Ce tourisme orphelin
Le tourisme s’est bien comporté en 2018, mais à un rythme s’inscrivant en deçà des capacités du pays. La responsabilité est partagée entre des professionnels plus que jamais divisés et une tutelle à court de créativité. Quand on jette un œil la carte touristique mondiale, on s’aperçoit que la troisième destination mondiale n’est qu’à 14 kilomètres du Maroc, et on ne peut que déplorer ce gâchis car, quand l’Espagne recense annuellement plus de 60 millions de touristes, le Maroc n’en draine pas plus de dix millions hors MRE. Pourtant, les deux pays présentent de nombreuses similitudes, mais l’offre présentée exclut le Maroc de la course.
Les Espagnols ne sont pas des génies, mais ils ont compris qu’une offre adaptée aux marchés prospectés est la clé du succès. Aujourd’hui, alors que nos hôtels tournent au ralenti en cette basse saison, leurs homologues espagnols affichent complet notamment dans le sud du pays. Leurs tour-opérateurs proposent des offres plus qu’attrayantes à une population dédiée en basse saison.
En effet, ces TO drainent les retraités des pays scandinaves pour remplir des hôtels vides avec une offre qui ne dépasse pas les 500 euros par semaine en all-inclusive avec animation quotidienne, en hôtel 4 étoiles de surcroît, et des offres encore plus accessibles pour les catégories inférieures. Le Maroc ne peuvent rivaliser avec ces prix, le marché national restant non seulement cher par rapport à l’Afrique, mais même par rapport à certains pays européens. Notre ministère de tutelle, avec ses deux ministres, est aux abonnés absents et n’apporte pas de soutien à l’organe de promotion, l’ONMT, qui se débat seul face à des professionnels dispersés, dont les intérêts mesquins, de bas étage, divergent. Le Maroc a un potentiel de 20 millions de touristes spontanés avec une offre comparable à celle de nos voisins. Il faudrait juste faire preuve d’humilité!
