PMA. Une première victoire pour les couples infertiles

Le Parlement a voté la loi sur la Procréation médicalement assistée (PMA) en février dernier. Ce texte met fin à un vide juridique, sans pallier l’absence de la prise en charge médicale. Décryptage.
C’est la fin d’un tabou social au Maroc. «La reconnaissance juridique, à travers le vote de la loi 14-47 sur la Procréation médicalement assistée (PMA), de l’infertilité comme une maladie permet aux couples infertiles de s’affranchir de ce tabou», affirme Aziza Ghallam, présidente de l’Association marocaine des aspirants à la maternité et à la paternité (MAPA), jointe au téléphone par les Inspirations ECO. Le vote par la Chambre des représentants, le 12 février en deuxième lecture, à l’unanimité de ce projet de loi met fin à un débat législatif qui a duré plus de deux ans. La MAPA se bat pour le lancement du processus de prise en charge de la PMA par les caisses d’assurance maladie. L’Agence nationale d’assurance maladie obligatoire (ANAM) donne déjà son accord de principe. Khalid Lahlou, DG de l’ANAM, avait annoncé lors d’une rencontre avec l’agence que cette dernière travaillait pour faire bénéficier cette catégorie de patients d’une couverture médicale. Des mesures ont été prises et sont en cours pour acter cette décision. Cette validation nécessitera tout de même «du temps», tempérait l’ANAM lors d’une réunion avec les membres de la MAPA en janvier dernier. «L’horloge biologique des couples ne peut pas attendre. Nous espérons que la décision de l’ANAM sera prise le plus tôt possible», insiste Ghallam. Et d’ajouter: «Les couples infertiles vivent de grandes difficultés et une souffrance à cause de l’absence d’une couverture médicale de ces actes médicaux. Cette situation peut engendrer des problèmes sociaux, financiers et psychologiques au sein des familles marocaines». Pour rappel, le coût d’une PMA peut aller jusqu’à 45.000 DH. Ce budget diffère selon la nature de l’infertilité, la technique scientifique utilisée (insémination artificielle ou fécondation in vitro) et l’âge du couple.
Un texte suspendu aux décrets d’application
La loi 14-47 met fin à un vide juridique qui dure depuis plus de 25 ans. C’est en 1993 que les premières PMA ont été réalisés au Maroc. Depuis cette période, la scène médicale a connu une floraison de centres de biologie et de gynécologie proposant des prestations aux couples infertiles. «Un des points positifs du texte, c’est qu’il encadre la pratique de la PMA. La loi insiste sur la qualité de la prise en charge médicale», souligne la présidente la MAPA. Selon ce texte, les centres de PMA seront obligés d’obtenir une accréditation selon des critères prédéfinis. «Ces centres doivent disposer d’une unité indépendante consacrée exclusivement à la PMA, équipée et dotée de ressources humaines dédiées», explique la note de présentation du texte de loi. Ces critères devraient faciliter la prise en charge des couples infertiles. «La loi introduit la qualité comme une donnée essentielle. Ainsi, les patients pourront être orientés et n’auront pas à perdre temps et argent pour chercher un centre offrant une prise en charge de qualité», se félicite Ghallam. Ces normes de qualité demeurent tout de même tributaires de la publication de décrets d’application. Ces textes devront faire l’objet de discussions au sein de la future commission consultative pour la PMA. L’article 31 de ce texte institue cette instance qui sera consultée sur tous les dossiers relatifs à la PMA. La composition reste à définir aussi par un décret d’application. «La MAPA entend participer activement à l’élaboration de ces différents textes et porter la voix des couples infertiles», prévoit la présidente de cette association créée en 2012.
L’association MAPA, soutiens et plaidoyer
Cette association est née de la rencontre de personnes souffrant d’infertilité ou de difficultés de procréation. «Eu égard à l’ampleur de la souffrance, psychique médicale et sociale, des couples infertiles, nous avons décidé d’agir à travers cette association, la première du genre au Maroc», explique MAPA. Cette initiative portée par des acteurs de la société civile entend faire sortir de l’ombre les difficultés de procréation et d’infertilité et de rompre le silence qui entoure ce tabou. L’objectif est de permettre aux aspirants à la maternité et à la paternité de parler de leurs attentes et d’exprimer leurs souffrances. L’association travaille sur quatre volets: soutien psychologique aux couples, sensibilisation et éducation, solidarité et assistance sociale et plaidoyer.