Hrig de 4.000 saisonnières marocaines
Les associations regroupant les patrons des exploitations agricoles s’attendent à l’analyse du phénomène de fugue massive des saisonnières marocaines, lors d’une réunion où se jouera l’avenir de ce modèle de migration circulaire.
Est-ce la fin du recrutement des saisonnières marocains dans les exploitations espagnoles ? Les dernières informations confirmant la fugue de 4.000 ouvrières durant la dernière campagne de cueillette de fruits rouges dans la province de Huelva remettent en question ce processus. Comment cette donne impactera-t-elle le prochain processus de sélection des journalières marocaines ? Les Inspirations ÉCO a consulté les principales organisations patronales faisant appel aux travailleuses agricoles marocaines. Mais c’est pratiquement le silence radio. «Nous ne voulons pas procéder à une évaluation unilatérale, vu qu’il s’agit d’un problème qui concerne le secteur dans sa globalité. Ce point sera analysé au sein de la commission. Concernant le non-respect d’une clause importante du contrat, à savoir le non-retour à leur pays d’origine de 4.000 journalières selon le gouvernement marocain, cette décision concerne l’ensemble du secteur des fruits rouges dans la province de Huelva», a répondu avec prudence l’association agraire des jeunes agriculteurs de Huelva, ASAJA. En clair, la décision sera prise à l’unanimité et touchera l’ensemble des recruteurs de la main-d’œuvre marocaine.
«Le processus de recrutement des travailleuses étrangères est supervisé par un organisme où sont représentées toutes les administrations publiques, les organisations agricoles, des entités à caractère social et d’autres institutions», ajoute cette source au sein d’ASAJA. «Cet organisme, appelé Commission provinciale de suivi de la convention pour le règlement, la coordination et l’intégration socioprofessionnelle des flux migratoires, se réunira durant les prochaines semaines, comme prévu, avec la présence de la sous-délégation du gouvernement, la plus haute autorité représentée autour de cette table», poursuit-on auprès d’ASAJA. Même son de cloche du côté de Freshuelva, la plus importante association qui regroupe les entreprises de production de fruits rouges. «Nous allons transmettre nos doléances aux autorités compétentes et nous étudierons tous les aspects de cette question. C’est un sujet assez complexe», reconnaît notre source.
Selon Freshuelva, elles étaient environ 17.000 saisonnières, dont 1.424 à avoir transgressé la condition de retour, selon les autorités espagnoles en charge de ce dossier. Depuis le déclenchement de l’affaires de harcèlement et d’agression à l’encontre des saisonnières , certains opérateurs avaient pointé du doigt le travail mené par l’Anapec en amont. Au vu de la grande demande de la part de la filière espagnole en matière de main-d’œuvre marocaine, les critères de sélection ont été assouplies, avaient avancé les patrons des exploitations. Seules 5.000 journalières sur les 17.000 recrutées avaient déjà travaillé dans les champs de Huelva. Le reste des saisonnières a été recruté pour la première fois.
«C’était une campagne particulière au niveau météorologique. Les fortes averses continues ont rendu difficile la cueillette et, pendant plusieurs jours, les journalières n’ont pas travaillé», souligne notre interlocuteur au sein de Freshuelva, pour justifier le climat de tension qui planait sur les exploitations à cette période. «Il y a des considérations politiques et diplomatiques à prendre en compte avant d’adopter une décision concernant le futur de ce processus. Nous devons consulter les pouvoirs publics et nous ne voulons pas spéculer», souligne-t-on auprès de Freshuelva. Or, quelques indices montrent que l’offre espagnole pourrait être revue à la baisse mais certainement pas éliminée, car il serait difficile de se passer de la main-d’œuvre marocaine.
En effet, ASAJA et les patrons avaient signé une convention collective visant à apporter de considérables améliorations aux conditions d’accueil et de travail des saisonnières agricoles étrangères, majoritairement des Marocaines. Parmi ces améliorations, l’on cite une hausse salariale et la mise en place de mesures pour prévenir les abus. L’accord en question a été signé alors que les autorités espagnoles avaient confirmé la transgression de la condition de retour par des journalières.