Usine PSA de Kénitra. Une ruche d’excellence
Un mois après son inauguration, le complexe industriel de PSA à Kénitra est prêt à relever tous ses engagements pris en termes de volumes et de qualité pour assembler la nouvelle Peugeot 208 qui deviendra le modèle le plus produit du groupe. Visite d’une usine dont le décollage de la production est imminent.
Un mois après son inauguration par SM le roi Mohammed VI, l’usine PSA de Kénitra ouvre ses portes à une poignée de représentants des médias nationaux dont Les Inspirations ÉCO. Un privilège dans le sens où cette visite intervient à un moment clé dans l’histoire de ce site qui s’apprête à «fuser» en cadence. En effet et si pour le moment près d’une vingtaine de véhicules seulement est assemblée chaque jour, il est prévu d’atteindre une cadence journalière de 300 véhicules d’ici la fin de cette année. D’où les propos très rationnels de Jean Christophe Quémard. «Il est rare que des journalistes aient cette chance de visiter une usine encore en phase de démarrage et de mise au point avant d’amorcer sa montée en cadence», nous a ainsi déclaré le directeur de la région Moyen-Orient Afrique et membre du Directoire du Groupe PSA.
Des presses jusqu’à 4.000 tonnes !
Notre visite débute avec un premier constat juste derrière le bâtiment d’accueil et à l’entrée du site dédié à la carrosserie : les travaux d’extension initiés lors de l’inauguration de l’usine ont d’ores et déjà débuté. Ils seront achevé d’ici un an et permettront à l’usine une capacité de production de 200.000 véhicules dès mi-2020. «Nous avons fait tout ce qui était prévu dans le planning initial et avons déjà engagé la deuxième phase du projet qui était prévue plus tard», commente le jeune et non moins brillant Rémi Cabon, directeur du projet PSA Maroc. C’est lui qui durant les trois années écoulées a vu sortir de la terre tout un complexe industriel s’étendant sur 60.000 m2. Nous pénétrons l’atelier d’emboutissage dont les presses modèlent des panneaux d’acier pour les transformer en capots, portes, ailes et autres panneaux de carrosserie en «tapant» avec une force allant jusqu’à 4.000 tonnes ! Nous avons d’ailleurs assisté à l’assemblage total d’une caisse soit le montage d’une cellule habitable sur la plateforme (CMP) qui est d’ailleurs elle aussi produite ici. Outre une colle de structure, cet assemblage crucial recourt à la technique de soudure au laser par points et l’opération est partiellement robotisée sur une station de soudure. Cela étant, le taux de robotisation de cette usine n’est que de 20%. Les véhicules sont ensuite passés à la cataphorèse en amont à leur peinture finale. Viennent ensuite les phases de montage des différents composants intérieurs (sièges, planche de bord…) et extérieurs (rétroviseurs, essuie-glace, roues, blocs feux, boucliers…).
Entre dimension humaine et exigences de qualité
Le tout dans une usine propre, sécurisée et conforme aux meilleurs standards du Groupe PSA. L’usine qui va d’ailleurs bientôt être certifiée (ISO 2001 et ISO 14001) est même climatisée, parvenant à rafraîchir l’air jusqu’à 7 °C de moins que la température extérieure. Autre particularité du site, toutes les pièces (exceptés les grands panneaux de carrosserie) sont disponibles dans les différents ateliers, à proximité de leur lieu de montage et non emmagasinées dans un stock. S’il est majoritairement masculin, l’effectif de l’usine devrait passer de 10% actuellement à 25% à terme. À l’horizon 2021, ce sont pas moins de 4.000 personnes qui seront employés par PSA Maroc sans compter ceux de son écosystème d’équipementiers qui porte l’ensemble à plus de 19.000 personnes. En fin de montage, chaque véhicule est passé au banc d’essai et les premières unités déjà produites sont des préséries de niveau 2, c’est-à-dire prêtes à la commercialisation. «Aujourd’hui et comme vous l’avez perçu, nous sommes dans une exigence de qualité extrême qui va au-delà de ce qu’un client normal visualise», dixit J-C Quémard. Quant aux composants produits localement, ils seront également destinés à l’after-market y compris au Maroc et moyennant des prix intéressants, comme l’a laissé comprendre J-C Quémard, déclarant : «notre objectif est de faire une voiture compétitive dans son marché vis-à-vis de la concurrence, y compris pour ce qui est de la pièce de rechange». Riche en enseignements, notre visite s’achève là où elle a commencé, soit dans le hall d’accueil où s’expose l’une des premières Peugeot 208. L’occasion de prendre une photo souvenir avec les deux hommes qui, de ce que l’on a vu ce jour-là, ne peuvent qu’avoir le sentiment fier du devoir pleinement accompli.
Rémi Cabon
Directeur du projet PSA Maroc
Qu’est-ce qui a été le plus challenging dans ce projet ?
La construction de l’usine et l’installation des process constituaient certes un certain challenge technique. Cependant, le plus vrai challenge de ce projet est le challenge humain et la rapidité avec laquelle on arrive à recruter, former et rendre autonomes les équipes marocaines puis surtout trouver le bon compromis entre l’autonomie rapide souhaitée par ces nouvelles compétences locales et l’assistance apportée par le staff européen qui aide au démarrage du projet.
À quand l’achèvement des travaux de la 2e tranche ?
La seconde tranche de l’usine sera achevée et opérationnelle à partir de fin août 2020 et entraînera un doublement capacitaire avec la production de 30 véhicules par heure, au lieu de 15, avec une montée progressive en cadence pour atteindre une production annuelle de 200.000 véhicules dès la fin de cette même année. En attendant cette échéance et pour l’anticiper, dès la fin 2019, trois équipes travailleront sur le site avec un effectif de 1.600 personnes qui passera à environ 2.600 à la fin de l’année 2020.
Dans le jargon propre à PSA, vous parlez d’une «usine excellente», à quoi renvoie ce qualificatif ?
Pour PSA, une usine est dite «excellente» lorsqu’elle délivre le meilleur résultat pour ses clients en matière de qualité et de coût. Ces résultats sont obtenus grâce à une usine très compacte avec des flux optimisés et des stocks réduits tout en ayant une grande flexibilité comme par exemple cette faculté de doublement capacitaire tout en ayant déjà démarré la production. C’est également une usine évolutive qui pourrait produire un jour d’autres modèles et même des véhicules électriques.