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«Nous sommes certains de notre victoire»

Le leader du parti de l’Istiqlal était l’invité de l’émission Fi’Samim de Horizon TV. Hamid Chabat livre sa vision sur la notion de «bipolarité politique», et se montre confiant sur les chances de l’Istiqlal aux prochaines élections. Il partage par la même occasion les idées phares du programmes électoral de son parti.

Les Inspirations ÉCO : Vous avez clairement affiché votre désaccord quant à la bipolarité apparente du paysage politique en période électorale, partagé entre le PJD et le PAM. Une bipolarité que vous avez qualifiée de fictive. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Hamid Chabat : Elle l’est, et nous l’avons-nous même constatée grâce au travail de préparation que nous avons effectué au vu de l’approche de l’échéance électorale du 7 octobre prochain. Nous suivons, jour par jour, les évolutions au niveau de nos bureaux électoraux et sondons nos têtes de listes ainsi que la force avec laquelle ces derniers se mobilisent. Je peux vous affirmer, aujourd’hui, que notre confiance n’en est que renforcée. Cette confiance est d’autant plus forte que les hommes et les femmes qui portent notre étendard sont dignes de l’héritage de notre parti politique. Nous sommes certains de notre victoire. Pour revenir à votre question, ce que nous observons actuellement dans le paysage politique est un faux débat, créé de toute pièce par les mêmes qui agitent la bipolarité comme vérité absolue alors qu’elle n’est qu’une chimère qui ne sert que les intérêts de ceux qui la nourrissent. Cette façon de mener le combat politique est dangereuse pour la démocratie, car feindre de croire qu’il n’y aurait que deux partis politiques majeurs au Maroc, en l’occurrence le PJD et le PAM, est un mensonge. La vérité est qu’il existe dans notre pays plusieurs partis qui s’affrontent sur le terrain de la légitimité en opposant des programmes politiques. Chacun de ces partis ambitionne de gouverner pour appliquer ses idées qu’il pense bonnes pour le pays.

Cette idée ne tire-t-elle pas sa légitimité des précédents scrutins ?
Quand j’observe les résultats des élections régionales, communales et municipales, ainsi que les résultats obtenus lors des votations à la Chambre des conseillers, il me paraît évident que le Parti de l’Istiqlal est tout à fait capable de s’imposer en tant que première force politique, lors des élections à venir. Je ne comprends donc pas comment certains supports médiatiques ont éliminé notre formation dans le traitement qu’ils font de ces actualités, en faveur d’autres partis tout aussi importants, mais qui ne sont pas les seuls à être en lice dans cette compétition. Nous regrettons vraiment cette situation injuste. Cela dit, et ce sera notre bonheur dans notre malheur, les Marocains ont aujourd’hui la possibilité de comparer la politique menée par Abdelilah Benkirane, et les résultats qui sont les siens, et celle menée par Abbas El Fassi. Si la plupart juge que cela ne compte pas et que le pays ne compte aujourd’hui que le PJD et le PAM comme forces politiques, il n’y a nul besoin d’organiser des élections dans ce cas.

Le Parti de l’Istiqlal est réputé pour son organisation rigoureuse et son expérience avérée. C’est ce qui fait aussi que vous affichez une telle confiance en votre capacité de remporter ces élections. Pourquoi donc appeler pour un gouvernement d’union nationale ? Cela n’est-il pas étranger aux pratiques démocratiques que vous défendez ?
Nous considérons, au Parti de l’Istiqlal, que les problématiques auxquelles le Maroc fait face en ce moment, ainsi que les défis que le pays et les Marocains relèvent, nous imposent cette union nationale. Nous n’avons que l’intérêt suprême du pays comme ambition. Si le contexte actuel en appelle à ce genre de formation gouvernementale, nous nous ferons un devoir d’œuvrer à son installation. Je pense que, par égard aux circonstances actuelles, nous ne pouvons nous permettre de nous affranchir d’une telle responsabilité. Certes, le gouvernement d’Abdelilah Benkirane a un bilan. Et ce bilan est lourd en conséquences désastreuses pour l’économie et les conditions générales dans lesquelles les Marocains vivent ces dernières années. Et ce gouvernement devra assumer sa responsabilité face à l’histoire des ravages qu’il a causés. Pour autant, seules deux options se révèlent à nous : soit nous passons notre temps à nous chamailler et à justifier nos échecs en pointant l’autre du doigt, soit nous nous unissons et décidons pour le mieux dans l’intérêt de notre pays et des citoyens qui nous font confiance. Nous sommes foncièrement démocrates. Et c’est parce que nous le sommes que nous rappelons à nos adversaires que la spécificité électorale marocaine ne peut permettre à un seul parti politique de diriger un gouvernement. Voilà pourquoi des alliances sont nécessaires. Le Parti de l’Istiqlal est capable de fédérer des partis qui s’opposent et s’imposer en alternative crédible, à même de rassurer les Marocains inquiets de voir que l’avenir de leur pays s’assombrit, que leur quotidien se raidit et leur pouvoir d’achat se désintègre.

Que dites-vous à ces citoyens sceptiques ?
Je leur dis que le Maroc a la garantie de l’institution royale, la garantie d’une expérience démocratique affinée et la garantie des partis politiques nationaux, avec l’Istiqlal à leur tête, capable d’appréhender les situations difficiles, gérer les crises et atténuer leurs méfaits sur leur quotidien. Nous n’avons pas la prétention de dire que nous détenons la vérité absolue ou que nous ayons raison sur tout ce que nous avançons. Nous pouvons nous tromper comme tout un chacun. Mais nous nous présentons à ces élections avec un programme. Un programme que nous exposons aux électeurs. C’est à eux de décider de la pertinence ou non de l’approche que nous adoptons.

Justement, votre programme destiné aux Marocains présente 64 engagements et plus de 500 actions. Pouvez-vous nous en citer les plus importantes à privilégier si vous êtes au pouvoir ?
Notre programme politique a été conçu en s’accoudant sur les réalités actuelles du pays. Et ces réalités, nous avons eu le regret de constater qu’elles sont marquées par un désarroi généralisé au sein de la population, l’absence d’échange entre le gouvernement actuel et les forces syndicales, une surdité vis-à-vis des doléances exprimées par les représentations des entreprises, une explosion des dettes internes et externes, un délaissement avéré de l’enseignement public et du secteur de la santé, l’immobilier qui n’est plus adapté aux petites bourses et qui décroît à vue d’œil alors qu’il emploie des centaines de milliers de travailleurs, etc. Ces réalités, nous les avons mûrement pensées, et avons concocté un programme fort de notre expérience dans l’exercice du pouvoir depuis les années 70s. Si nous prenons la tête du prochain gouvernement, nous n’aurons pas une approche macroéconomique, mais macrosociale. Nous redonnerons de la vigueur à la croissance du PIB, nous visons les 8% hors agriculture, nous permettrons aux Marocains vivants dans les bidonvilles d’accéder à des logements dignes, nous permettrons à ceux qui souffrent pour recevoir une éducation de le faire dans de meilleurs conditions.  

Le projet est, pour le moins, ambitieux…
Les résultats seront tributaires du succès qu’auront ces réformes, qui ne relèvent que du bon sens. Par exemple, la réforme fiscale, qui s’impose aujourd’hui comme l’un des principaux freins à l’export pour les entreprises ayant les capacités de le faire. Celles-ci n’ont de cesse de se plaindre de ces entraves qui sont incompréhensibles. Les investisseurs n’ont plus confiance en le gouvernement. Il faut remédier à cela pour leur permettre d’investir davantage et créer plus d’emplois.

Vous avez évoqué, à plusieurs reprises, la justice sociale et la distribution équitable des richesses. Comment entendez-vous mettre cette notion en pratique ?
Il existe au Maroc, à ce jour, 12 millions d’hectares qui ne sont pas optimisés en termes d’utilisation. Si on ne dédie que 2 millions de ces hectares à l’exercice économique, cela impacterait grandement le revenu des Marocains. Nous avons constaté que des entités, comme la CDG ou Al Omrane, acquièrent des terrains publics pour 100 DH, 150 DH ou 300 DH, et les revendent à des investisseurs à 1.500 DH. Ceci date d’une époque où le secteur n’était pas structuré, ce qui n’est plus le cas actuellement. Aujourd’hui, il existe des sociétés infiniment mieux structurées qui sont capables de collaborer avec l’État dans le cadre de partenariats public-privé qui pourraient mieux entreprendre les chantiers dont nous avons besoin. Ceci peut être doublement profitable pour le Trésor, qui se verra ainsi bénéficier de la valeur des terrains, cédés à un prix raisonnable, et de l’augmentation des rentrées en termes d’impôts des suites du succès de l’exploitation qui occupera ces terrains. Aussi, 10% de ces terrains peuvent servir à résoudre définitivement le problème des bidonvilles, si des alliances sont conclues avec le secteur privé compétent. Voilà, accessoirement, comment s’opposer à l’économie de rente.

Sur Al Alam, votre porte-voix dans le milieu médiatique, nous avons aperçu un article traitant du changement de foi politique, avec des représentants d’un parti politique qui désertent leurs couleurs pour intégrer un autre parti. Vous n’êtes pourtant pas étrangers à ce type d’agissements…
Tout d’abord, Al Alam est un journal partisan au Parti de l’Istiqlal. Pour autant, les journalistes sont libres de traiter les sujets qu’ils jugent intéressants. Oui, nous avons, nous-mêmes, accepté dans nos rangs un ministre qui a quitté ses couleurs pour arborer les nôtres, et je n’ai absolument aucun problème avec cela. Un istiqlalien nationaliste le reste peu importe le parti politique qu’il intègre. Et si un parti émet le besoin d’accueillir dans ses rangs un des nôtres, je n’y vois pas d’inconvénient.

Cela a le mérite d’être clair. Qu’en est-il du mouvement de jeunesse au sein de votre parti qui a émis des doutes sur la véracité des résultats régionaux ?
Les membres du Parti de l’Istiqlal ont la parole libre. Il peut exister des courants différents de pensée qui peuvent parfois s’opposer. Ce genre de situation est habituellement géré en interne. Malheureusement, un communiqué a été publié sans l’aval du bureau dirigeant du parti, mais cela ne me contrarie pas plus que cela. La prise d’initiative, même quand elle est désorientée, est louable.

Vous avez accusé les médias publics de porter atteinte à l’exercice politique. Pourquoi ?
Je pense que certains représentants des médias publics ne maîtrisent pas le fonctionnement des partis politiques de ce pays. Ces derniers y vont de leurs diatribes et leurs fatwas insensées et infondées, à notre sens, sans pour autant faire l’effort de s’intéresser aux lois qui régissent les partis qu’ils traitent, et qui donnent l’occasion à des adversaires de dire tout et n’importe quoi sur les personnes qu’ils ne portent pas dans leur cœur. Je qualifie cela de manquement au devoir de neutralité qui impose aux médias de s’acquitter de toute subjectivité dans le traitement de l’information.

Quel message souhaitez-vous faire parvenir à la jeunesse marocaine politisée ?
Je leur dis de rester fidèles à leurs principes et travailler dur pour atteindre des positions de décision. Je regrette amèrement la migration des compétences parce que le pays a besoin de toutes ses forces, y compris politiques. Allal El Fassi a entrepris son engagement politique à l’âge de 15 ans. Ce n’est pas le nombre de printemps dont il a été témoin qui ont fait de lui ce qu’il était, mais sa confiance indéfectible en les potentialités de ce pays et en sa propre capacité à apporter le changement attendu. Les jeunes Marocains engagés en politique sont l’avenir de ce pays. Ce sont des jeunes qui ont combattu pour l’Independence, participé à la Marche verte et ont fait du Maroc le poumon économique du continent. Ma foi en eux est inconditionnelle.



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