Maroc

Agadir. Le patrimoine foncier de la SMIT sous-valorisé

Le rythme de valorisation de la réserve foncière de la SMIT, estimée à 1.887 hectares et héritée de la SONABA, est toujours lent, surtout à Founty, Tamaouanza, Aghroud et Tifnit.

La Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) a hérité, en 2008, de la Société nationale d’aménagement de la Baie d’Agadir. Créée en 1973, il s’agit d’une réserve foncière de 1.887 hectares à Agadir. Cette assiette a déjà été mentionnée dans le rapport de la Cour des comptes publié en octobre 2016. Près de 76% de ce patrimoine foncier (voir graphique) se situe au nord d’Agadir, notamment à Tamaouanza, Taghazout -qui est en cours d’aménagement- et Aghroud. Les 24% restants se situent au sud, notamment à Tifnit, tandis que le seul site propriété de l’ex-SONABA, qui a fait l’objet d’un aménagement et d’une viabilisation par cette dernière en vue d’une vente par lots, est la Cité de Founty. Cette dernière s’étend sur une superficie de 266 ha à Agadir. Aujourd’hui, le développement de l’intégralité de la cité se heurte toujours à la question de la valorisation.

La zone Founty freinée
La zone touristique Founty a été subdivisée en 20 secteurs (de Founty A à Founty T). En dehors de la zone villas (9 secteurs), la zone hôtelière et résidentielle souffre, depuis plusieurs décennies, d’un manque flagrant de synchronisation en termes de valorisation. Plusieurs lots attribués en sont encore à l’état de chantiers à l’arrêt ou de terrains bruts non valorisés, ce qui porte préjudice à la configuration actuelle du site et nuit à son exploitation, surtout dans la baie des Palmiers. Dans le détail, sur une capacité totale litière d’environ 15.000 lits, près de 9.000 lits touristiques sont actuellement mis en service, tandis que les 6.000 restants demeurent non opérationnels. Aujourd’hui, malgré le recours en justice contre plusieurs bénéficiaires défaillants qui n’ont pas respecté leurs engagements contractuels, la zone hôtelière n’est toujours pas valorisée dans sa totalité.

Le pôle d’animation est aussi en stand-by
Alors que les travaux de la dernière tranche du projet immobilier «Agadir Bay» dans la même zone (Founty I et A) avancent à un rythme soutenu, ceux du pôle d’animation Founty, prévus au niveau de la parcelle G 16, peinent toujours à démarrer. Sur le terrain acquis pour la réalisation de ce projet, rien n’indique que le démarrage des travaux sera bientôt effectué, l’ouverture du chantier n’ayant toujours pas été opérée. Pourtant, le projet a obtenu, il y a plus de trois ans, toutes les autorisations nécessaires, notamment celle de construire. Pour sa part, le support foncier, qui s’étend sur 5,7 ha et sur lequel sera réalisé le projet, a déjà été assaini. Le titre foncier porte actuellement le nom de la Société des centres commerciaux de Founty, filiale de la holding Best Financière, devenue maître d’ouvrage après la création de sa propre filiale dédiée à cette zone alors qu’elle était maître d’ouvrage délégué.

Quid des équipements publics et privés ?
Toujours dans la cité de Founty, plusieurs parcelles à usage «d’équipements privés d’intérêt public» et à usage «d’équipements publics» ont été cédées. Le taux de cession mentionné par le rapport de la Cour des comptes est respectivement de 16% et de 69%. Sur le terrain, à l’exception de quelques projets, notamment la réalisation du lycée français d’Agadir, l’Institut spécialisé de technologie en hôtellerie et de tourisme, la poste et des administrations, d’autres projets sont toujours attendus. À cela s’ajoute la réalisation d’une crèche, de cliniques, de centres commerciaux, de zones villas et d’écoles publiques. Par ailleurs, malgré l’affectation de ces lots dédiés aux équipements publics et privés, la valorisation a du mal à être opérée. Le constat est le même pour la cité de Tamaouanza, dont le foncier est situé à 13 km au nord d’Agadir.

Tamaouanza
Amer Group n’est toujours pas autorisé
En marge du Forum marocain de l’investissement touristique, tenu en avril 2013 à Casablanca, le ministère du Tourisme, la SMIT et le conglomérat égyptien Amer Group ont signé un mémorandum d’entente portant sur la création d’une cité des loisirs à Tamaouanza, à proximité de la commune d’Aourir (nord d’Agadir). Cependant, six années ont passé, et ledit projet peine toujours à sortir de terre. Le groupe égyptien, qui devrait aménager et développer ce projet d’animation touristique, a sollicité l’intervention du gouvernement (lettre de notification adressée au chef de gouvernement) pour réparer les dommages occasionnés par la partie marocaine, les entités précitées n’ayant pas respecté leurs engagements contractuels, notamment l’octroi de l’autorisation de construire pour la réalisation du projet et l’assainissement du support foncier. Selon la SMIT, les investisseurs n’ont pu obtenir le feu vert des autorités locales, ce qui a retardé le démarrage des travaux d’aménagement.

Taghazout
La procédure d’indemnisation est toujours en cours
Un protocole d’accord a été signé le 14 septembre 2010 entre le gouvernement et le consortium constitué par la CDG, Alliances Développement, Sud Partners, la SMIT et le FMDT pour la réalisation de la station de Taghazout. À cet égard, la SMIT a cédé le terrain à l’aménageur développeur qu’est la SAPST (créée le 25 juillet 2011) à hauteur de 50 DH/m². Il s’agit de deux assiettes foncières d’une superficie globale d’environ 615 hectares, située sur le territoire des deux communes rurales Taghazout et Aourir. Aujourd’hui, la SMIT détient 5% du capital de la SAPST alors que l’état de valorisation au sein de la station est en cours de finalisation. En revanche, la convention de mise en valeur n’a pas encore été signée par les parties prenantes. Pour les ayants droit, la procédure d’indemnisation est toujours en cours.

Aghroud
La conception du master plan lancée
La Société marocaine d’ingénierie touristique a lancé un appel d’offres afférent à la réalisation de la conception du master plan de la future station balnéaire d’Aghroud. L’ouverture des plis pour la réalisation de cette étude, d’une enveloppe de 1 MDH, est prévue au cours de ce mois. En attendant la désignation du cabinet qui se chargera de celle-ci, la réalisation de la station a déjà été programmée dans le cadre du Programme de développement régional touristique (PDRT) et du contrat-programme régional (CPR), mais sans aucune concrétisation. Cela dit, la commission administrative a tenu sa réunion, en novembre 2018, pour indemniser les ayants droit. Le nombre de lits prévus pour cette station est de 12.000 lits touristiques, pour un montant d’investissement de l’ordre de 10 MMDH et la création de 30.000 emplois. Par ailleurs, le développement de la station sera soit le fait d’une société dont le tour de table sera composé de promoteurs marocains privés, à l’instar de la SAPST et de la station Taghazout, soit d’aménageurs développeurs étrangers.

Tifnit
L’aménageur bloqué
La station touristique de Tifnit prévoit la programmation de 200 lits dans la localité de Tifnit. Le foncier, qui s’étend sur 186 ha, est situé à l’intérieur du Parc national Souss-Massa. Pour rappel, le 26 février 2007, une convention de partenariat relative à l’aménagement de 7 sites susceptibles d’accueillir des projets touristiques a été signée entre la SONABA (actuelle SMIT) et le Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. Les deux parties ont mobilisé, en vertu de ladite convention, une assiette foncière de 1.100 ha au sein du Parc national Souss-Massa, dont la station de Tifnit (200 ha). Compte tenu de l’intérêt écologique du site, un cahier des charges environnemental a été élaboré. Parmi ses dispositions, la faible densité des infrastructures: celles-ci ne devraient pas dépasser 10% en termes d’occupation du sol. Un appel d’offres a ensuite été lancé le 23 juin 2008 par la SMIT. Quatre soumissionnaires ont répondu à celui-ci, et c’est le groupe Alliances Développement qui a été retenu. Mais cet aménageur-développeur n’a pas pu démarrer le projet en raison des conditions contraignantes imposées par le Haut-commissariat aux eaux et forêts -le site étant situé à l’intérieur du parc national- notamment l’insignifiante capacité réceptive du projet et le coût des infrastructures hors site à prendre en charge. 



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