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Formation du gouvernement : (DÉ)BLOCAGE ?

L’intervention du roi sur le blocage de la formation du gouvernement pourrait conduire le processus vers une dynamique plus engagée. La balle est dans les pieds des partis politiques.

Après 77 jours de tractations infructueuses quant à la formation du cabinet «Benkirane III», le roi est finalement intervenu. Le souverain a en effet donné ses instructions à ses conseillers Abdellatif Menouni et Omar Kabbaj pour «faire part à Abdelilah Benkirane du souci du roi de voir le nouveau gouvernement se former dans les meilleurs délais». Rien n’a filtré de cette entrevue qui a lieu au siège de la Primature, ce qui donné libre cours aux spéculations. Vingt-quatre heures après ce tournant, Benkirane est resté muet. Cependant, de source proche du parti de la lampe, Benkirane s’est enfermé tout au long de l’après-midi du samedi dans des réunions interminables.

Et maintenant ?
La question qui se pose sur toutes les langues est : l’Istiqlal y sera-t-il ou non car c’est justement sur cette problématique que l’ensemble du processus a buté. Abdelilah Benkirane y tient quand Aziz Akhannouch n’en voulait pas, et à chacun ses propres raisons. Par ailleurs, les observateurs tracent les différents scénarios avec à leur tête un retour à la case départ avec le fameux argument de l’intérêt suprême de la nation. Qu’importe, diront d’aucuns, l’essentiel est que le cabinet soit homogène, concentré et efficace. Ce n’est pas gagné d’avance puisqu’un gouvernement à cinq formations politiques aiguiserait les appétits et pourrait déboucher sur un cabinet de plus de 35 postes ministériels, ce qui est largement pléthorique.

En outre, si Benkirane décide finalement de former son cabinet autour des trois partis de la Koutla, il aura fait perdre au pays un mois et demi au moins, avec des allers-retours inutiles. L’on se rappelle que juste après les premières consultations entre Benkirane et Akhannouch, un membre du bureau politique du parti de la colombe avait clairement déclaré que «rien n’empêche Benkirane de former sa majorité en dehors du RNI car ce parti ne s’impose pas à Benkirane». Une insinuation à laquelle Benkirane n’a jamais daigné répondre en se contentant de regretter ce blocage dont «l’origine se trouve ailleurs».

Que faire de Chabat ?
Comme cité ci-dessus, tout plaide pour un cabinet avec le RNI et l’Istiqlal, avec cet indéboulonnable argument de l’intérêt général pour sauver la face. Cependant, le virevoltant secrétaire général de l’Istiqlal, Hamid Chabat, pourrait y laisser des plumes. En effet, le «veto» sur l’Istiqlal pourrait être ramené à une réserve sur la personne de Chabat him-self. De sources concordantes, cette thèse est mise sur la table au cas où les tractations se corseraient. Par ailleurs, le Comité exécutif de l’Istiqlal est divisé sur cette question. La «vielle garde» n’y voit pas d’inconvénient et pousse Chabat vers la présidence du perchoir. Les «jeunots» tiennent à ce que leur mentor aient une place privilégiée au cabinet Benkirane et le voient même au poste de feu Baha.

Le principal concerné, quant à lui, a déclaré à maintes reprises qu’il ne jette pas son dévolu sur un poste ministériel, mais en même temps ne cache pas son appétit pour la présidence du Parlement, en des termes à peine voilés. Chabat y verrait une revanche du parti de Si Allal après qu’on lui a «volé la présidence de la deuxième Chambre» selon ses propres dires, mais là encore, Chabat buterait sur le RNI car de source vérifiée, ce dernier prépare sa star montante, M’Barka Bouaida, pour être la première femme au Maroc à occuper le poste de la troisième personnalité du pays, ce qui risquerait encore de rendre les choses difficiles pour Benkirane. De toutes les manières, les choses seront éclaircies cette semaine et dès aujourd’hui Benkirane reprend un nouveau round de consultations, intenses cette fois-ci. La rencontre avec Aziz Akhannouch sera très attendue car décisive. 


Benkirane, un arbitre à huis clos

Dans le match RNI-Istiqlal, Benkirane est comme l’homme en noir qui prie qu’un coriace derby se termine match nul pour faire plaisir à tout le monde, mais un arbitre a beau faire, il n’est jamais à l’abri des contestations comme il ne pourra jamais satisfaire tout le monde. C’est pourquoi, il est fortement recommandé qu’il fasse preuve de charisme, de professionnalisme et surtout qu’il applique la loi à la lettre et sans état d’âme. Cependant, en football, toute la partie se déroule devant les spectateurs et sous les projecteurs des télévisions mondiales, mais en politique, la partie se joue toujours à huis clos, en nocturne et sans éclairage, d’où toute la difficulté !


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