Lectures de vacances. Cinq livres qui vous feront voyager sans voyager
En plus de permettre de passer du bon temps, les vacances d’été sont aussi propices à la lecture. LesEco.ma propose une sélection de cinq livres des plus « philosophiques » aux plus « légers », d’auteurs marocains, mais aussi d’autres horizons, afin de vous accompagner pendant vos vacances, et permettre une escapade estivale dans les mondes de leurs auteurs.
Henri Bosco, Des Sables à la mer. Commençons par le moins récent de la sélection, publié en 1950 par l’écrivain français Henri Bosco, lauréat du Grand Prix Renaudot en 1945, qui a vécu au Maroc pendant de longues années. Nous avons sélectionné ce roman et non les nombreux autres, car celui-ci est une évocation du Maroc, on retrouve le style de l’auteur avec ses voyages oniriques et spirituels, mais cette fois-ci au Maroc, présenté en tant que terre sacrée, inaccessible aux profanes. Nous suivons les périples du narrateur de Rabat, «ville du sommeil» ; Salé, «aimée des nuages, ville des Corsaires» ; Chella, «où les vivants et les morts s’accordent familièrement dans un site où circulent avec aisance des génies bienfaisants ou terribles, lieu d’élection de la musique, du chant solitaire du luth et de la flûte», habité par des milliers d’oiseaux ; Marrakech, «où règne la danse, le chant, la poésie» ; Fès enfin, «ville prohibée dont l’étranger en vain pense franchir les portes». Toutes ces villes ont inspiré à l’auteur des pages où la description, la suggestion, l’évocation, la méditation s’entremêlent, coupées de poèmes et de traductions de textes émouvants, qui se terminent par la peinture de l’Atlas, pays de l’absence, empire de l’oubli «fait de rocs, de forêts, de nuages, de neiges et de sources recueillies, entre l’unité dévorante du désert et la mer multiple qui dissout le monde».
Ernst Jünger, Eumeswil. Autre roman étranger se déroulant au Maroc, cette fois-ci dans un univers post-apocalyptique. Parue en 1977, l’intrigue prend place quelque part dans le Maroc actuel. Il suit la vie intérieure et extérieure de Manuel Venator, historien de la cité-état de la Kasbah d’Eumeswil, qui occupe également un poste à temps partiel au bar de nuit du tyran régnant d’Eumeswil, le Condor. Le thème principal du roman est la figure de l’anarque, l’individu intérieurement libre qui vit tranquillement et sans passion dans la société et dans le monde, mais pas de celle-ci. L’anarque est une figure idéale métaphysique d’un individu souverain, conçue par Jünger, celui-ci a été grandement influencé par Max Stirner dont il développe ici sa propre compréhension.
Aziz Bouachma, Le radeau des médusés. Ce roman commence par un fait divers, inspiré d’un fait réel la vendeuse ambulante qui s’est immolée par le feu en avril 2016 devant les portes d’un marché populaire à Kénitra. Le livre est le roman d’apprentissage du fils, narrateur du récit Ali, personnage principal, dont le chemin de vie sera semé d’embûches après la tragédie qu’a connue sa mère. En plein cauchemar, et en véritable état de choc, après la perte de sa mère. Apprendra-t-il à faire dignement son deuil ? Et surtout, à survivre.
Ahmed Tazi, Le grenadier a plus d’un tour dans son sac. L’histoire se déroule entre un Maroc traditionnel et un Maroc moderne, entre la campagne et la ville, Ahmed Tazi va dans une narration qui dépeint autant la psychologie des protagonistes que le terroir vrai et authentique. Rien n’y est tranché puisque la vie réserve des surprises; au moins aussi nombreuses que les tours dans le sac du grenadier…
La monotonie d’un village tranquille et de paysans laborieux est rompue par un événement insolite : la jeune fille en vue bien belle après la correction de son bec-de-lièvre, était amoureuse de l’idiot du village qui passe son temps à voler des grenades dans les vergers et à les fourguer au bord de la route. Dans son douzième roman, Ahmed Tazi semble évoquer des faits déjà vus ou lus. Mais plus le lecteur se plonge dans le récit et plus la diversité des personnages, la complexité des rapports qu’ils entretiennent et les rebondissements ménagés, plus il découvre un intérêt inédit et écrit d’un point de vue particulier.
Abdelkader Djemaï, Zorah Sur La Terrasse. L’histoire se déroule à la veille de la grande guerre. Le peintre Henri Matisse arrive avec Amélie, son épouse, à Tanger. Au cours des deux séjours qu’il y effectuera, il découvre peu à peu cette ville bâtie entre l’Atlantique et la Méditerranée et d’où il repartira avec une vingtaine de toiles, de dessins et une soixantaine de carnets et d’études. Il y fera la connaissance de la lumière douce, des couleurs vives, de paysages luxuriants et de ses habitants, en majorité des Marocains (dont des juifs), des Espagnols. Mais s’il y trouve du plaisir à créer, il sera notamment confronté à l’absence de modèles féminins nécessaires à son travail. Sous forme d’une longue lettre, ce récit, qui se déroule à la veille de la Grande Guerre, s’attache, à partir de faits réels et de la correspondance du peintre, à retracer, entre autres, ses rapports avec Zorah, la jeune prostituée qui a posé pour un de ses tableaux.