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«L’ambition du RNI est de renforcer davantage notre modèle économique»

Invité de l’émission «Fi’Samim» d’Horizon TV, Mohamed Boussaïd défend avec assurance le bilan de son parti au sein du gouvernement, notamment sur les volets économique et financier. Boussaïd qui gère, dans l’actuel gouvernement, le département de l’Économie et des finances, tient un discours rassurant sur la santé de l’économie nationale.

Les Inspirations ÉCO : Au RNI, vous avez brandi le slogan : «Nous avons sauvé le Maroc». De quoi avez-vous sauvé le pays ?
Mohamed Boussaïd : Nous n’avons pas brandi ce slogan. Le Maroc a une histoire riche. Nous avons participé à la réussite de cette expérience gouvernementale qui a été confrontée à quelques obstacles à mi-mandat. Quand le RNI est entré au gouvernement, les choses n’allaient pas bien, surtout en ce qui concerne la confiance, la source de l’émergence économique. Au niveau des finances publiques, plusieurs indicateurs étaient au rouge comme le déficit budgétaire et les réserves en devises… Le RNI a participé, via son équipe gouvernementale, à la réussite de cette expérience pour l’achever jusqu’au bout. Aucun parti n’a le droit de prétendre qu’il avait sauvé le Maroc. Sa majesté le roi est le garant de notre unité et de notre stabilité. Nous avons des institutions solides. Chacun joue son rôle.

Quand vous êtes entrés au gouvernement, plusieurs indicateurs étaient au rouge, comme vous le soulignez. Le déficit budgétaire à titre d’exemple était, en janvier 2012, de 7,2%. Mais, vous ne croyez pas que la responsabilité incombe au RNI qui détenait le portefeuille de l’Économie et des finances ?
Le ministère de l’Économie et des finances était dirigé par le président du RNI dans une conjoncture internationale très difficile, caractérisée par une profonde crise économique et financière. Notre pays devait renforcer son immunité vis-à-vis du choc de cette crise. Certains pays n’ont pas pu faire face à ce choc et se sont économiquement effondrés. Heureusement, grâce aux réformes lancées depuis 2000 dans divers secteurs et à la diversification de notre économie et de nos partenariats, l’impact de la crise sur l’économie nationale a été réduit. Les chiffres en témoignent. À la fin du précédent mandat, le déficit était de 5% et s’est élevé à 7% en 2012. En 2013, lorsque le RNI est entré au gouvernement, tous les indicateurs portaient sur l’acheminement vers un grand déficit, mais les choses se sont estompées grâce aux efforts de tous. La solidarité était au rendez-vous. Néanmoins, le RNI est reconnu par ses compétences. Le Maroc a su s’acheminer vers une évolution positive comme en témoignent les institutions financières.

Pourriez-vous nous dresser un diagnostic objectif de l’économie marocaine ?
La situation économique de notre pays est rassurante. Le taux de croissance, à titre d’exemple, est de 2% en 2016 tout en sachant que cette année a été très sèche. On a perdu un seul point malgré la sécheresse grâce au renforcement de notre immunité. Dans les années 90, l’impact de la sécheresse avait des conséquences négatives sur le taux de croissance. Le Maroc se caractérise par son attractivité. Par exemple, le 27 septembre dernier, Sa majesté le roi a reçu le président-directeur général de Boeing qui a signé un partenariat avec notre pays afin de créer un écosystème industriel en aéronautique. Ce qui permettra l’implantation de 120 fournisseurs et la création de 8.700 postes d’emplois. C’est la diversification de l’économie qui a permis le renforcement de l’immunité économique nationale. Le Maroc est, en effet, doté de plans sectoriels dans divers domaines. Notre pays a renforcé son immunité vis-à-vis des chocs internationaux. Le taux de croissance ne dépend pas uniquement des facteurs internes surtout que notre partenariat est renforcé avec l’Union européenne, qui vit une récession économique. En prenant en considération toutes les données et la conjoncture internationale, notre pays est solide et se renforce. Il est clair que l’ambition du RNI dans la prochaine étape est de renforcer davantage notre modèle économique. La croissance économique était satisfaisante après la crise car la politique économique était basée sur le soutien de la demande, soit la consommation interne à travers notamment l’augmentation des salaires et l’injection de ressources financières dans le circuit économique ainsi que les investissements publics. Ce modèle est saturé. Actuellement, l’orientation est vers un changement structurel de ce modèle afin d’éviter de se baser uniquement sur les secteurs classiques. Le Maroc doit être fier car le premier secteur exportateur n’est pas celui des phosphates ou du textile mais plutôt l’automobile. Ce qui démontre le grand changement opéré dans notre économie. L’intérêt porté à l’économie et aux échanges extérieurs va enrichir ce modèle économique qui va donner ses fruits dans quelques années.

Votre discours est rassurant contrairement à celui de l’opposition. Face à ces deux discours contradictoires, quel message adresse-t-on à l’électeur ?
Dans les démocraties comme l’avait rappelé sa majesté le roi dans le discours du trône, la majorité est appelée à défendre son bilan tout en présentant des programmes d’amélioration et l’opposition doit se concentrer sur la présentation des alternatives. Durant la campagne électorale, chacun donne son point de vue, ce qui peut apporter la contradiction. Grâce à ses cumuls, son histoire, ses choix et les stratégies mises en œuvre, notre pays emprunte la bonne voie et entend passer prochainement à la vitesse supérieure en matière d’émergence économique. Durant les dernières années, le volet politique a pris le pas sur le volet économique dans les discours. Je préfère les discours basés sur les idées et la comparaison des programmes à ceux basées sur les attaques personnelles.

Le gouvernement est épinglé par l’opposition en raison du taux d’endettement. Quelle est la situation actuelle ?
La dette du Trésor représente 64% du PIB. Certes, elle a augmenté au cours des dernières années en raison de la politique budgétaire. Un déficit de 7% signifie 70 MMDH. Pour le compenser, il faut recourir à la dette. Pour l’année en cours, le taux restera inchangé. Nous avons pu contenir la montée de l’endettement. Je ne considère pas que le taux de 60% constitue un danger. De manière générale, l’endettement ne peut pas constituer un danger du moment qu’il est destiné aux investissements et à la création de postes d’emploi. La dette productive permet d’augmenter la croissance. D’ailleurs, la loi organique relative à la loi de Finances conditionne le recours à la dette par les investissements.

Le programme du RNI est basé sur cinq piliers : enseignement, santé, emploi, jeunes et solidarité. Quelle est votre proposition opérationnelle pour réformer l’enseignement ?
Les familles marocaines donnent la priorité à l’enseignement. Certaines familles se saignent à blanc pour scolariser leurs enfants dans les écoles privées. En ce qui concerne la santé, dans chaque famille, on trouve des personnes âgées ou des membres souffrant de maladies. S’agissant de l’emploi, chaque famille souffre du problème du chômage. L’intérêt doit être porté sur les jeunes car 60% des Marocains ont moins de 30 ans. En outre, la solidarité est le socle de la société. Les efforts doivent être destinés aux préoccupations des familles marocaines. L’étape précédente était consacrée à la mise en œuvre de la Constitution et la priorité a été accordée aux équilibres macro-économiques. L’intérêt a aussi été accordé au volet social. Si nous voulons inscrire notre pays parmi les pays émergents et régler plusieurs problématiques, il faut donner un intérêt particulier à l’enseignement. Les précédentes tentatives de la réforme n’ont pas permis d’atteindre les résultats escomptés malgré quelques points positifs, ne serait-ce qu’en ce qui concerne la généralisation de l’enseignement. Il faut passer désormais à une politique qualitative pour que l’école marocaine publique soit productive. Les idées du RNI portent essentiellement sur la gouvernance et la gestion du
secteur.

C’est-à-dire ?
Les ressources destinées à ce secteur doivent être accompagnées. Il semble que nous avons oublié le principal levier de la réforme : le corps enseignant. Il faut revaloriser les ressources humaines. Les écoles publiques et privées ont presque les mêmes équipements et les ressources humaines sont presque identiques, alors le résultat est différent. Cela est dû au contrôle et à la gestion des établissements ainsi qu’au suivi des parents dans les écoles privées. Il faut mobiliser la société, les parents des élèves, le corps enseignant et les directeurs des établissements publics. Le problème du surpeuplement des classes se pose. À cela s’ajoute le grand fossé entre le milieu rural et le milieu urbain. Nous devons exploiter les opportunités pour l’accélération de la réforme comme le recours aux nouvelles technologies. La réforme de l’enseignement est possible.

Au niveau du secteur de la santé, le RAMED est une mesure positive, mais sa mise en œuvre se heurte à plusieurs problèmes dont la question épineuse des rendez-vous. Quelle est votre vision pour ce secteur ?
Elle ressemble à celle de l’enseignement. C’est un secteur qui intéresse tous les Marocains. Le problème a trait à la difficulté d’accès aux soins et aux centres de santé en dépit des efforts déployés au cours de ce mandat. Le budget de la santé a augmenté de 8 MMDH à 14 MMDH. Ce secteur nécessite encore des ressources humaines et des équipements. Pour le RNI, chaque région doit être dotée d’un hôpital universitaire et d’une faculté de médecine pour élargir la formation des médecins. Afin de réduire le fossé entre le milieu rural et le milieu urbain, il faut des centres de soins mobiles pour traiter en priorité les personnes âgées et les femmes enceintes. Il faut améliorer l’accès aux soins dans les centres de santé. Le RNI considère que le premier levier en matière de répartition des richesses passe par l’amélioration de l’accès aux services publics à tous les citoyens de manière égale.

Tous les programmes des partis politiques évoquent le volet de l’emploi alors que les citoyens affichent leur scepticisme. Quelle est la vision du RNI pour ce secteur sachant que le parti s’oriente toujours vers les portefeuilles techniques et n’a jamais dirigé le département de l’Emploi ?
Tous les portefeuilles ont un caractère politique. Il est vrai qu’au vu des compétences et de l’expérience du parti, il doit aussi veiller à gérer les secteurs sociaux. Il pourrait y apporter une valeur ajoutée car ces secteurs sont fortement liés à la gouvernance. En ce qui concerne l’emploi, il est lié au secteur privé qui est également lié à l’entreprise. Celle-ci dépend, pour sa part, de l’investissement. La promotion des investissements publics et privés permet de booster l’emploi. Le programme du RNI comporte des axes sur les investissements publics et la promotion de l’entreprise. Le RNI est d’ailleurs connu pour son encouragement des initiatives privées et des jeunes. Des mesures opérationnelles sont prévues pour le renforcement de l’entreprise et de l’investissement, mais il faut en parallèle, comme le définit le programme du RNI, soutenir les jeunes lauréats des universités qui trouvent des difficultés en matière d’employabilité. Il faut du coaching surtout pour le premier emploi. Il s’avère aussi fondamental de renforcer la formation pour s’adapter aux besoins du marché de l’emploi qui doit, par ailleurs, se caractériser par davantage de souplesse en vue d’encourager les entreprises à l’emploi. Le RNI s’engage à baisser de 50% les charges sociales pour les salaires de moins de 3.000 DH. D’autres mécanismes sont mis en œuvre par l’État comme Idmaj, Taehil, l’auto-entrepreneuriat. L’innovation en matière de financement n’est pas en reste. Il s’agit notamment du crowdfunding.

La liste nationale des femmes et des jeunes a créé de grands problèmes aux partis olitiques dont le RNI en raison du recours aux liens de parenté dans les candidatures. Comment le RNI a géré cette question ?
Le RNI avait le courage de définir des critères rejetant l’idée de se baser sur les liens de parenté. Dans la liste nationale, on ne trouve pas les proches des dirigeants du parti. La liste nationale est critiquée, mais son objectif est noble. Le RNI défend la parité et la présence des femmes sur l’échiquier politique. Malheureusement, l’objectif a été dévoyé. Le RNI a ainsi défini des critères clairs. L’ambition politique est légitime et les militants doivent se conformer aux critères mis en place car on ne peut pas satisfaire tout le monde.

En 2011, le RNI ambitionnait d’arriver en tête des élections grâce à la coalition du G8. Quelle est votre ambition pour les élections du 7 octobre ?
Notre ambition est de réaliser un résultat positif. Les électeurs connaissent le RNI qui a participé à différents gouvernements, a été une soupape de sécurité dans les équilibres au sein de l’échiquier politique, a dirigé des gouvernements et a été même dans l’opposition. Les citoyens nous font confiance. Le RNI a préservé sa force au sein de l’échiquier politique. Nous avons présenté des candidats proches des bases dans les régions et les circonscriptions. Notre bilan est riche. Nous travaillons sans accorder à la communication l’importance qu’il faut. Je pense que nous devons réviser cette stratégie de communication.


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