Maroc

D’étudiant à travailleur migrant : Le chemin est parfois long

Le Maroc n’attire pas que des travailleurs. Le royaume est pour nombre de jeunes bacheliers une destination de rêve. En plus des réfugiés, demandeurs d’asile et migrants travailleurs, près de 18.000 étudiants poursuivent leurs études dans le pays. Une aventure qui relève souvent du parcours du combattant.

Issus essentiellement de 151 pays, les étudiants étrangers au Maroc sont estimés à 18.000 par l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI). Leur nombre n’a cessé de croître, avec une évolution annuelle moyenne de 9%. En 2004, ils étaient seulement 6.500 étudiants. Pourtant, l’intégration de cette catégorie de migrants n’est pas chose aisée. Si la plupart a droit à une bourse, 750 DH par mois de la part de l’AMCI, les étudiants étrangers, dont la majorité provient d’Afrique subsaharienne, rencontrent d’énormes difficultés durant leur cursus universitaire.
Le premier obstacle rencontré par ces jeunes aventuriers est celui que constitue la langue. Les étudiants francophones ne sont pas concernés puisque les cours ne sont pas exclusivement dispensés en arabe dans les universités marocaines. Le français est la langue véhiculaire dans les établissements publics d’enseignement supérieur marocains. Ce sont donc les anglophones, moins nombreux, qui souffrent. Une souffrance qui semble cependant s’atténuer depuis 2011, notamment avec la mise en place par l’AMCI d’un Centre international de langues.

Tout le monde n’est pas boursier
La structure a été créée pour répondre à une forte demande émanant régulièrement des pays partenaires du Maroc non francophones, désireux d’offrir à leurs étudiants admis dans les universités du royaume la possibilité d’une mise à niveau en langue française. Concrètement, il s’agit d’octroyer des outils de langage spécialisés aux étudiants concernés afin de leur permettre de poursuivre des études dans des conditions adéquates, notamment dans les filières juridiques, économiques, scientifiques, médicales et techniques. Mais un autre défi se pose. Les étudiants du privé ne bénéficient pas de ce cursus de mise à niveau, encadré par des enseignants qualifiés selon un programme pédagogique spécialisé. Ces étudiants du privé doivent se débrouiller seuls. De leur côté, si leurs camarades du public ont l’avantage d’être boursiers, pour compenser le retard de la bourse, ils sont obligés de faire appel à leurs familles. Car en réalité, seuls 32,9% des étudiants du public perçoivent une bourse de leur pays d’origine. Il faut également souligner que les hébergements ne sont pas automatiques pour les étudiants boursiers (selon la limite des places disponibles). Idem pour la restauration.

Un véritable parcours de combattant
Mais ce n’est pas tout. Une fois diplômés, les étudiants doivent faire à un défi de taille: intégrer le marché du travail, intégration qui n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Si la politique migratoire du royaume envers les étudiants semble active, rien ne garantit à ces derniers une insertion professionnelle rapide, une fois diplômés. Certes, il n’est pas rare de voir des étrangers fraîchement diplômés travailler dans des entreprises de presse ou des sociétés bancaires. Mais seuls 2% des migrants au Maroc bénéficient d’un travail régulier, a indiqué l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans un vieux rapport rendu public en 2011.


Koissi Paul Innocent
Bassiste ivoirien au Maroc depuis 5 ans

Nous avons dû surmonter de nombreux obstacles avant de s’intégrer dans la société marocaine. Sur le plan artistique, je ne m’en sors pas mal, même si je dois faire face à une rude concurrence de la part de nos frères musiciens marocains qui nous considèrent comme des rivaux».

Ibrahim Filifing Keîta
Jeune Guinéen diplômé de l’École nationale d’architecture de Rabat

Mon intégration ne s’est pas passée comme je l’aurais souhaité. Cela m’a vraiment pris du temps pour comprendre le fonctionnement de la société marocaine. Je n’avais pas vraiment d’amis marocains au début car il y avait une atmosphère propice à créer cette barrière. Mais avec le temps, j’ai appris des autres. Au final, je me suis fait pas mal d’amis qui m’ont fait découvrir le royaume».

Abdoul Rachid Sana
Jeune architecte burkinabé basé à Rabat

Comme pour toute personne quittant sa contrée natale pour la première fois, la vie à l’étranger sonnait comme une découverte. Une fois au Maroc, je me suis retrouvé face à un nouveau contexte socio-culturel dont le seul point commun avec le mien était la religion. Cela ma permis de me faire rapidement des amis très ouverts à l’école, ce qui m’a facilité la transition. Toujours était-il que cette intégration n’a pas été simple car je sentais cette peur de l’inconnu; même entre nous, étrangers, il y avait certains chocs culturels qui nécessité un certain temps avant de se comprendre mutuellement. Tout compte fait, le Maroc est aujourd’hui mon deuxième pays».

Mouhamed Lome
Doctorant en SIC à l’Université Mohammed V de Rabat, résident au Maroc depuis 10 ans

Si j’ai un conseil à donner pour bien s’intégrer dans ce pays, je dirai qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les Marocains fassent le premier pas pour nous intégrer. Après tout, c’est nous qui sommes venus dans leur pays. C’est à nous de faire l’effort de connaître le Maroc et les Marocains. C’est seulement de cette manière qu’on facilitera notre intégration et donnera aux autres le désir de venir nous découvrir».



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