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Dialogue social : Le gouvernement confiant, les syndicats sceptiques

La commission technique qui se penche sur le dialogue social n’est toujours pas parvenue à trouver un terrain d’entente entre le gouvernement et les partenaires sociaux, alors que l’espoir est de pouvoir conclure un accord avant le 1er mai. Programmée ce mercredi, une nouvelle réunion vise à rapprocher les points de vue, notamment sur l’épineux dossier de la réforme des retraites.

À quatre jours du 1er mai, aucun accord entre le gouvernement et les partenaires sociaux n’a encore été conclu. Les négociations se poursuivent aujourd’hui au sein de la commission technique qui va se pencher sur l’épineux dossier de la réforme des retraites. Les deux parties arriveront-elles enfin à un consensus autour de cette question ? En tout cas, le gouvernement laisse entrevoir une lueur d’espoir en affichant son ouverture à rapprocher les points de vue, surtout sur le volet de la réforme paramétrique. Ainsi, il est probable que l’âge de départ à la retraite, fixé par le gouvernement à 63 ans dans le projet de loi soumis à la Chambre des conseillers, sera abaissé à 62 ans, tout en laissant la porte ouverte à ceux qui optent de leur plein gré pour 63 voire 64 ans, à en croire une source syndicale.

Les centrales syndicales ne comptent pas lâcher du lest sur ce dossier. Certes, l’Exécutif a affiché son intention de négocier la réforme des retraites, mais les partenaires sociaux restent sceptiques voire pessimistes. «La réforme des retraites est le point noir de ce round du dialogue social. Les points de vue restent encore éloignés entre les syndicats et le gouvernement», souligne aux Inspirations ÉCO Abdelmajid Amouri Bouazza, membre du bureau exécutif de la CDT.

Les syndicats ne comptent pas faire des concessions sur plusieurs points, dont celui des cotisations. À ce titre, ils plaident pour la règle d’un tiers pour les fonctionnaires et de deux tiers pour l’État.

Pour les partenaires sociaux, le dossier de la réforme des retraites est fortement lié à celui de l’augmentation des revenus. «Cette réforme ne peut pas se faire aux dépens des fonctionnaires. Nous tenons à l’augmentation des salaires pour que le fonctionnaire ne soit pas lésé», indique Khadija Zoumi, parlementaire et membre du bureau exécutif de l’UGTM. En gros, les syndicats appellent à une augmentation de 600 DH des salaires. Or, le gouvernement ne prévoit visiblement pas une augmentation salariale qui coûterait, selon les prévisions, une enveloppe budgétaire de 12 MMDH.

S’agissant des allocations familiales, les centrales syndicales appellent à les porter à 400 DH pour les trois premiers enfants au lieu de 300 DH comme le propose le gouvernement. Cette doléance syndicale aurait un coût de 3 MMDH.

Sur le volet de la baisse de l’impôt sur le revenu, les syndicats revendiquent la hausse du seuil exonéré à 6.000 DH mensuels. Une requête qui diminuerait les recettes de l’État de 15 MMDH (secteurs public et privé).

Concernant les charges sociales, les discussions ont porté, entre autres, sur les frais scolaires dans le secteur privé. Doit-on procéder à une déduction de ces charges scolaire de l’impôt sur le revenu ou prévoir des indemnités forfaitaires ? Cette idée est encore en cours de discussion.

Toujours dans le cadre de l’amélioration des revenus, la création d’une nouvelle échelle dans la fonction publique fait toujours l’objet de discorde entre les deux parties. Si elle venait à être appliquée, cette mesure coûterait environ 7 MMDH et concernerait plus de 120.000 fonctionnaires.

Par ailleurs, aucune avancée n’est enregistrée sur l’indemnité pour le travail dans les zones éloignées et difficiles d’accès, en suspens depuis des années.
Au niveau du secteur privé, aucun accord sur l’augmentation du SMIG ne pointe à l’horizon. Et même l’unification du SMAG et du SMIG ne semble pas être à l’ordre du jour. La question devrait être discutée, en premier lieu, avec les associations professionnelles du secteur de l’agriculture.


 

Mohamed Moubdii
Ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration

Les Inspirations ÉCO : Où en est le dialogue social, à quelques jours du 1er mai ?
Mohamed Moubdii : Aucun problème n’est à signaler. Les discussions sont empreintes de compréhension. Les propositions du gouvernement ont été discutées. Les syndicats ont émis le souhait de procéder à quelques améliorations. D’autres points qui n’ont pas fait l’objet de propositions de la part du gouvernement ont également été discutés. Le dialogue social avance bien.

Cependant, les syndicats affichent leur scepticisme. Que répondez-vous à leurs critiques ?
Nous sommes en cours de négociations. Certains points sont marqués par la convergence des points de vue alors que, pour d’autres, des disparités sont toujours à relever. Nous nous attelons de part et d’autre à rapprocher les points de vue et ressortir avec un mémorandum assorti de solutions immédiates. Pour les autres points qui nécessitent encore du temps, une feuille de route sera mise en place. Je suis serein et j’ai confiance quant à l’issue de ce round du dialogue social.

Est-il possible d’avoir un accord sur l’augmentation des revenus avant le 1er mai ?
Beaucoup de mesures ont trait à l’augmentation des revenus. Celle-ci ne passe pas uniquement par l’augmentation des salaires. Nous sommes en train de discuter l’impôt sur le revenu et les allocations familiales. Un accord sur certaines mesures va avoir lieu.

Quid du dossier de la réforme des retraites ?
Le dossier a été discuté avec les syndicats qui ont exposé leurs propositions. Le gouvernement a exprimé l’idée d’être plus compréhensif sur certaines solutions qui peuvent converger vers le même but. Nous devons davantage nous atteler à approfondir la réflexion de part et d’autre, surtout sur la réforme des retraites qui est la pierre angulaire de ces négociations.

L’amendement de la proposition gouvernementale sur le dossier de la retraite pourrait-il toucher la réforme paramétrique ?
Nous sommes concentrés sur le dialogue social. Après, nous nous pencherons sur la discussion de ces textes. 



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