COP22 : À l’ère du numérique, le papier envahit toujours nos espaces
À l’ère du numérique et de la révolution digitale, la consommation du papier ne semble pas diminuer. À une époque où nous avons commencé à parler de la disparition totale, voire définitive de cette matière, le papier envahit toujours nos espaces.
Normalement, la dématérialisation devrait faciliter la transition vers une « société sans papier », mais les faits prouvent le contraire. En termes de chiffres, la consommation mondiale s’est accentuée de 0,8% en 2016 pour atteindre les 410 millions de tonnes, d’après Planetoscope, un site électronique des statistiques écologiques en temps réel. Cette consommation excessive et abusive est intimement liée au changement de notre mode de vie. Aujourd’hui, nous avons développé une certaine tendance qui nous incite à consommer et acheter plus de nos besoins, et cela, au détriment de la nature.
Ce nouveau consumérisme a accéléré la surexploitation des ressources naturelles alors que de simples gestes pourront changer la donne. Réduire, réutiliser et recycler sont les maîtres-mots de cette recette magique.
En effet, nombreux sont ceux qui méconnaissent le coût environnemental très cher de la production du papier. En effet, l’industrie papetière contribue largement à la déforestation. Selon Greenpeace, il faut 2 à 3 tonnes de bois pour fabriquer une tonne de papier classique. Il s’agit aussi d’une industrie à forte consommation d’eau et d’énergie, puisque la fabrication du papier exige de l’eau pour extraire la cellulose des fibres du bois et consomme nettement plus d’énergie que celle nécessaire pour l’imprimer. Ainsi, la production d’une feuille de papier nécessite environ 17 Watts heure (Wh). Compte tenu de cette activité énergivore, le secteur est le premier utilisateur de biomasse, constituée des sous-produits du processus de production (liqueurs de cuisson, écorces).
Entre 1980 et 2000, le remplacement progressif des énergies fossiles par la biomasse a permis de diviser par 2 la quantité de CO2 émise par tonne de papier produite, selon la Confédération française de l’industrie des papiers, cartons et celluloses. L’industrie papetière et de l’imprimerie serait à l’origine de 1,05% des émissions globales de gaz à effet de serre (GES), d’après Candriam Investors, un groupe d’investissements socialement responsables. Face à cette menace écologique, la communauté internationale s’est mobilisée en proclamant le 25 octobre, Journée mondiale sans papier, et ce, dans l’objectif de changer certaines pratiques et de sensibiliser les différents acteurs à la nécessité de rationaliser l’utilisation des ressources dans le dessein d’assurer leur pérennité en faveur des générations futures.
En dépit des efforts déployés, les différentes tentatives de « bureau sans papier » ou de société sans papier ont été vouées à l’échec, d’où la nécessité de revoir notre comportement et de développer une gestion responsable du papier dans les entreprises, à l’école, à la rue, à la maison…
Interrogée par la MAP sur l’utilisation irrationnelle du papier, Ilham, une jeune étudiante, a souligné que le papier est très présent dans son quotidien et que cette matière a su accompagner les mutations technologiques tout en conservant sa place.
« Personnellement, entre un document PDF et un livre papier, j’opterais pour le deuxième sans hésitation. Toucher ou humer du papier laisse une trace, rappelle des souvenirs et permet une meilleure représentation mentale de son contenu. Aussi, les livres papier ont l’avantage d’avoir une durée de vie généralement plus longue que celle des livres numériques », a expliqué cette passionnée de lecture.
« Sincèrement, je n’ai jamais pensé aux conséquences que pourrait avoir le papier sur l’environnement », a-t-elle avoué, estimant qu’il y a « un manque de sensibilisation à ce niveau ».
« En tant que père de famille, je dois donner l’exemple à mes enfants et les sensibiliser à la protection de l’environnement », a dit, pour sa part, Kamal, employé dans une entreprise à Casablanca. L’école et les médias sont appelés à jouer un rôle important dans ce sens, a jugé ce quadragénaire qui opte pour certaines pratiques quand il est au bureau.
Consommer moins de papier, optimiser l’utilisation des imprimantes, ou imprimer en noir et blanc et en recto-verso sont parmi ces pratiques, a confié Kamal à la MAP. «Avec ces petits gestes, la consommation du papier au bureau a diminué significativement et mes collègues, qui se moquaient de moi au début, ont été convaincus de leur efficacité», nous a-t-il raconté, insistant que l’environnement est l’affaire de tous.
Réduire l’utilisation du papier n’est pas sorcier. Avec des démarches simples et des astuces écolo, nous pouvons rationaliser notre consommation. Alors n’attendez pas une journée internationale pour minimiser votre usage, changeons nos attitudes dès maintenant et tout au long de l’année !