Échanges extérieurs : Le déficit commercial repart à la hausse
Ventes du phosphate et dérivés, investissements directs étrangers… Plusieurs indicateurs des échanges commerciaux piquent du nez en ce début d’année aggravant dans leur sillage le déficit de la balance commerciale.
Aggravation du déficit de la balance commerciale de 6,1%, chute des investissements directs étrangers de 27,7%, baisse des ventes du phosphate et dérivées de 6,6%…Plusieurs indicateurs des échanges commerciaux piquent du nez en ce début d’année. L’Office des changes, qui vient de publier les résultats préliminaires des échanges extérieurs au titre des quatre premiers mois de l’année 2016, dresse en effet une baisse de régime après plusieurs mois d’embellie. Ainsi, les importations du royaume ont cru d’une manière importante avec une hausse de 5,2MMDH en comparaison avec les quatre premiers de 2015. Les exportations, elles ont bondi de seulement 2,2MMDH. Résultat, le déficit de la balance commerciale s’est creusé de 3MMDH.
Les IDE en chute 27,7%
Selon le département d’Hassan Boulaknadel, l’accroissement des importations de 4,2% (129,4MMDH contre 124,1MMDH) est à attribuer essentiellement à la hausse des acquisitions de biens d’équipement, qui ont grimpé de 4,6MMDH. Une tendance qui demeure positive, car elle annonce une reprise des investissements dans l’industrie. Les produits finis de consommation et de demi-produits ne sont pas en reste. Ils ont augmenté respectivement de 3,5MMDH et de 2,7MMDH. Cette évolution a été atténuée, en partie, par la baisse de la facture énergétique : les achats de produits énergétiques ont en effet baissé de près de 5,4MMDH (15,7MMDH contre 21,1MMDH à fin avril 2015). D’ailleurs, hors produits énergétiques, les importations se renforcent de 10,3%, soit un bonus de 10,6MMDH.
De leur côté, les exportations s’apprécient de 3% (76,9MMDH au lieu de 74,7MMDH à fin avril 2015). Un résultat qui fait suite à la dynamique des expéditions du secteur automobile (+2,5MMDH) et dans une moindre mesure à celles du secteur textile et cuir (+0,6MMDH) et de l’«agriculture et agro-alimentaire» (+0,5MMDH). Néanmoins, les ventes de phosphates et dérivés reculent de -0,9MMDH. Là aussi, hors phosphates et dérivés, les exportations s’améliorent de 5,1%, soit une hausse de 3,1MMDH. Résultat des courses : le déficit commercial atteint 52,5MMDH à fin avril 2016 au lieu de 49,5MMDH un an auparavant. Le taux de couverture, quant à lui, se situe à 59,4% contre 60,1% une année plus tôt. S’agissant des flux financiers, les recettes concernant les Marocains résidents à l’étranger (MRE) atteignent 19,4MMDH contre 18,7MMDH un an auparavant, en progression de 4% ou 700 MDH. Suivant le même trend haussier, les recettes touristiques augmentent de 6,2%, ce qui équivaut à près d’1MM DH à: 16,9MMDH contre 15,9MMDH une année auparavant. Enfin, le flux des investissements directs étrangers (IDE) enregistre un recul de 27,7%, soit 2,6MMDH: 6,8MMDH contre 9,4MMDH à fin avril 2015. Cette évolution est imputable à la baisse des recettes (-9,6% ou -1,1MMDH) conjuguée à l’accroissement des dépenses (+73,6% ou +1,5MMDH).
Perspectives
Dans sa dernière revue mensuelle de la conjoncture, la Banque centrale a dressé un tableau qui ne serait pas en faveur des échanges du royaume. Ainsi, sur les marchés des matières premières, si les cours restent en baisse en glissement annuel, ils se sont globalement inscrits en hausse au cours du mois d’avril. En effet, d’un mois à l’autre, l’indice Dow Jones-UBS global a augmenté de 3,7%, traduisant l’accroissement de 7,8% des cours énergétiques, avec notamment une augmentation de 8,9% du prix du Brent à 43,3 dollars le baril en moyenne, ainsi que la hausse de 1,9% des prix des produits hors énergie. S’agissant des phosphates et dérivés, le prix du brut est demeuré inchangé, d’un mois à l’autre, à 115 dollars la tonne, le cours du DAP s’est replié de 0,6% à 358 dollars la tonne, alors que celui du TSP s’est accru de 1,1% à 278 dollars la tonne.
Autre tendance à suivre de près, la situation de nos partenaires. Les données les plus récentes des comptes nationaux indiquent la poursuite de la lenteur de la reprise dans les économies avancées et du ralentissement de l’activité dans les pays émergents et en développement. La croissance s’est stabilisée au premier trimestre 2016 à 2% aux États-Unis, 2,1% au Royaume-Uni et 1,6% dans la Zone euro, selon une première estimation d’Eurostat. Dans les principaux pays émergents, la croissance a enregistré une légère décélération de 6,8% à 6,7% en Chine, et a ralenti en Inde au quatrième trimestre 2015 à 7,1% après 7,5%. Au Brésil et en Russie, la contraction du PIB est passée, au quatrième trimestre, de 4,5% à 5,9% et de 3,8% à 3,7%, respectivement.