétrole. Pour sa part, le Maroc devrait capitaliser sur sa stabilité et sa proximité avec les marchés européens.

Le royaume dispose également d’un savoir-faire avéré dans de nombreux secteurs (automobile, aéronautique, textile et habillement, agroalimentaire, tourisme…). Dans ce contexte, le commerce entre les deux pays demeure parcimonieux. En 2015, les échanges commerciaux entre le Maroc et le Nigéria se sont chiffrés à environ 1,2 MMDH. La balance commerciale est excédentaire au profit du Maroc, dont les expéditions se sont établies à près de 950 MDH en 2015.

Pour faire mieux, il est urgent d’agir sur les barrières non tarifaires. «Nous devons adoucir les régimes commerciaux, éliminer les mesures non tarifaires et simplifier les régimes fiscaux entre nos deux pays», a plaidé Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la Confédération générale des entreprises marocaine (CGEM), à l’occasion de l’ouverture des travaux du forum. Le patronat a d’ailleurs fait observer qu’en plus des problèmes tarifaires et non tarifaires, les obctacles structurels liés à la connectivité limitent l’expansion des relations d’affaires entre le Maroc et le Nigéria. Il est à noter que le Maroc compte également sur son expertise, en matière de lutte contre l’extrémisme religieux, comme sérieux argument en vue de faire pencher la position du Nigéria concernant l’affaire du Sahara. Le Nigéria étant depuis plusieurs décennies un soutien inconditionnel aux thèses séparatistes. Le pays ayant reconnu la RASD en 1984 et ayant tenu, depuis, un discours hostile à la cause nationale marocaine. 


Un gigantesque projet gazier en discussion ?
La visite du roi Mohammed VI au Nigéria devrait être marquée par l’annonce d’un projet gazier de grande envergure. L’information a été relayée par nos confrères d’Économie et Entreprises qui croient savoir qu’il s’agira d’un mémorandum d’entente pour la construction d’un gazoduc reliant le Nigéria au Maroc, en longeant les pays de la côte ouest-africaine. Le Maroc aurait d’ailleurs déjà réussi à obtenir l’adhésion de plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest pour ce projet qui acheminera le gaz nigérian jusqu’au marché européen. Le gazoduc permettrait aussi au royaume de diversifier ses sources d’approvisionnement, conformément aux objectifs du plan gazier marocain.



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