Loi cadre de l’enseignement. La CDT tacle le gouvernement
La Confédération démocratique du travail a tiré à boulets rouges sur le gouvernement qui n’était pas présent aux travaux de la rencontre que le syndicat a organisée hier au Parlement sur la loi-cadre de l’enseignement. Cette loi est très attendue pour mettre fin aux maux du système éducatif.
Les critiques acerbes des parlementaires de la CDT à l’égard du très controversé projet de loi cadre de l’enseignement donnent un avant-goût de la nature des débats qui marqueront l’examen du texte au sein de la chambre haute. Le secrétaire général adjoint de la confédération Khalid Alami Houir appelle à la tenue d’un dialogue national sur ce dossier avant de fixer des choix stratégiques en vue de garantir une mobilisation sociétale autour de la réforme qui se doit d’être globale. Quid de la question de la langue d’enseignement des matières scientifiques et techniques ? La CDT n’a pas encore élaboré une position officielle sur ce point qui est à l’origine du blocage du projet de loi cadre à la chambre des représentants.
Alaoui Houir estime qu’il s’agit d’un faux débat et que l’heure est à la lutte contre tous les dysfonctionnements qui émaillent le système éducatif au Maroc. Il faut, selon lui, répondre à des questions on ne peut plus cruciales, avant d’élaborer la feuille de route de la réforme : Quelle école veut-on et, par conséquent, à quel Maroc aspire-t-on ? À cet égard, la volonté politique est déterminante dans l’élaboration et la mise en oeuvre la réforme tant souhaitée. On reproche au gouvernement le manque de concertations sur un dossier si stratégique qui nécessite de prendre l’avis de toutes les composantes de la société dont les acteurs politiques et syndicales ainsi que ceux de la société civile. «Le débat ne devra pas être dicté par l’idéologie ou des considérations politiciennes», souligne- t-on.
L’allusion au bras de fer serré entre les composantes de la majorité à la chambre basse est à peine voilée. La coalition gouvernementale est pointée du doigt. Jusque-là, aucune solution ne pointe à l’horizon pour permettre au texte de franchir le cap de la chambre des représentants. Chaque partie campe sur sa position sur le dossier de la langue d’enseignement. Saad Eddine El Othmani est très attendu sur ce dossier aussi bien par les députés du parti de la lampe que ses alliés dans la coalition gouvernementale. Qui finira par céder à la pression? Difficile de se prononcer pour le moment, selon une source interne au sein de l’institution législative. El Othmani a été on ne peut plus claire devant les parlementaires de son parti : la question est plutôt politique que technique. Le secrétariat général du PJD devra avoir le dernier mot qui sera contraignant pour les députés même les plus récalcitrants. Les parlementaires pjdistes sont connus pour leur discipline en matière d’application des décisions prises par les instances décisionnelles de leur parti. Selon une source au sein du PJD, l’espoir est que les alliés du parti de la lampe acceptent enfin la solution médiane déjà proposée.
Les députés du PJD sont en effet prêts à laisser passer le texte à condition de marquer leur abstention sur les articles 2 et 31 qui réglementent la notion de l’alternance linguistique. Dans ce cas-là, le consensus espéré entre toutes les composantes de la chambre des représentants ne sera plus possible. En tout cas, on appelle de part et d’autre à éviter la précipitation dans l’amendement et l’adoption de cette législation censée changer le visage de l’école publique marocaine et rehausser son niveau. C’est ce que prône la CDT qui plaide pour l’impératif de combler les nombreuses lacunes du texte qui risquent de prendre en otage le système d’enseignement national pendant de longues années d’autant plus que les dispositions du texte seront contraignantes pour toutes les parties. A ce titre, le professeur Azzeddine Akesbi énumère plusieurs dysfonctionnements au niveau du projet de loi cadre dont l’écriture littéraire et souvent imprécise qui intègre tous les aspects du système éducatif, y compris ce qui relève d’une gestion courante du système éducatif et de la responsabilité du ministère de tutelle et du gouvernement. «Il prend presque la forme d’un plan d’action», relève-t-il.