Rocambolesque affaire d’arnaque, signée par une notaire
Elle s’appelle S.S et fait, depuis quelques jours, l’actualité des salons de la capitale et de Casablanca. S.S est notaire et exerçait dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans la nature, il y a quelques jours, laissant derrière elle une bien lourde ardoise et plusieurs banques dans l’embarras.
C’est que Me S.S a échafaudé un plan assez ingénieux : Durant les derniers mois, elle a fait le tour des banques de la place pour solliciter des crédits aux montants très consistants, en son nom. Par ailleurs, sous sa casquette de notaire, Me S.S s’est vu débloquer des fonds au nom de son étude, afin d’accomplir les démarches d’enregistrement d’hypothèques pour garantir des crédits au profit de ses clients.
La tactique semble avoir été bien tracée. Preuve en est qu’elle a bien fonctionné jusqu’à ce que S.S disparaisse – selon plusieurs sources, elle aurait quitté le territoire national- laissant s’empiler derrière elle les réclamations de clients et les alertes des banques.
Selon nos sources, en son propre nom, S.S aurait contracté des crédits auprès de plusieurs banques (ndlr : que nous ne citerons pas) pour des montants tels que 2,9MDH ou encore deux crédits de 5MDH chacun… Bref une sacrée bagatelle soutirée au secteur bancaire avec une finesse sans égale. Car, pour ce faire, nous apprennent nos sources, S.S aurait falsifié des documents et serait allée jusqu’à monter une étude notariale fictive au profit de laquelle étaient débloqués les crédits accordés à Me S.S.
D’après les mêmes sources, la facture cumulée au titre des crédits débloqués au nom de l’étude de la notaire concernée, dépassent bien les 80MH.
Hier, plusieurs responsables de banques étaient en alerte pour évaluer l’ampleur des dégâts. Contacté à chaud au sujet de ce dossier, Me Abdellatif Yagou, président du Conseil national de l’ordre des notaires du Maroc, estime que si les faits sont avérés, la profession ne peut que déplorer ce genre d’incidents qui n’est pas dû à une faille juridique mais au facteur humain. Il tient un discours rassurant, soulignant qu’il s’agit de cas isolés et que les victimes pourront être indemnisés après le recours à la justice. En effet, opérationnel depuis fin 2017, le Fonds d’assurances des notaires intervient en dernier lieu pour dédommager les victimes des fautes commises par les notaires.
Néanmoins, plus tard, nous apprenons que ledit Conseil est venu à la rescousse en nommant un notaire qui se chargerait d’inventorier les dossiers « problématiques » et répondre aux doléances des citoyens et suivre avec les banques les démarches à entreprendre en pareilles situations. Affaire à suivre…