Jazzablanca 2019. Agora de la musique live !

La 14e édition de Jazzablanca, qui a eu lieu du 2 au 7 juillet, a offert aux festivaliers de la ville blanche des moments d’une belle générosité. Concerts en plein air, découvertes musicales, lieu de vie… Jazzablanca est à dimension nationale et internationale.
Un Village Samsung ensoleillé où l’on vit d’amour et de musique, de rencontres musicales au gré des heures et des jours. Cette année, le Jazzablanca a assumé son côté festival en proposant des concerts gratuits en journée. Une formule rafraîchissante qui permet de vivre une expérience musicale à 100%. Entre la scène principale, le Jazz Club en soirée et la scène Rooftop en fin de soirée, les festivaliers vivent des expériences aussi différentes que riches.
Longue vie à la musique live !
Dans un monde où le disque ne se vend plus, où le mot d’ordre est la rapidité et les formations réduites, le Jazzablanca se permet encore des fanfares et des groupes de plusieurs musiciens. «Nous sommes ensemble depuis 18 ans, on a fait le tour du monde et on respecte toutes les musiques. Mais rien n’est meilleur qu’un groupe de 13 musiciens sur scène qui font de la musique ensemble! Continuons à faire vivre la musique live et merci au Jazzablanca de le permettre»: tels ont été les derniers mots prononcés sur la scène Anfa, en guise de clôture, par Al McKay’s Earth Wind& Fire Experience qui ont mis le feu avec un show Soul/Funk/Disco pendant que Mehdi Nassouli s’emparait de la scène du Village pour en faire un dancefloor à ciel ouvert. Une semaine qui a permis de vivre de beaux moments de musique. À l’image d’une ouverture en apothéose et d’un concert habité par des «ovnis» britanniques comme Franz Ferdinand et Metronomy, des concerts plein de générosité comme celui de Calypso Rose ou Aziz Sahmaoui sur la scène BMCI, sans oublier les révélations comme la claque musicale d’Adam Nass et son univers Dark Soul ou encore celui du virtuose Taha El Hmidi. Quant à la belle scène électronique, le Rooftop a vu l’enchaînement des mixs passionnés des Marocains Mr ID, Noritsu et Daox, de l’Égyptienne Bosaina , du Hollandais Khalil Ryahi ou encore de Terekke (États-Unis).
Vieille âme au supplément soul
Le musicien britannique a probablement offert un des meilleurs concerts au Jazzablanca. Guitariste virtuose, compositeur brillant à la voix incroyable, Michael Kiwanuka a ému avec ses titres Soul d’antan en y incorporant une magie Folk presque futuriste. Récit d’un concert hors du temps. Il arrive en même temps que ses musiciens, sans chichis. Il prend sa guitare et commence un concert qui frise le parfait. Subtilité, émotion, nuances, intelligence, les chansons s’enchaînent avec rythme et grâce. De «Black Man in a White World» à «Always Waiting» en passant «Home Again», il régale avec un répertoire intemporel avec sa guitare tantôt folk, tantôt électrique. «Merci Jazzablanca de m’accueillir, je me sens vraiment à la maison », avoue presque timidement le prodige anglais qui n’est pas sans rappeler un certain Otis Redding, mais venu d’une autre planète. Musicien de talent, il se permet des solos habités, sublimés par des moments acoustiques guitare-basse d’une rare beauté. Celui qui a été désigné meilleur son 2012 par la BBC et qui a été repéré lors d’une première partie de la chanteuse Adele, a envoûté la salle par la seule force de son talent et de son charisme. Des morceaux à la dimension émotionnelle forte, des chansons bienveillantes qui parlent de la vie, de l’amour, de la maison, des racines, de la famille de l’appartenance. Entouré de musiciens et de choristes qui le portent vers le haut, Michael Kiwanuka est une veille âme de la musique qui a séduit le public hypnotisé par son talent. Il offrira à ce public fi dèle et amoureux un beau rappel plein de générosité avec ses titres phares «Cold Little Heart» et «Love & Hate».
Hugh Coltman offre un concert acoustique à un fan !
Après avoir mis le public dans sa poche, le jazzman britannique Hugh Coltman a offert un concert intimiste à une fan qui lui avait demandé une chanson, demande qu’il n’a pas réussi à honorer. Un moment d’une beauté rare. «Hand me Downs» scandait une fan face à Hugh Coltman qui a dû gérer une foule en délire, séduite par cet ouragan de talent qui a transformé le Jazzablanca en un festival digne de la Nouvelle-Orléans. Avec son album «Who’s Happy», le plus français des Britanniques propose une univers Jazzy/Blues «fanfaresque» avec des musiciens de talent, des cuivres, une guitare, un piano, de la bonne humeur. Mais ses fans ont demandé des morceaux des premiers albums. Comment faire quand la formation de la nouvelle tournée ne le permet pas ? Et bien quand on est Hugh Coltman, on offre des concerts acoustiques à ses fans en loges. Et quand il y a trop de monde dans les loges, on embarque son guitariste et on s’enferme tous aux toilettes où l’acoustique est parfaite. Concert intimiste et généreux, Hugh Coltman a chanté «Hand me Downs» à deux guitares pour honorer la promesse faite à une fan qui n’est pas près d’oublier cette incroyable expérience. Jazzman certes, mais gentleman avant tout!
Mehdi Maouche, le bassiste qui a sauvé Maceo Parker !
Mehdi Maouche est un bassiste de talent qui joue avec plusieurs formations marocaines dont JY Blues, le groupe Jazz/Blues qui a donné un concert généreux au Village Samsung ce samedi en début de soirée. Mais le musicien marocain ne savait pas encore ce qui l’attendait. Quelques minutes après avoir quitté la scène du Village, on lui demande de remplacer le bassiste de Maceo Parker qui a eu des soucis d’avion et qui n’a pas pu arriver à temps pour ce concert de samedi. Un exercice des plus difficiles que le bassiste rbati a réussi haut la main! Pour suivre le groove et les gros sons bien funky de Maceo Parker, il faut s’accrocher. Mais le toucher naturel et le sens du rythme du Marocain, sublimé par un charisme et une belle présence, lui ont même valu un solo et des remerciements du saxophoniste de James Brown. Une performance à saluer, un courage à féliciter et un festival de Jazzablanca à remercier pour la beauté des instants inattendus et la magie des rencontres. Cette 14e édition vient confi rmer que le Jazzablanca demeure authentique et que l’on peut compter sur ce festival pour faire émerger les talents et découvrir des bijoux de la scène musicale internationale. À l’année prochaine…