Trois études à 19 MDH… pour quoi faire ?
1,3 million d’unités à produire à l’horizon 2020. Cet objectif relève plutôt de la mission impossible, pour le département de l’Habitat et de la politique de la ville. Les résultats des études sur le parc urbain et la demande en logement acculent Nabil Benabdallah à revoir ses ambitions. Trois scenarii concernant la production en logement sont actuellement à l’étude.
19 MDH : c’est le coût global des études menées par le département de l’Habitat et de la politique de la ville dans le cadre de sa démarche d’élaboration d’une radioscopie de la situation du logement au Maroc. Une analyse qui a, d’abord, concerné la politique de relogement des bidonvilles pour laquelle le département de l’Habitat a voulu mener une introspection et répondre par la même occasion aux critiques. La deuxième étude se veut une photographie du parc logement existant à fin 2012, et la troisième enquête portait sur la réalité de la demande en logement auprès des ménages marocains. En bouclant ses trois études, le ministère de l’Habitat se voit doté d’une base de données étoffée et d’une meilleure visibilité lui permettant d’adopter des politiques publiques plus adaptées.
Prochaine étape
Sur la base de ce travail, a-t-il été annoncé par la tutelle, les politiques publiques devront prendre des initiatives réglementaires et fiscales et adapter les règles d’urbanisme aux réalités du marché. D’ici là, comment le mécanisme d’utilisation de ces données sera-t-il actionné ? «Ce sont des études qui viennent à peine d’être finalisées. Nous devons encore tenir des réunions avec les opérateurs, les promoteurs immobiliers et les autres parties intéressées pour engager des discussions et des brainstormings sur les mesures concrètes à prendre», précise Nabil Benabdallah, ministre de l’Habitat et de la politique de la ville.
Les études réalisées à ce jour attestent en tout cas que les politiques qui ont été menées durant ces dernières années ont été plus ou moins efficaces. En chiffres, le déficit en logement est passé de 1,2 million en 2004 à près de 500.000 aujourd’hui, confortant ainsi les objectifs contenus dans le programme gouvernemental. La combinaison des résultats de ces études permet de clarifier le champ de l’habitat et du logement.
Partant de ce constat, les prévisions du ministère tablent sur un parc logement global à produire, à l’horizon 2020, de 1,3 million d’unités. «Un scénario ambitieux, vu la durée de 5 ans. C’est pratiquement impossible aujourd’hui car cela nous demanderait de produire 300.000 logements par an», estimait Nabil Benabdallah, à la présentation du résultat de l’étude sur le parc en logement urbain en février dernier.
L’étude proposait d’ailleurs un autre scénario, beaucoup plus étalé dans le temps, se donnant pour échéance 2030 afin d’atteindre un total de 2,9 millions de logements et un scénario intermédiaire plus raisonnable visant à atteindre 2,1 millions de logements sur 10 ans. Quel que soit le scénario retenu, la production moyenne de logements pour résorber le déficit et répondre aux nouveaux besoins (confirmés par les résultats sur l’étude de la demande) est de 270.317 logements par an à l’horizon 2020 et de 193.693 logements par an à l’horizon 2030. D’ailleurs, la segmentation des prévisions montre que l’essentiel de l’effort pour pallier les besoins en logements au niveau national est à porter sur l’habitat social, et ce, quel que soit le scénario retenu, la région ou la ville.
Étude N° 1 :
Enquête de satisfaction «Villes sans bidonvilles»
*Présentée en janvier 2016
*Un budget de 1,02 MDH.
*82% des ménages bénéficiaires se disent satisfaits.
*48,2% des bénéficiaires sont mécontents de la durée d’exécution des projets.
*Seuls 19% des femmes bénéficiaires des programmes de relogement sont propriétaires.
*Élévation sociale : Ceux qui estimaient la valeur de leur baraque à 60.000 DH évaluent aujourd’hui leur logement acquis à 300.000 DH.
Étude N° 2 :
Enquête nationale sur le logement urbain
*Présentée en février 2016
*Un budget de 4 MDH.
*5,8 millions de logements en milieu urbain.
*516.841 de logements vacants dont 56% sont inoccupés, depuis plus de 2 années.
*Environ 554.000 logements principaux sont concernés par une pathologie extrême et sont à raser ou à reconstruire.
*68% du parc est relativement jeune (moins de 30 ans).
*67% des ménages urbains sont propriétaires.
Étude N° 3 :
Enquête nationale sur la demande en logement
*Présentée en mars 2016
*Un budget de 14 MDH financé à moitié par Al Omrane et la CGI.
*Une demande globale de 1,5 million d’unités dont 1,3 million en milieu urbain.
*80% des logements demandés sont d’une superficie entre 50 et 100 m².
*40,6% des demandeurs souhaitent acquérir du logement social ou du logement à 140.000 DH.
*80% des demandeurs préfèrent l’achat clé en main et seuls 12% optent pour l’achat sur plan.