Réformer l’islam de France, fer de lance de l’Institut Montaigne
Des propositions pour le moins radicales ont été dévoilées dans un rapport de l’Institut Montaigne. Ce dernier préconise plusieurs points afin de réformer l’Islam de France jugé de plus en plus sous l’influence du fondamentalisme. Un document qui devrait très rapidement être entre les mains d’Emmanuel Macron.
À travers ce travail rendu public hier, le groupe de réflexion libéral espère enrayer, entre autres, la progression du fondamentalisme chez les musulmans de France. L’occasion notamment de mettre à profit les promesses présidentielles. Dès l’automne, l’Exécutif donnera «à l’islam un cadre et des règles garantissant qu’il s’exercera partout de manière conforme aux lois de la République», avait déclaré, début juillet, Emmanuel Macron devant le Congrès réuni à Versailles.
Pour atteindre cet objectif, le rapport préconise plusieurs mesures qui suscitent la curiosité. Tout d’abord, pour Hakim El Karoui qui a rédigé ce rapport il est primordial de créer une Association musulmane pour l’islam de France (Amif), une association pour financer l’islam de France. C’est l’une des mesures phares évoquée déjà depuis plus de deux ans, explique l’AFP.
Invité de RTL hier, le consultant a expliqué que : «L’idée c’est de créer une organisation neutre, indépendante des pays d’origine, indépendante de ceux qui tiennent aujourd’hui les mosquées, pour prélever une toute petite somme d’argent sur chaque acte de consommation et réinvestir cette somme d’argent dans le travail théologique, parce que c’est la mère de toutes les batailles».
À un moment où «la progression de l’idéologie islamiste chez les musulmans de France» est inquiétante, ces mesures ne devraient qu’améliorer la situation selon le document. Notamment grâce à une «taxe halal» pour financer l’islam de France ou encore le renforcement de l’apprentissage de l’arabe à l’école.
Un islam de France plus encadré et régulé
D’après le texte, qui doit être remis au président de la république et à tous les partis politiques, «les musulmans se sont enrichis, contrairement à ce qu’on croit et ils pratiquent beaucoup». Il y a donc «de plus en plus d’argent lié à la consommation : le pèlerinage, le halal, le don», précise l’auteur. D’où la naissance de la fameuse association qui aura pour but particulièrement de gérer ladite taxe, une idée remise sur la table puisque débattue déjà dans les années 90. «Il n’y a pas de taxe halal au sens où il y aurait un impôt prélevé par l’État», a souligné l’ancien banquier. Et de préciser : «Le prélèvement serait géré par l’association et s’inspirerait de la « taxe de cacherout » de la communauté juive, gérée par les rabbinats et qui permet de certifier les produits « casher »», a-t-il développé.
De plus, cet argent pourrait également servir à porter l’investissement «dans la formation de cadres religieux, la construction pourquoi pas de certaines mosquées». Ensuite, l’apprentissage de la langue arabe serait également bénéfique à l’école publique puisque le nombre d’élèves qui apprennent l’arabe au collège et au lycée a été divisé par deux. Il a été multiplié par dix dans les mosquées, il faut savoir ce qu’on veut», fustige Hakim El Karoui. D’autant plus que son rapport pointe la progression de l’idéologie islamiste chez les musulmans de France». Les salafistes -branche rigoriste de l’islam- «gagnent du terrain à l’intérieur de la communauté», surtout chez «les jeunes de moins de 35 ans». «Il faut donner du prestige» à l’enseignement de l’arabe, a notamment réagi le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer ce lundi matin.
Enfin, à travers cette série de mesures, le groupe de réflexion souhaite donner à l’islam un cadre et des règles dans le pays. Le document parle notamment de l’accroissement de sites communautaires, d’hébergement ou de covoiturage «halal». Pour rappel, des «assises territoriales de l’islam de France» ont lieu jusqu’à mi-septembre dans chaque département, sous l’égide des préfets, pour faire émerger des propositions inédites, l’occasion pour cette enquête de faire écho aux attentes de l’Institut Montaigne.