Tergiversation ou bras de fer
Il n’y a pas de transparence dans les marchés publics. C’est ce qu’a déclaré Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la gouvernance, au sein du Parlement. Le ministre ne nous apprend rien; nous avons ressassé à maintes reprises la chose et insisté sur le fait que les textes, à eux seuls, ne constituent pas la solution espérée. Oui, Daoudi a nuancé ses propos en précisant qu’il ne fait aucune généralisation -nous non plus d’ailleurs- mais force est de constater qu’une bonne partie de sa déclaration est vérifiable. Vous pouvez concevoir les meilleurs textes législatifs encadrant les marchés publics et même mettre des verrous de contrôle, le système restera toujours faillible du fait de la «magie» humaine, car c’est du facteur humain qu’il s’agit. Un facteur qui ne peut être totalement appréhendé sans trois éléments. Un, la sensibilisation par tous les moyens à la moralisation de ce secteur, et surtout à la sacralité des deniers publics. Deux, la dissuasion par une volonté politique de fer incarnée par la sévérité dans le traitement des fraudes. Trois, la sanction qui doit être à la hauteur du délit et surtout communiquée au grand public, sans exception aucune. Daoudi a beau dire que le Maroc dispose d’un arsenal juridique qui dépasse celui de certains grands pays, il ne convainc personne en disant que la lutte anti-prévarication est verrouillée. Nous lui rappelons un principe incontournable à cet égard: la reddition des comptes. Nous demandons à voir comment ces procès avancent devant les parlementaires et les dossiers y afférents. Ce n’est un secret pour personne: la justice est publique, et les deniers publics, l’affaire de tous les Marocains. Cela fait des années que les responsables ressassent les mêmes plaidoyers sans jamais pouvoir rendre publiques les affaires de corruption et de détournement de fonds publics. On ne peut rien espérer en pareille configuration, et en l’absence d’une véritable volonté politique. Le cabinet El Othmani est fortement attendu sur ce créneau en cette nouvelle année 2019. La balle est dans son camp.
