L’accompagnement financier s’impose
Le gouvernement va-t-il accepter la proposition de loi du PPS portant sur la mise en place d’une indemnité pour les chercheurs d’emploi, qui a été présentée récemment en commission ? En tout cas, il s’agit d’une piste de réflexion intéressante. La quête d’emploi pour les jeunes diplômés nécessite en effet des moyens financiers.
Le chômage des diplômés est une épine dans le pied du gouvernement de Saâdeddine El Othmani. Si le taux de chômage au niveau national est de 9,1% au deuxième trimestre de 2018, il est très élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (23,1%) et les détenteurs d’un diplôme (16,5%). La quête d’un emploi pour les jeunes relève du parcours du combattant en l’absence d’accompagnement tant technique que financier. C’est dans ce cadre que s’inscrit une proposition de loi que le groupement parlementaire du progrès et du socialisme à la Chambre des représentants a présenté à la Commission des finances et du développement économique en juillet dernier. Les députés progressistes comptent sur l’appui de la majorité et du gouvernement pour faire passer ce texte visant à instaurer une indemnité temporaire pour la recherche d’emploi dans la perspective de lancer à long terme l’indemnité de chômage. Le PPS propose de dédier cette indemnité aux diplômés, lauréats des universités, des instituts supérieurs et des établissements de formation professionnelle.
Il est proposé de créer un registre spécial dans les préfectures et provinces pour inscrire les jeunes concernés par cette mesure en vue de bénéficier d’une indemnité de 1.200 DH pendant une année et 600 DH durant les six mois suivants. La gestion de cette indemnité devrait être assurée par le ministère de l’Emploi en coordination avec le département de l’Économie et des finances. La proposition de loi stipule la création d’une caisse spéciale pour le financement de cette mesure. Les parlementaires du parti du livre arriveront-ils à convaincre leurs alliés de soutenir cette proposition qui pourrait constituer un tournant dans la lutte contre le chômage au Maroc ? Rien n’est moins sûr à l’heure où le gouvernement brandit la carte de la sauvegarde des équilibres macro-économiques. Visiblement, les députés du PPS tiennent mordicus à cette proposition de loi. Le député Jamal Benchekroun se dit être prêt à la discuter de fond en comble avec le gouvernement pour le convaincre de la faisabilité de sa mise en œuvre. Le texte n’a pas encore été discuté en commission.
La prochaine session parlementaire d’automne sera décisive pour cette proposition de loi qui risque d’être gelée dans les tiroirs du Parlement à l’instar de dizaines d’autres initiatives législatives parlementaires. En tout cas, une grande responsabilité incombe au gouvernement pour lutter contre le chômage des jeunes diplômés. La charte de l’emploi qui a été lancée en avril dernier ne prévoit pas un accompagnement financier des jeunes dans leur quête d’emploi. Elle entend plutôt cibler les subventions et les exonérations au secteur privé et les lier au nombre effectif d’emplois créés dans le cadre de la charte d’investissement. Ladite charte, rappelons-le, vise à mettre à la disposition des chercheurs d’emplois les outils leur permettant d’acquérir les compétences requises et les attitudes professionnelles facilitant leur insertion professionnelle. Il n’est en effet pas évident de décrocher un premier emploi. Afin de permettre aux jeunes d’intégrer le marché du travail et de se professionnaliser, le gouvernement s’assigne pour objectif d’augmenter les capacités de stage au niveau du pays, qui restent limitées et constituent une meilleure préparation à l’insertion des jeunes dans la vie active. Pour ce faire, il faut en premier lieu élaborer les cadres juridiques qui vont structurer et formaliser la relation entre le stagiaire et le maître de stage et les responsabilités de chacun afin de rendre le stage fructueux et d’un apport positif pour l’entreprise. L’accélération de la cadence s’impose en la matière. L’Exécutif n’a pas encore entamé ce chantier législatif plus de trois mois après le lancement de la charte de promotion de l’emploi. L’objectif est de permettre aux jeunes chercheurs d’emploi de suivre des stages de six mois dans le secteur privé (stage de découverte, stage-métier, stage-mission) et des stages d’entraînement en entreprises d’une durée de quatre mois.
Le gouvernement prévoit aussi la mise en place de stages dans le secteur public, après réalisation d’expériences-pilotes qui permettront d’en évaluer la pertinence avant d’envisager une éventuelle mise à l’échelle. Un service civique au profit des jeunes de 18 à 35 ans avec ou sans diplôme sera mis en place et pourra être réalisé dans les associations et les collectivités territoriales. À cela s’ajoute la mise en place de certificats de la formation professionnelle pour les porteurs de diplômes. Il s’agit d’un mécanisme incitatif pour créer un compagnonnage des jeunes de 6 mois par des artisans expérimentés.