El Glaoui sublime les murs du Musée Mohammed VI
Le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat propose un hommage à l’un des premiers artistes figuratifs du pays: Hassan El Glaoui. «Cette exposition hommage aspire à célébrer l’oeuvre de Hassan Glaoui dont la vie fut riche et l’oeuvre prolifique reflétant l’amour infini qu’il portait à même la toile pour son pays et sa culture locale», confie Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées. Cette exposition parcourt sept décennies de travail de l’artiste, qui a exposé à Paris dès 1950 et à New York dès 1951, et présente une centaine d’oeuvres datant de 1940 à 2010. Cette exposition offre une occasion rare de plonger dans le travail intime et public du peintre décédé le 21 juin 2018. «L’exposition donne à voir ses scènes enchantées de cavaliers, peintes avec une fine dextérité dans des compositions éthérées et équilibrées qui créent un style unique et qui fera genre au sein de Jihane Bougrine Telle une chimère, Mehdi Triqui fige le temps en se proposant de faire un projet de photographies à la fois amazighes et mexicaines. Si une chimère peut être aussi éloignée de la réalité, l’artiste marocain est ancré dans la sienne et sait ce qu’il veut : abolir les frontières. «Le photographe Mehdi Triqui présente son projet «Chimère» dans lequel il fusionne la culture la tradition de l’art figuratif marocain », continue Mehdi Qotbi.
En effet, «Le Sel de ma Terre» revient sur deux aspects clés de la vie et du travail du peintre: d’une part, son travail de portraitiste, qui s’est attelé sa vie durant à peindre des personnages de son entourage intime (sa femme et ses filles notamment, ou certains amis) tout autant que des scènes d’intérieur propres à la vie au Maroc dans les années 1940 et 1950 ainsi que des natures mortes. Ces tableaux dévoilés dans l’exposition, chers à l’artiste, furent très peu montrés de son vivant. Le Sel de ma Terre présente par ailleurs une large sélection d’oeuvres s’intéressant à la vie culturelle et politique de son pays et de son temps, témoin que fut Hassan El Glaoui, par sa naissance et ses passions, de certains moments et traditions du Maroc de ces dernières décennies. Né à Marrakech en 1923, fils de Thami El Glaoui, pacha de Marrakech, Hassan El Glaoui s’installe en 1952 à Paris sur les conseils du Premier ministre britannique Winston Churchill, ami de son père, qui décèle chez lui un goût et un talent pour la peinture. En France, il suit les cours de dessin berbère et la culture mexicaine indigène. Dans ses photographies, il est parfois difficile de déterminer si l’on est confronté à une image représentant la vie quotidienne d’un Amazigh ou celle d’un Maya, ou de distinguer la date à laquelle le moment a été immortalisé», précise l’Institut Cerventès qui met en lumière l’oeuvre d’un artiste résolument talentueux.
L’artiste mêle les spécificités, l’identité d’un groupe ethnique d’un peuple, d’une culture, à celles de Jean Souverbie, professeur à l’École supérieure des Beaux-Arts de Paris, ainsi que de la peintre Émilie Charmy, deux influences qu’il revendiquera sa vie entière. Les sujets de ses peintures les plus reconnues, dont une large sélection est présentée dans Le Sel de ma Terre, s’intéressent à la vie publique des figures politiques de l’époque, et notamment du roi, dont il représente certaines sorties publiques. Son autre sujet de prédilection, qui le suivra sa vie entière, est celui des chevaux, pour lesquels il développe une fascination dès l’enfance, et tout particulièrement les fantasias. Hassan El Glaoui a, durant toute sa vie de peintre, raconté et représenté cette tradition équestre berbère très ancienne de simulations d’assauts militaires prenant la forme de parades, encore bien vivante dans le Maroc d’aujourd’hui.
«Cette exposition se veut aussi objective que pédagogique grâce un agencement chronothématique d’une belle sélection d’oeuvres de Glaoui qui rend compte de l’évolution du travail du peintre, dès ses jeunes créations d’inspiration fauviste à ses paysages et scènes aérienne aux couleurs lumineuses et apaisées», conclut le président de la Fondation nationale des Musées.