Recharge électrique. La première ombrière à Rabat
Ce projet pilote qui entre en service à la fin de cette semaine est l’aboutissement d’un programme de R&D mené pendant quatre ans. Comme tous les autres projets de démonstration lancés par l’Iresen, il sera testé pendant au moins un an avant d’être implanté dans d’autres villes.
L’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen) installe sa toute première ombrière de recharge électrique de véhicules à Rabat Hay Riad. Le projet qui est une première au Maroc vise à alimenter des bornes de recharge pour véhicules et cyclomoteurs électriques à l’énergie solaire. Il entre en service dès la fin de cette semaine. Ainsi, les propriétaires de voitures et de motos électriques pourront y recharger leur batterie gratuitement pendant une année. Le mode opératoire de l’infrastructure est le suivant : l’énergie produite par l’ombrière photovoltaïque recharge les véhicules électriques tout en alimentant le parking en énergie propre. «Et pour permettre à notre infrastructure d’avoir le maximum possible d’autonomie, nous l’avons doté d’une certaine capacité de stockage, ce qui permettra de déstabiliser le moins possible le réseau électrique», explique Kawtar Benabdelaziz, l’ingénieur de l’Iresen en charge du projet.
Gratuité de la recharge pendant un an…
Ce projet pilote est l’aboutissement d’un programme de R&D mené pendant quatre ans. Comme tous les autres projets de démonstration lancés par l’Iresen, il sera testé pendant au moins une année avant d’être implanté dans d’autres endroits de Rabat et dans d’autres villes du royaume. En attendant, cette période de tests permettra à l’Iresen d’en savoir un peu plus sur l’expérimentation des recharges solaires en milieu urbain et leur intégration dans le réseau local. En effet, l’infrastructure de recharge quel qu’il soit devra se développer de manière à consolider le réseau électrique et non pas à le déstabiliser. Et donc, les enseignements tirés de ces tests permettront à l’institut de redimensionner sa trouvaille et de créer de nouveaux modèles plus adaptés qui exploitent directement le potentiel solaire au Maroc. «Les informations recueillies nous permettront aussi d’élaborer notre modèle économique ainsi que le prix de la recharge à appliquer», signale aussi Kawtar. En attendant, les études ont démontré l’importance de l’infrastructure de recharge comme catalyseur de la mobilité électrique au Maroc. En effet, face à un parc automobile en pleine croissance, des zones urbaines en pleine extension et le coût des batteries qui baisse, les voitures électriques pourront permettre le renouvellement du parc automobile actuel tout en évitant l’émission de plus de 15 millions de tonnes équivalent CO2 par an. D’un autre côté, les consommateurs ont également besoin d’un réseau minimum en bornes de recharge lentes et rapides au niveau des villes et des autoroutes. Autrement dit, ce projet servira à promouvoir des villes plus vertes et à identifier les modèles les plus pertinents pour le Maroc.
…En attendant de définir le modèle économique
En effet, depuis sa création, l’Iresen traite la problématique du transport vert au Maroc à travers la réalisation de projets de recherche et de démonstration ainsi que le financement et l’accompagnement des universités et des industriels marocains. Par exemple, l’Université Caddi Ayyad de Marrakech porte plusieurs projets phares, financés par l’Iresen, parmi lesquels le développement de batteries marocaines en lithium-ion utilisant les déchets de l’industrie du cobalt et la réalisation de triporteurs solaires. L’Institut a également soutenu l’Université Hassan II de Casablanca et l’entreprise InterAfrique dans le développement d’un triporteur incluant un congélateur solaire. Depuis 2013, Badr Ikken et son équipe organisent aussi des courses de véhicules solaires, l’objectif étant de renforcer les capacités des équipements green de ces machines. L’Iresen a également développé le premier réseau de bornes de recharges dans la ville verte de Benguerir incluant une flotte de voitures électriques utilisée par les associations de la ville. Ce projet a notamment permis de mener à bien plusieurs études sur les aspects techniques et socio-économiques de la mise en œuvre du transport durable dans les villes de demain. Il a aussi permis de se faire une idée précise sur la dégradation des batteries des véhicules électriques dans les climats chauds et la gestion optimisée de l’énergie dans ces véhicules. L’Iresen s’est également allié à Schneider Electric, à Autoroutes du Maroc (ADM) et à plusieurs distributeurs de carburant pour doter les autoroutes marocaines des premières bornes de recharges reliant dans un premier temps Tanger à Agadir (www.leseco.ma). Avec l’AMEE, l’Iresen a signé une convention de partenariat visant à encourager l’utilisation des cyclomoteurs et des voitures électriques. C’est dans ce cadre que la ville de Marrakech sera bientôt équipée de bornes de recharges dédiées aux motocycles.