Éco-Business

Industrie du raffinage. Nationaliser la Samir, l’ultime solution ?

Le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole appelle à la nationalisation de la société SAMIR et la régulation des prix des hydrocarbures. Les détails.

«Nous appelons l’État marocain à assumer pleinement ses responsabilités pour organiser en extrême urgence le sauvetage de la raffinerie marocaine de pétrole, à engager les procédures nécessaires pour sa nationalisation et sa réincorporation dans le patrimoine public», peut-on lire dans le communiqué du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole (Front). Pour cette coalition composée des salariés de La SAMIR, de partis politiques, de syndicats, d’associations et personnalités de la société civile, les raisons expliquant cette demande sont au nombre de quatre arguments.

L’argumentaire favorable à la nationalisation
Le premier argument est «le manquement de l’ancien investisseur qui a violé les dispositions du cahier des charges de la privatisation en dépit de toutes les facilités qui lui ont été accordées», rappelle le Front. Des manquements confirmés par le Tribunal de commerce de Casablanca dans sa décision de liquidation judiciaire de l’entreprise prononcée en 2016. Face à ces manquements, le Front tire sur l’ancien investisseur : «il a persisté à détruire les intérêts du pays et des citoyens, à se soustraire à ses obligations vis-à-vis des créanciers publics et privés et à saboter les acquis de la nation dans les industries de raffinage pétrolier». Corral Petroleum Holding, entreprise suédoise à capitaux saoudiens et détenue par l’homme d’affaires Mohammed Al-Amoudi traîne une ardoise de plus de 45 MMDH auprès de plusieurs créanciers. La deuxième raison qui pousse le Front à appeler à la nationalisation de La Samir, c’est la situation du marché des hydrocarbures depuis l’arrêt de l’entreprise. Une reprise de La Samir par l’État permettrait selon le Front de «consolider les réserves nationales en énergie pétrolière, d’instaurer les fondements de la compétition et de la complémentarité entre les intervenants du secteur des hydrocarbures, de servir les intérêts supérieurs de l’économie nationale», avance cette coalition hétéroclite. Troisième raison et non des moindres, l’existence d’un raffineur des produits pétroliers pourra «garantir et préserver le pouvoir d’achat des citoyens et des professionnels en lien avec les prix des hydrocarbures et le coût du transport, des déplacements et autres domaines concernés». Rappelons que la libéralisation des prix dans ce secteur depuis décembre 2015 a eu un coût supporté par le consommateur final alors que les marges et les profits des distributeurs ont explosé.

À ce propos, le Front s’indigne face à «des profits astronomiques et obscènes des grands distributeurs d’hydrocarbures au Maroc». Quatrième raison qui plaide selon le Front pour une nationalisation, le contexte géopolitique international sous tension. Le Front s’inquiète «des fluctuations et de l’augmentation des prix du pétrole et du gaz en raison de l’intensification des conflits internationaux pour le contrôle des sources d’énergie fossile et de l’aggravation des guerres commerciales». La demande de nationalisation n’est pas nouvelle. Elle était déjà portée par le syndicat des salariés affiliés à la CDT et par des ONG, notamment ATTAC.

À cette revendication, le gouvernement avait toujours opposé un refus net. «Si nous menons une telle démarche, nous prenons le risque d’être poursuivis une nouvelle fois devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (C.I.R.D.I.) par l’investisseur. Ce dernier n’attend qu’un faux pas de la part de l’État marocain pour porter plainte contre nous», argumente un membre du gouvernement sous couvert d’anonymat.

Le Front appelle également au retour de la réglementation des prix des produits pétroliers. En appui à cette demande, le Front rappelle la réglementation en vigueur permettant une telle possibilité. «Le contrôle des prix des hydrocarbures et leur adéquation avec le pouvoir d’achat des consommateurs et des professionnels, requièrent la suspension de la loi sur la concurrence et la liberté des prix n° 12.104, comme cela exige de réintroduire les hydrocarbures dans la liste des produits dont les prix sont réglementés».


Mohammed Benmoussa
Membre du secrétariat du Front

La nationalisation est une des cinq propositions du Front formulées dans notre mémorandum de septembre 2018 pour relancer une industrie du raffinage au Maroc. Nous regrettons profondément que les ministres du gouvernement marocain et les entités constitutionnelles de contrôle se soient défaussés de leurs responsabilités en refusant de traiter les graves manquements relatés ainsi que les propositions sérieuses de sortie de crise présentés dans le cadre du mémorandum du Front soumis à toutes les autorités et services concernés. Le sauvetage d’une industrie du raffinage est nécessaire pour préserver un secteur qui faisait la fierté nationale. Il faut sauver ce secteur et avec tout le tissu industriel de Mohammédia



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